Les films israéliens qui sortent en Europe ont ceci de particulier que même si l’insoluble conflit avec les Palestiniens plane systématiquement sur leur scénario, ils ne se ressemblent jamais : le film dramatique engagé a beau être l’option théorique la plus probable, on découvre souvent des créations plus atypiques, qu’il s’agisse d’une méditation animée (‘Valse avec Bachir’), de cinéma de genre (les films de Keshales et Papushado) où d’une comédie “sérieuse” comme celle-ci, qui prend pour point de départ une série palestinienne kitsch qui mélange politique et romance à l’eau de rose tout en étant suivie avec passion par les habitants des deux côtés du Mur. Stagiaire sur le plateau, Salam subit chaque jour des contrôles pesants lorsqu’il se rend de Jérusalem à Ramallah. Suite à un concours de circonstances fortuit, l’officier de Tsahal qui commande le poste-frontière confond Salam avec le scénariste de la série et, en échange de la relative liberté de déplacement qu’il lui octroit, s’improvise spin-doctor sur le script, tel un Cyrano en uniforme, d’abord pour corriger quelques erreurs syntaxiques en hébreu, ensuite pour poser ses exigences et user de chantage, afin de modifier un scénario qu’il perçoit comme un peu trop “palestinian-friendly” : Salam a beau être peu concerné politiquement, il ne peut mécontenter ouvertement ni le soldat, ni les producteurs de la série, et se retrouve bientôt à pratiquer un redoutable jeu d’équilibriste pour justifier ses manoeuvres et ses échecs auprès de l’un et des autres, tout en s’enferrant toujours plus dans ses mensonges, au risque de ne satisfaire personne. ‘Tel Aviv on fire’ n’est certainement pas une comédie où on rit aux éclats, même si certains passages sont savoureux, mais l’absurdité de cette proposition reste sans doute une des meilleurs manières d’illustrer un conflit larvé dont aujourd’hui, plus personne n’a vécu les origines ni ne détient la solution.