Miracle est un projet qui a vu le jour en 2008. Il s'agit du premier scénario de fiction que Egle Vertelyte a décidé d’écrire. A cette époque, elle ne connaissait pas grand chose sur l’écriture d'un scénario. Il s'agissait plus précisément d'une histoire, Back Home, qui mettait en scène un Américain et cinq femmes qu’il décevait. La réalisatrice se souvient :
"J’ai participé à l’atelier du MFI (Mediterranean Film Institute d’Athènes) avec ce projet. Par la suite, Jan Fleisher, que j’avais rencontré là-bas est devenu mon superviseur d’écriture pour mon MA (Master of Arts). L’histoire a alors commencé à se transformer : d’abord un Américain et trois femmes, puis finalement c’est devenu l’histoire d’un homme et d’une femme, écrite à travers une perspective féminine. Quand je regarde la complexité de l’histoire de départ et la simplicité que je vois aujourd’hui dans le film, je perçois un long cheminement. Pourtant, je ne peux pas dire que j’ai travaillé sur ce scénario toutes ces années. C’est une période durant laquelle j’ai terminé mon Master, réalisé quelques courts-métrages et surtout un documentaire. J’imagine que les changements dans ce récit reflètent également les changements que j’ai moi-même traversés, ainsi que les choses que j’ai apprises."
Avec ce film, Egle Vertelyte voulait raconter l’histoire d’une femme forte dans la campagne lituanienne : une femme qui fait du bon travail, qui s’occupe de son foyer, qui gère un certain nombre de responsabilités et qui ne peut se permettre d’échouer, comme tous les hommes autour d’elle le font. La réalisatrice a en effet elle-même grandi auprès de femmes fortes, instruites, faisant du mieux qu’elles pouvaient et qui se comportaient en véritables chefs de famille. Elle explique : "A côté de ça, j’ai également vu et je vois encore beaucoup d’hommes de ce pays prisonniers d’une image macho, qui sombrent dans l’alcoolisme et traversent des phases dépressives. Je suis persuadée que nos mères comme nos grand-mères étaient et sont encore les personnes qui font marcher le pays. Et Irena, le personnage principal représente ce type de femme."
Pour créer la situation qui implique le changement chez le personnage principal, Egle Vertelyte a utilisé une autre histoire qui date du début des années 90 et qui l’a beaucoup inspirée. La cinéaste raconte : "Dans la ville où je suis née, il y avait ce beau et grand bâtiment public près d’un parc. Un type que personne ne connaissait est arrivé d’Angleterre et a annoncé qu’il le reconstruirait pour en faire une sorte d’établissement de loisirs. Il avait tout un plan en tête pour cela. Je ne sais pas comment le gouvernement local a pu accepter, mais il a fini par mettre la main sur ce grand bâtiment. Il l’a détruit entièrement dans le but d’en construire un nouveau. Quelque chose est arrivé et il a tout bonnement disparu. Depuis, il y a un trou à cet endroit. J’ai trouvé cela réellement amusant de penser, comment n’importe qui ou n’importe quoi relié au monde occidental était adoré et considéré comme fiable, sans aucune réserve et comme si à cette époque le passé était négligé."
Egle Vertelyte a délibérément voulu que le casting de Miracle soit international. Elle explique : "Quand je fais passer des castings, je cherche toujours quelque chose dans l’histoire personnelle de l’acteur pour la relier au personnage. J’ai jugé nécessaire que Bernardas soit interprété par quelqu’un qui ne venait pas de Lituanie, et qui avait d’ailleurs recours à une méthode d’acteur différente. Donc, Vyto Ruginis, qui est un Américain avec des racines lituaniennes (comme son personnage d’ailleurs) et qui ne parle pas un parfait lituanien, était le candidat parfait pour ce rôle. Quant au prêtre Daniel Olbrychski, ce fut une autre histoire. Je souhaitais vraiment que le prêtre soit très différent de toutes les autres personnes du village. Après avoir mobilisé les coproducteurs polonais, cela m’a semblé un choix historiquement plausible de le rendre polonais."
Trouver le ton du film a constitué la plus grande difficulté pour Egle Vertelyte. Si certaines personnes pourront trouver Miracle plutôt tragique et d’autres plutôt comique, la cinéaste a fait en sorte que le long métrage devienne un drame pendant le montage. "J’ai ressenti le besoin d’être plus rigoureuse pour provoquer de l’empathie par rapport à mon personnage principal ; sans pour autant en faire un drame à part entière. J’ai toujours pensé que le film devait avoir ce sentiment d’être au-dessus de la réalité, ce qui permettrait peut-être au spectateur de recevoir l’histoire dans sa portée universelle. Ce qui me rend satisfaite par contre, c’est le ton plutôt étrange du film : parfois drôle, parfois triste. Parvenir à quelque chose entre les deux est très difficile. Je crois qu’il n’existe aucune recette pour osciller entre les deux, il faut simplement essayer, tâtonner", se rappelle-t-elle.