355 est un film d'espionnage au féminin qui a le mérite d'éviter les clichés (les "belles plantes toxiques" comme on le voit partout) mais qui se vautre radicalement dans l'intérêt qu'il porte à son spectateur : c'est un film fainéant. Peu d'action, beaucoup de blabla (ce qui fait dépasser les deux heures de film, bien ressenties), des actrices cinq étoiles qui semblent y croire (et elles sont les seules), une intrigue d'arme électronique à récupérer avant le mystérieux méchant...qu'on grille à la dixième minute. Rien ne fait illusion dans le personnage
d'Edgar Ramirez (sa présence totalement dispensable au début qui nous met sur la piste, et sa belle gueule qu'on devine vite choisie pour qu'on la retrouve à la fin).
Mais le principal tort de 355 reste qu'on n'arrive jamais à s'intéresser pour ce film mollasson et cousu de fil blanc, les situations s'enchaînent gentiment pour nous préparer à un final très décevant (qui nous a achevé). Cette dernière ligne droite est fascinante à regarder, car elle résume à elle seule tous les travers de 355. On commence par des préparatifs du plan qui sont des bavardages de 20 minutes (on n'en peut plus), pour cinq minutes d'action (quelques coups de pieds, de bâton, et une explosion peu impressionnante), puis une scène d'ascenseur dont on ne s'explique pas la présence (elle coupe le rythme de la scène d'action qui venait de démarrer - enfin ! -, alors on pense qu'une petite touche d'humour se prépare, par exemple
le couple guindé qui serait choqué de voir le pistolet dans le dos de Penelope Cruz - comme elle le dégaine alors que les portes ne sont pas encore fermées... Ou une petite réplique badass de cette dernière au couple ?
Non : rien. Alors pourquoi on a cette scène inutile ? Mystère), puis un traveling circulaire ridicule autour des héroïnes (attention, on fait de la mise en scène, ici), un méchant qui ne crève jamais... Sauf dans une scène de
mort
complètement ratée (il est censé être un super espion, mais il est visiblement le seul à ne pas savoir qu'on boit toujours exactement la même chose que son invité dangereux, surtout s'il est arrivé avant soi-même dans la maison... Virez le scénariste, par pitié). 355 est brouillon, bavard, mal écrit, et cela nous peine constamment pour les actrices qui sont investies. Si un "356" sort, comme ce film 355 a la prétention de le laisser entendre, prenez-vous des dés, pour vous occuper au 421.