Il faut se résigner, le premier "Happy Birthdead" est devenu aussi inexplicablement que tristement un succès et même une référence auprès d'un public adolescent n'ayant jamais connu un film traitant d'une boucle temporelle (courez découvrir "Un Jour Sans Fin" si ce n'est pas fait, punaise !!). Pourtant, cette énième production Blumhouse mélangeant opportunément deux concepts usés (le slasher et le voyage dans le temps) faute d'une idée vraiment originale échouait à démontrer la pertinence de son identité hybride. Par son manque cruel de folie d'abord, le film se contentait de recycler les ressorts les plus connus d'une journée répétée à l'infini sans parvenir à y injecter une dose de sang neuf -ou au moins d'humour noir jubilatoire- qui lui aurait donné une raison d'être, mais, même en matière de suspense autour de l'identité de son tueur affublé d'un masque de nouveau-né ridicule, "Happy Birthdead" peinait à passionner (la révélation finale était horriblement prévisible et le côté horreur PG-13 jusqu'au-boutiste limitait de fait toutes extravagances sanglantes en ce domaine). Hormis l'énergie rafraîchissante d'une actrice principale, Jessica Rothe, qui réussissait la prouesse de rendre le tout un minimum regardable , le résultat final était d'une paresse absolue, s'engouffrant même en cours de route vers une voie moralisatrice à cause de l'incontournable rédemption de son héroïne superficielle.
Comme, chez Blumhouse, personne n'est idiot au point de rôtir tout de suite une poule aux oeufs d'or, "Happy Birthdead" se voit donc, aujourd'hui, affublé d'une suite aux finalités forcément beaucoup plus mercantiles qu'artistiques. Cela dit, on était en droit de penser que le réalisateur/scénariste Christopher B. Landon allait enfin enlever son pied de la pédale de frein dans l'optique d'offrir une proposition bien plus délirante que la première. Et c'est heureusement un peu -mais un tout petit peu- le cas...
"Happy Birthdead 2 You" a donc mieux en réserve qu'un simple jeu de mots en guise de titre et représente, pour une fois, un deuxième épisode rebondissant plutôt astucieusement sur le postulat archi-connu de son prédécesseur pour en offrir une variation à la fois tout aussi sensiblement identique que différente. Afin de replonger son héroïne dans sa boucle cauchemardesque, le film emploie dans sa première partie plusieurs détours inattendus aux allures de fausses pistes pour mieux nous tromper sur la direction qu'il va suivre en élargissant progressivement sa mythologie SF et en jouant sur notre connaissance des personnages du premier film grâce à une dimension -dans tous les sens du terme- et des perspectives inédites. Ainsi, accompagnée de sa petite bande, l'héroïne se retrouve à poursuivre un objectif basé sur un nouveau dilemme existentiel un poil plus profond qu'auparavant mais toujours dans ce fameux contexte d'éternel recommencement où l'on ne peut finalement plus se fier au schéma établi par son modèle. Pour accompagner le tout, Christopher B. Landon pousse le curseur de l'humour un peu plus loin, de manière plutôt efficace lorsqu'il laisse le champ libre à une Jessica Rothe toujours aussi en forme (sa crise de nerfs et sa succession de morts comptent parmi les meilleurs passages du film) mais aussi hélas très lourdingue quand les seconds rôles se retrouvent sur le devant de la scène. Cela va d'ailleurs être sur ce point que cette suite va trouver sa principale et fatale limite en réduisant son côté slasher -et donc forcément un peu plus sérieux- à une simple sous-intrigue d'un film qui va clairement épouser la forme d'une comédie SF adolescente avant tout.
Même s'il surpasse vaguement son prédécesseur, "Happy Birthdead 2 You" se révèle assez vite handicapé par sa légèreté de ton encore plus assumée et des enjeux SF certes nouveaux mais très ordinaires pour n'importe qui habitué un tant soit peu à ce genre d'intrigue. Le film fera sans doute illusion auprès d'un jeune public mais, pour les autres, il sera très dur de s'impliquer dans ce divertissement finalement aussi insignifiant que le premier épisode. On retiendra néanmoins ses bonnes intentions de départ justifiant à elles seules notre indulgence sur l'existence de cette suite et le capital sympathie toujours contagieux de son actrice principale. Pour le reste, autant s'arrêter là, la scène post-générique posant une nouvelle donne en vue d'un éventuel troisième film est encore plus anecdotique que tout le reste...