Il est rare qu’un film me donne des frissons pas une mais deux fois. Mon frère, itinéraire d’une jeunesse qu’on a tendance à oublier ou à cataloguer. Itinéraire aussi d’une fraternité: filiale, avec le petit frère de sang que Teddy protège à n’importe quel prix, forcée, avec les jeunes qui s’appellent « frère » et choisie, avec l’amitié surprise entre Enzo et Teddy, ce dernier entrant dans la même logique de protection qu’il a avec son petit frère. Avec ce film, tellement juste, tant au niveau du casting que de la façon dont le thème est abordé sans jamais tomber dans le mélodrame, on se rend compte que derrière la violence de ces jeunes (la scène de la tentative de viol, sans rien montrer m’a traumatisée), il y a parfois, souvent, un lourd bagage personnel, une violence qu’ils ont eux même subi qui n’excuse pas mais qui explique. On prend du recul sur ses propres a priori conscients ou inconscients que l’on a à propos de ces jeunes, qu’on qualifie volontiers de cons sans jamais se demander pourquoi et comment ils en sont arrivés là. On se rend également compte de l’importance capitale des éducateurs qui ont la lourde tâche de « réhabiliter » cette jeunesse. On imagine que le taux de réussite n’est pas de 100% mais on espère qu’il s’en approche.
Il faut enfin saluer la performance des acteurs, notamment MHD, très convaincant dans son premier rôle au cinéma mais aussi Daren Musselet, dont le rôle semble taillé sur mesure. Un grand bravo à l’ensemble de l’équipe du film, que, sans grande surprise, je recommande.