Gianni Zanasi, réalisateur de Troppa Grazia, étudie la philosophie avant de s’inscrire dans une école d’écriture théâtrale et dans un cours de cinéma dirigé par Nanni Moretti. Il intègre ensuite le Centro Sperimentale di Cinematografia de Rome et obtient son diplôme en 1992. Il fait ses débuts en tant que réalisateur en 1995 avec le film Dans la mêlée (Nella mischia), sélectionné pour la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes. En 1999, il réalise Beside Myself (Fuori di me) et Until Tomorrow (A domani), présentés au Festival International de Venise. En 2004, il réalise le documentaire Life is Short But the Day is Very Long (La Vita è breve ma la giornata è lunghissima), avec Lucio Pellegrini, pour lequel il reçoit la mention spéciale du jury du Festival du Film de Venise. En 2007, il présente Ciao Stefano, hors compétition, une comédie amère avec Valerio Mastandrea. Le film est bien reçu par la critique, notamment par Paolo Mereghetti : « Les clichés des drames italiens ont été mis de côté, effacés ou contournés (...) avec une légèreté et une ironie victorieuses ». Après avoir travaillé sur une série télévisuelle adaptée de Ciao Stefano, Gianni Zanasi fait son retour au cinéma en réalisant le film Happiness is a Complex Matter (La felicità è un sistema complesso). Giuseppe Battiston et Valerio Mastandrea apparaissent à nouveau dans ce film, dont la bande originale est composée par Niccolò Contessa, sous le pseudonyme I Cani.
L’actrice italienne Alba Rohrwacher s’impose comme l’une des plus grandes actrices européennes avec des films tels que Caos Calmo (2008) d’Antonello Grimaldi, Amore (2009) de Luca Guadagnino, La Solitude des Nombres Premiers (2010) de Saverio Costanzo, Les Merveilles (2014) d’Alice Rohrwacher (Grand Prix du jury du Festival de Cannes) et Vierge sous Serment (2015) de Laura Bispuri. Au cours de sa carrière, elle travaille avec des réalisateurs comme Peter Greenaway, Matteo Garrone et Marco Bellocchio. Alba Rohrwacher obtient de nombreuses récompenses, dont deux prix David di Donatello pour Days and Clouds (Giorni e Nuvole) de Silvio Soldini en 2008 et pour Giovanna’s Father (Il Papà di Giovanna) de Pupi Avati l’année suivante. En 2014, elle reçoit également la Coupe Volpi de la Meilleure Interprétation Féminine à Venise pour son rôle dans Hungry Hearts de Saverio Costanzo. Elle apparaît dans La Mécanique de l’Ombre aux côtés de François Cluzet et de Denis Podalydès en 2016, puis dans Les Fantômes d’Ismaël d’Arnaud Desplechin en 2017. En 2018, on peut la voir dans Ma Fille de Laura Bispuri, Troppa Grazia de Gianni Zanasi et Heureux comme Lazzaro d’Alice Rohrwacher.
Lucia, le personnage principal de Troppa Grazia, est apparue au réalisateur Gianni Zanasi de façon inattendue. "Je l'ai vue marcher sans but, seule, dans un grand centre commercial. J’ai immédiatement imaginé un personnage "sauvage", un esprit indépendant. J’ai pensé qu’elle vivait peut-être dans une ville de province, qu’elle avait peut-être passé son enfance dans les champs. En la suivant, j’ai senti que quelque chose lui pesait. Elle avait l’impression que la vie n’était qu’une longue corvée. Un poids que je ressentais également, si fort que l'impensable s’est produit soudainement : Lucia s’est retournée et une jeune fille portant le voile l’a fixée et lui a dit, avec le sérieux d'un autre âge : « Va et parle aux hommes... ». Lucia l’a regardée, effrayée, et a répondu (et moi avec elle) : « Pourquoi tu n’y vas pas…? ». Et j'ai éclaté de rire. Je n’arrivais pas à y croire. Honnêtement, c'est comme ça que tout a commencé. Dans un éclat de rire."
Troppa Grazia n'est clairement pas un film avec un point de vue religieux, selon le cinéaste Gianni Zanasi. "Ce n'est pas un film sur la foi. Il s'agit plutôt de notre capacité à continuer à croire, même si nous ne sommes plus des enfants. De notre capacité à ressentir, à imaginer. La Madone du film n'est pas celle de la Bible, c’est simplement la Madone de Lucia. Une incarnation schizophrénique de la capacité à croire, typique de l'enfance, que Lucia a mise de côté depuis si longtemps. Alors qu’elle est bouleversée, Lucia retrouve cette capacité, qui lui permet de préserver ce qu’il y a de vivant en elle. Personne d'autre ne pouvait lui apparaître. Je pense que ce que nous trouvons si fascinant dans la Sainte Vierge - hormis l'iconographie qui nous est inculquée depuis notre enfance - c'est son intransigeance. Un regard qui a la limpidité d'une autre époque, qui dit à notre société moderne prise en otage entre de nombreux compromis : « Tu n’es pas tout ». Une "Madone" qui interpelle les hommes et répète un implacable message éthique et existentiel que personne ne veut entendre, celui que Lucia finit par se dire à elle-même : « Lucia, tu dois dire la vérité, la vie est courte »."