M3GAN : les secrets du tournage

Ce sont les producteurs du film, Michael Clear, Judson Scott et James Wan, qui ont eu l’idée d'un nouveau film de poupée tueuse dans les bureaux de leur maison de production Atomic Monster. Leur ambition était de créer un croisement entre Annabelle et Terminator, en privilégiant la peur des progrès inconsidérés de la science à celle du surnaturel.

James Wan a fait appel à la scénariste Akela Cooper, avec laquelle il avait déjà collaboré sur Malignant, et qu'il retrouvera sur La Nonne 2 en 2023 : "Quand j’ai produit Annabelle, j’ai compris que les filles l’adoraient, or c’est un public qui est très difficile à atteindre dans le genre de films que nous faisons, mais qui nous importe énormément. Nous avons donc voulu privilégier une énergie et une perspective féminine pour faire ce film. Sans compter le fait qu’Akela est si incroyablement structurée, fine et intelligente dans son travail qu’elle a tout de suite compris ce que j’essayais de faire. Elle n’a absolument pas peur de pousser les choses à un degré qui pourrait sembler ridicule ou exagéré à certains. Elle comprend parfaitement le fait qu’il faut repousser les barrières de ce qui se fait en ce moment si on veut marquer les esprits".

En tant qu'Afro-Américaine, elle est souvent sollicitée pour des films qui s'adressent à sa communauté. Cela n'a pas été le cas avec Atomic Monster, la société de production de James Wan, et elle s'en réjouit : "En fait nous sommes tous de grands fans de films d’horreur, et quand ils m’ont présenté leur histoire, j’ai tout de suite été emballée, puis ils ont aimé ma proposition et de fil en aiguille, nous avons développé une collaboration fructueuse." Elle se souvient que lors d'un festival de films où elle était membre du jury, plusieurs femmes afro-américaines sont allées à sa rencontre : "elles ne savaient pas que les femmes afro-américaines pouvaient écrire des films d’horreur. Je leur ai répondu que je pouvais écrire n’importe quelle histoire."

Le film interroge notre dépendance exponentielle aux machines et le danger potentiel de se faire dépasser par des technologies de plus en plus performantes. James Wan affirme : "Les progrès de la science et de l’intelligence artificielle sont des aspects fascinants avec lesquels il est intéressant de jouer, car ils sont symptomatiques de la société dans laquelle nous vivons. Nous sommes tellement dépendants de ces technologies et ce à tellement de niveaux que l’idée même de les voir se retourner contre nous est foncièrement anxiogène".

M3GAN réunit Blumhouse, la société de production de Jason Blum, et Atomic Monster, celle de James Wan, deux figures phares du cinéma d'horreur contemporain. Les deux hommes avaient déjà collaboré sur la saga Insidious. Ils ont fait appel au réalisateur néo-zélandais Gerard Johnstone, remarqué avec la comédie horrifique Housebound en 2014. Ce mélange d'horreur et d'humour avait séduit Jason Blum : "Pour M3GAN, si l’idée d’un robot jouet qui se met à tuer tous ceux qui croisent son chemin est terrifiante, elle n’est pas totalement dénuée d’humour noir. Il fallait un réalisateur qui puisse comprendre la finesse de cet humour pour que le film prenne toute son ampleur. Gerard l’a immédiatement compris et c’est le genre d’humour qu’il maîtrise à la perfection".

Gerard Johnstone s’est inspiré de films noirs mettant en scène des femmes fatales et des antihéros tels que Gone Girl ou La Main sur le berceau, mais a aussi puisé dans La Malédiction, "car pour moi il y a un petit côté Antéchrist dans M3GAN", ainsi que Pinocchio, "ce qui fait de Gemma une sorte de Geppetto moderne au féminin".

Face à la poupée terrifiante, on retrouve la jeune Violet McGraw, révélée par The Haunting of Hill House, et vue dans Black Widow (où elle joue Florence Pugh enfant) et Doctor Sleep. Malgré son jeune âge, la comédienne était très à l'aise sur le plateau, comme en témoigne sa camarade de jeu Allison Williams : "Comment décrire mademoiselle Violet McGraw... en fait je n’étais pas du tout préparée à son sens de l’humour ! Son sens de la repartie m’a séchée sur place ! Elle est capable de vous mettre en boîte comme personne avec un naturel confondant ! Il m’a fallu un petit temps d’adaptation pour m’habituer au fait que ses blagues sortaient de la bouche d’une enfant si jeune !"

Pour créer le Modèle 3 Génératif Androïde – M3GAN en abrégé – il a fallu mobiliser plusieurs équipes de différentes branches de la production, à savoir : un acteur, des effets spéciaux, des Animatronics et des poupées.

Sous la houlette de James Wan, l'équipe était composée de :

-Adrien Morot, directeur de la modélisation des poupées

-Kathy Tse à la direction des poupées

-Devin Seaman et son équipe à la direction des Animatronics

-Melissa Brockman, productrice déléguée aux effets spéciaux et son équipe

-Talei Searell, directrice des effets spéciaux pour WETA Workshop

-Rita Maxim, responsable des effets spéciaux et son équipe

-Isaac Hamon, directeur de la coordination des cascades et son équipe

-Stefan Knight, directeur de la création des maquillages et cheveux et son équipe

-Luke Hawker et Jed Brophy, coachs en mouvement

-Kylie Norris, professeur de danse

-Amie Donald, jeune danseuse et interprète de M3GAN

Gerard Johnstone tenait à ce que M3GAN soit visuellement déstabilisante. Il voulait qu’on se demande sans cesse si elle était jouée par une vraie personne. Il a eu l’idée d’engager une actrice pour incarner la poupée dans les plans un peu plus longs ou plus larges. Mais il a été très difficile de trouver une enfant capable de bouger comme un robot, danser, se battre, le tout en apprenant 4 à 5 pages de dialogues par jour. Miranda Rivers, la directrice de casting, a déniché la perle rare en la personne d'Amie Donald, dont il s'agissait de la première expérience au cinéma.

Il fallait à tout prix que l’Animatronic et la comédienne soient raccords. Une équipe de 7 personnes était chargée des expressions du visage et des dialogues de l’Animatronic. Dans les plans plus larges, Amie portait une prothèse faciale qui était ensuite animée en numérique. Mais pour la plupart des gros plans ils ont voulu privilégier l’Animatronic fabriquée par la compagnie Morot.