À travers ses films, Roy Andersson veut dépeindre la vulnérabilité des êtres humains : « je pense que c'est un acte plein d'espoir que de créer quelque chose qui montre la vulnérabilité. Parce que si vous êtes conscient de la vulnérabilité de l'existence, vous pouvez devenir respectueux et attentif à ce que vous avez. Je voulais souligner la beauté de l'existence, du fait d'être vivant. Mais bien sûr, pour y parvenir, il faut créer un contraste. Vous devez montrer le mauvais côté, l’aspect cruel de l'existence. »
Roy Andersson s’intéresse beaucoup aux artistes de la Nouvelle Objectivité (Neue Sachlichkeit, mouvement artistique allemand des années 20) dont il admire les peintures nettes, détaillés et claires. « On ne trouve pas cette netteté dans les films de cinéma, car l'arrière-plan reste souvent flou. C'est pourquoi je trouve ces peintures très inspirantes pour mes scènes : tout est net, même les moments grotesques de la vie. Je suis souvent jaloux de la peinture parce que je voudrais vraiment que les films soient aussi riches que la peinture peut l'être. » Pour ce film, le tableau Portrait de la journaliste Sylvia von Harden d'Otto Dix l’a particulièrement nourri.
Inspiré par le personnage de Shéhérazade dans Les Mille et Une Nuits, Roy Andersson a décidé pour la première fois d’intégrer une voix off à un film. « J'ai été influencé par la voix dans Hiroshima mon amour. Dans certaines scènes, le personnage principal décrit ce que le public voit à l'écran en même temps. Et j'ai vraiment aimé ça. »
Roy Andersson a pour habitude d’intégrer des scènes historiques dans ses films. Pour l’éternité n’échappe pas à cette règle. Le réalisateur se dit particulièrement fasciné par les deux guerres mondiales. Il s’est attaché cette fois à représenter les perdants : « Les gagnants ne sont pas intéressants. Parce que nous sommes tous des perdants dans un certain sens. Il est important d’admettre qu'à la fin, personne n'est gagnant. Je ne suis pas pessimiste, mais le fait est qu'il n'y a pas d'espoir. La vie est une tragédie. Je ne suis pas la première personne à le dire. »
La séquence du couple volant qui illustre l’affiche du film a été la plus complexe à réaliser. La fabrication de la ville de Cologne à une échelle réduite a nécessité un mois de travail. « L'échelle est peut-être de 1/200. La cathédrale, par exemple, fait un demi-mètre de haut » révèle le réalisateur. Cette scène est l’occasion pour le réalisateur de montrer que la vie continue malgré le bombardement et la destruction d’une ville.