Avec « Les Bonnes Intentions », au titre si évocateur, on pourrait déjà dire que ce film en est déjà bien porteur...
Et si le scénario part d’une bonne idée, avec l’analyse du pourquoi de cet investissement humanitaire, cette réalisation à la liberté de ton assumée, semble un peu à double tranchant...
D’un côté, l’aspect satirique et caustique qui semble émerger en se moquant un peu beaucoup de cette bourgeoise au cœur gros comme ça, fait de l’effet avec de bons moments révélateurs et plutôt justes...
Tandis que d’autres virent vraiment à la caricature forcée qui mettrait presque mal à l’aise, rien que dans le portrait très schématique de toutes ces âmes qu’Isabelle tient jalousement sous son aile, alors que pris un par un, tous ces acteurs arrivent à être souvent touchants à l’écran.
Alban Ivanov a un numéro assez drôle en moniteur d’auto-école un peu farfelu !
Bien sûr on a le sentiment de rester plus dans le registre de la comédie, mais Gilles Legrand n’y va cependant pas de main morte, en oubliant un traitement un poil plus subtil de cet engagement presque addictif.
Ce qui n’empêche pas et heureusement de faire apparaître quelques vérités sur cette nécessité absolue de vouloir se rendre utile, de vouloir être aimée et appréciée des autres, de vouloir être même indispensable quitte à ne plus voir ses proches qui vivent sous son propre toit !
Toute la problématique de l’ego, de la reconnaissance est bien vu, et à ce niveau ça fonctionne plutôt bien avec de bonnes répliques, ce qui n’empêche pourtant pas au film d’être un peu lourd et indigeste quelquefois !
Le contexte familial, restreint et même élargi, a donc ici toute sa raison d’être par ce qu’il induit dans la personnalité et le comportement d’Isabelle.
Et à ce niveau, Agnès Jaoui joue sa partition comme elle sait le faire, et se montre convaincante jusqu’à trop en montrer ou en dire parfois...
Comme si ce qui caractérise son jeu (très ressemblant à celui de Jean-Pierre Bacri ici) avait atteint ses limites ou son champ d’action.
On oscille donc entre une satire amère et grinçante, et une comédie dans l’air du temps, plus gentille et bon enfant, sans jamais savoir sur quel pied retomber !
La fin correspond dailleurs à l’image du film, mais réserve quant à elle son lot d’émotion, qui fait son petit effet sans prévenir !
Malgré tout, en dépit de ces défauts, « Les Bonnes Intentions » réservera de bons passages à savourer, sans pour autant relever de la vraie et ultime réussite qui laissait juste espérer un aspect plus incisif et percutant !