Pour rendre rauque la voix de James Stewart et traduire sa fatigue, on lui faisait avaler une solution au mercure qui irritait ses cordes vocales.
Pour donner aux plans longs (la scène est filmée dans sa continuité avec plusieurs caméras) la même vigueur et le même tempo qu'aux gros plans, Frank Capra introduisit à Hollywood une innovation qui le rendit très fier tout au long de sa vie. En effet, pendant les répétitions de Mr. Smith au Sénat, il passait en play-back le son des plans généraux de manière à remettre les acteurs qui allaient tourner leurs gros plans dans l'ambiance et la spontanéité de leur jeu au sein des plans longs.
M. Smith au sénat fut nommé 10 fois aux Oscars dans des catégories aussi diverses que "meilleur film", "meilleur réalisateur", "meilleur acteur", "meilleure musique", "meilleur son", "meilleur décor" etc. Il remporta toutefois qu'une seule statuette : celle de la meilleure histoire pour Lewis R. Foster. Le film de Frank Capra fut, ainsi, eclipsé par d'Autant en emporte le vent qui rafla 8 Oscars.
La première projection de Mr. Smith au sénat eu lieu le 17 octobre 1939 en présence de 4 000 personnalités politiques du pays. Beaucoup d'entre elles désapprouveront ce film qu'elles jugent comme une mise en cause de la respectabilité sénatoriale et de l'indépendance de la presse.
C'est ainsi qu'une rumeur commença à circuler : à la demande des autres studios hollywoodiens redoutant des mesures de rétorsion de la part du milieu politique, Louis B. Mayer (président de Metro Goldwyn Mayer) aurait rencontré Harry Cohn (président de Columbia) pour l'inciter - en l'échange de 2 millions de dollars soit le coût du film - à empêcher la sortie de cette oeuvre qualifiée de subversive.
Le film sera toutefois exploité normalement, récoltant 4 millions de recettes au box-office.
Quant à Joseph P. Kennedy, alors ambassadeur à Londres et père du futur président assassiné, demandera - en vain - que le film ne soit pas distribué à l'étranger afin de ne pas donner une mauvaise image de l'Amérique.