Encore dévasté par la disparition non résolue de sa fille, l'inspecteur Rourke se rend sur le possible lieu d'un braquage de banque grâce à une information anonyme. Là-bas, un mystérieux homme semble être en mesure de contrôler l'esprit de n'importe quelle personne croisant sa route pour obtenir le contenu d'un coffre en particulier. Alors qu'il tente de l'en empêcher par tous les moyens, le policier découvre un indice crucial en lien avec son enfant...
On se doute que James Cameron avait le dernier mot à bien des égards sur l'adaptation récente du manga "Gunnm" mais cela avait tout de même fait plaisir de retrouver un Robert Rodriguez en forme à la réalisation de "Alita: Battle Angel", ravivant la sympathie que l'on pouvait avoir pour le metteur en scène capable du meilleur comme du pire au sein de sa filmographie hétéroclite. Malheureusement, cette note d'optimisme à son égard s'est révélée de courte durée, Rodriguez retombant ensuite rapidement dans ses travers avec un nouveau film pour enfants oubliable ("C'est nous les héros" sur Netflix) et son incursion TV calamiteuse dans l'univers "Star Wars" ("Le Livre de Bobba Fett" que tout le monde a voulu refermer très vite). Bref, même si un sourire sincère accompagne encore souvent l'évocation de ses œuvres les plus notables (l'envie de retourner à Sin City ou de boire un verre au Titty Twister sera toujours bel et bien présente !), c'est avec une certaine perplexité et crainte que l'on aborde aujourd'hui cet "Hypnotic", une proposition pourtant originale et différente de tout ce que à quoi nous avait habitué le réalisateur jusqu'ici.
Car, oui, croyez-le ou non, Robert Rodriguez a décidé d'aller assez clairement lorgner du côté de Christopher Nolan avec ce nouveau film partant d'un high concept séduisant via une étonnante séquence de casse menée par un pusher inarrêtable (incarné par un William Fichtner encore plus blême que la Mort elle-même) pour s'amuser à tisser un univers où le réel va peu à peu devenir une donnée plus qu'aléatoire.
Même si elle aurait gagné à être encore plus folle et ambitieuse sur le côté tout puissant de cet antagoniste, il faut bien avouer que cette ouverture nous embarque assez vite dans son délire "hypnotique" pour intriguer sur la nature de ces agissements et le lien visiblement personnel qui relie l'ensemble à son héros.
Toutefois, là où un Nolan aurait inscrit cette idée dans un contexte réaliste au possible afin d'en renforcer l'ampleur extraordinaire, Rodriguez, lui, fait hélas très vite retomber le soufflé en enfermant ses protagonistes dans une ambiance de film noir cheap (à la limite d'un mauvais polar fantastique des 90's), dans un monde d'intérieurs éclairés de néons verts et rouges alarmistes où chaque situation réussit le tour de force d'être moins crédible que la précédente, où tout paraît faciliter la progression des héros jusqu'à l'absurde par un enchevêtrement de rencontres plus ou moins utiles, de confrontations justes bonnes à étaler les capacités hors-normes de certains intervenants (avec toujours ce même manque de folie dans leur exécution) et provoquer des révélations en chaîne, certes délivrées sur un rythme soutenu grâce à la courte durée du film (1h30, presque une aberration pour un long-métrage de ce type !) mais qui ont un mal fou à se montrer aussi originales que voulues (on pense sans cesse à d'autres titres bien plus glorieux en la matière).
Bien sûr, au vu d'un des plus gros -et meilleurs- rebondissements de cette histoire abracadabrante qui intervient peu après une heure de long-métrage, ce parti pris peut trouver une forme de justification avec le parcours traversé jusque-là par Rourke (joué par un Ben Affleck et sa mâchoire serrée à s'en faire saigner les gencives), le tout peut-être accompagné d'une maladroite critique sur les mirages hollywoodiens du genre, mais le sentiment d'avoir un peu perdu son temps autour d'un déroulement nous laissant entrevoir, à l'instar de ce policier, trop de failles grossières pour nous convaincre de sa vraisemblance ou nous immerger avec efficacité dans son univers nuit à l'intérêt éprouvé vis-à-vis de cet "Hypnotic" sur la durée.
Dommage car, si le film ressemble in fine à une variante d'un "Firestarter" 2022 (en plus fun), composée des mêmes éléments génériques et inutilement alambiquée en vue d'en faire un barnum à twists improbables (vu l'étendue de leur don, les personnages se seront vraiment compliqués la vie in fine), sa dernière demi-heure plutôt correcte tend à prouver qu'il y avait un vrai potentiel derrière ce long-métrage trop bancal pour convaincre mais, malgré tout, empreint d'une forme de générosité anachronique nous empêchant de le rejeter en bloc.