Cela commence comme "la mélodie du bonheur" mais les choses se gâtent progressivement. L'oncle Charlie couvre sa famille de cadeaux mais il commet l'erreur d'offrir la bague d'émeraude, prélevée sur feu la veuve joyeuse qu'il a trucidée, à sa chère nièce Charlotte. Oncle Charlie quand il était enfant a subi un accident avec commotion cérébrale. Il en est resté agressif vis à vis de la société et peu scrupuleux dans sa façon de vivre. Il y a de tels exemples connus à l'époque actuelle. La petite Charlotte, bécasse au départ, mûrit progressivement en découvrant la réalité, et la jolie actrice qui joue son rôle rend bien cette évolution. Oncle Charlie, qui est une belle ordure séduisante, cherche in fine à se débarrasser d'elle. On est en 1943 mais, génialement, Hitchcock réinvente la chambre à gaz artisanale dans le garage fermé avec le moteur de la voiture tournant et échappant des gaz de combustion toxiques. Heureusement, Herbert, le parasite familial, passait par là et sauve Charlotte de la mort. Le film commence avec des couples dansant sur des valses de Vienne, ce qui préfigure la découverte par Charlotte dans les journaux de l'assassinat de la "merry widow", en français la "veuve joyeuse", titre par ailleurs d'une opérette viennoise de Franz Lehar. A un moment, la mère de famille dans sa cuisine chantonne sans rien savoir de la vérité, l'air de valse bien connu "heure exquise qui nous grise". Sa fille Charlotte qui est au parfum lui demande aussitôt de se taire. Voilà, c'est super bien filmé, cela se passe dans une famille traditionnelle et pieuse où à part Charlotte personne ne voit que du feu aux agissements répréhensibles du beau et élégant Charlie. Tout cela est bien rendu par Hitchcock, mais sans l'aspect spectaculaire de certains de ses grands films ultérieurs. Intéressant. A voir.