Comédie horrifique, écrite, réalisée et montée par Shin'ichirō Ueda, Ne Coupez Pas ! est un projet à tout petit budget tourné en huit jours par des étudiants de l'école d'art dramatique Enbu Seminar de Tokyo, mais s'avère être un long-métrage n'ayant rien à envier aux grosses productions tant le résultat est qualitatif et déroutant. L'histoire nous fait suivre une équipe réalisant un film de zombies, qui vont se voir rattrapés par la réalité quand de vrais morts vivants vont faire leur apparition. Derrière ce scénario, d'un peu plus d'une heure et demie, se cache en réalité un film beaucoup plus tordu et malin qu'il n'en a l'air, mais en dire d'avantage gâcherait l'effet de surprise. En effet, cette intrigue se déroule en trois parties, avec une première demi-heure semblant limitée et peu emballante. Mais petit à petit le concept se dévoile lors de la deuxième partie avant de prendre tout son sens dans le troisième acte tout simplement jouissif, donnant un intérêt nouveau à l'intrigue et exploitant tout son potentiel. Il est donc absolument nécessaire d'être patient et d'aller au bout de ce récit fractionné. On passe dès lors soudainement d'une histoire ordinaire et peu emballante à un véritable coup de génie. Cette supercherie est emmenée par des personnages appréciables, interprétés par une distribution de qualité entre Takayuki Hamatsu, Mao, Harumi Shuhama, Yuzuki Akiyama, Kazuaki Nagaya, Manabu Hosoi, Hiroshi Ichihara, Shuntarō Yamazaki, Shin'ichirō Ōsawa et Yoshiko Takehara. Tous ces noms, peu connus, méritent d'être cités tant chacun de leur rôle trouvent leur place et ont une importance capitale. De plus, l'alchimie entre les membres de cette équipe fonctionne à merveille et nous offre des situations franchement marrantes lorsque l'on a compris le principe et qu'on voit les scènes sous un œil nouveau. Leurs échanges désordonnés sont soutenus par des dialogues plaisants et amusants. La forme est à l'image du fond, car si la réalisation de Shin'ichirō Ueda n'est pas très esthétique, sa mise en scène colle parfaitement avec le genre cinématographique. De surcroît, malgré un décors limité, celui-ci est bien exploité et le cinéaste ne se prive pas pour en jouer grandement. La b.o. quant à elle, n'est pas très marquante mais ses compositions jouent bien leur partition dans cette mascarade volontaire qui s'achève sur une fin franchement réussie. En conclusion, Ne Coupez Pas ! est un film méritant d'être découvert et même redécouvert, car c'est au second visionnage qu'on se rendra compte de toutes les subtilités de cette œuvre atypique.