Des ralentis par dizaines sur des hélicoptères captés depuis le sol, sur l’intervention musclée des forces de police au domicile du principal suspect, sur la descente des marches dudit suspect autoconsacré sous la forme d’un dieu antique, au service d’une réalisation épileptique qui cultive les plans courts. Le parti pris esthétique de Tarsem Singh, réalisateur issu de la publicité, a tout du tape-à-œil : soit un goût prononcé pour le clinquant qui occasionne une complaisance dans la violence gore ; ce faisant, il inscrit sa production dans la veine des thrillers paranoïaques sadiques à la Se7en (David Fincher, 1995), avec une fétichisation du tueur en série empruntée au traitement réservé au docteur Hannibal Lecter du Silence of the Lambs (Jonathan Demme, 1991).
Pourtant, le film a l’originalité de penser son cauchemar comme un jeu de rôles, proche en cela des jeux vidéo, ce qui lui confère une certaine puissance d’immersion : la salle de transfert, rappelant les visions du long métrage Coma (Michael Crichton, 1978), constitue ce menu au-delà duquel la fiction se met en place au sein même de la fiction, une fiction ouverte sur des compositions surréalistes inspirées de peintres ou de plasticiens tel David Lynch. La partition musicale que signe Howard Shore confère à cette aventure psychologique une vitalité écrasante et donc menaçante, en témoigne le recours important aux percussions ; nous retrouvions une surcharge similaire sous la baguette d’Ennio Morricone lorsque ce dernier dirigeait la bande originale du film Exorcist II: The Heretic (John Boorman, 1977). Les envolées fantasmatiques au-dessus de déserts empruntent d’ailleurs à la mise en scène de Boorman, si critiquée quoique bien plus maîtrisée que celle de The Cell, divertissement trépidant mais aguicheur et à la psychologie de bazar souvent grotesque.