Eric Bellion avait d'abord envisagé de faire de son sa première expérience au Vendée Globe en 2016 un documentaire pour la télé. "J’avais du mal à me projeter en me disant que ça pouvait faire un film de cinéma, car pour moi c’était juste inaccessible J’avais depuis le début envie de raconter de l’intérieur toutes les difficultés, toute cette part d’inconnu, les moments de peur… car je savais que c’était le contraste entre ces moments de doute et ces moments de bonheur qui pouvait donner un récit intéressant et sincère."
Considéré comme l'Everest de la voile, le Vendée Globe était un rêve inaccessible pour Eric Bellion. "Je ne pouvais pas m’imaginer un jour y participer. Le Vendée Globe, je l’ai fait un peu par défaut pour médiatiser ma cause. Mais vivre et travailler avec des gens différents, c’est pour moi la même démarche que d’aller faire quelque chose de nouveau en sortant de sa zone de confort. Ce sont les mêmes clés. Je voulais surtout raconter que d’aller dans l’inconnu ça fait mal, c’est difficile, mais qu’on peut réussir et se découvrir. On cumule les emmerdes. Je ne voulais surtout pas gommer ça. D’ailleurs j’ai très vite été dépassé par le scénario de la course…"
Pour filmer son périple et se confier face à la caméra, Eric Bellion a emporté à bord deux GoPro Ero4, deux caméras subjectives Panasonic et un système de caméras embarquées installé par l’écurie de course Mer Agitée de Michel Desjoyeaux (double vainqueur du Vendée Globe) et qui a notamment participé à la préparation du bateau du navigateur. "Au total j’avais six caméras. Je n’avais pas de perche. Je tenais la caméra à bout de bras, et ce qui est étonnant c’est qu’à un moment on oublie la caméra. J’ajoute qu’il y avait une partie communication obligée avec les images et messages que j’envoyais à terre régulièrement, et puis il y avait la réalité vécue. On ne peut pas tout montrer dans l’immédiateté même si ma communication par rapport à d’autres concurrents était déjà très sincère. Mais pour moi, il y a un énorme gap entre la sincérité de la communication et celle que j’ai filmé pour moi avec un rendu dans lequel il fallait attendre la fin de l’aventure pour la révéler. En fait, ce sont deux manières différentes de filmer."
Le bateau d'Eric Bellion avait servi auparavant pour le film En solitaire avec François Cluzet dans le rôle du skipper. "Ça m’a toujours amusé d’avoir acheté un décor de cinéma qui avait vécu le tour du monde mais virtuellement. Je voulais que les gens puissent le reconnaître. Et moi j’étais à son service pour que le bateau boucle son tour du monde pour de vrai."
Eric Bellion a tourné cinquante heures de rushes et n’ai rien censuré. "À mon arrivée, j’ai tout donné, même mon livre de bord, à Jean Cottin, le producteur du film. C’est à lui que j’avais acheté le bateau, et ça a été une belle rencontre. J’ai confié tous mes rushes avec appréhension mais je savais en même temps que Jean était quelqu’un de droit. Il y avait notamment des moments et des réflexions très intimes. Mais clairement c’est plus facile de parler de ses doutes, de ses démons, de montrer ses faiblesses et ses fragilités quand le dénouement est joyeux."