Le tournage d'Adoration a eu lieu du 2 juillet au 17 août 2018 en Belgique.
Fabrice du Welz a d’abord rencontré Fantine Harduin la veille de son départ à Cannes pour Happy End en mai 2017. "Finalement, nous avons tourné à l’été 2018, Fantine a grandi et a encore accumulé de l’expérience et de la maturité. Pour le personnage de Paul, j’ai vraiment cherché partout. J’ai vu quelque chose comme trois cents gamins. Lorsque j’ai rencontré Thomas Gioria, j’ai su immédiatement que c’était lui, Paul. Un coup de foudre. En fait, Eric Lavallée, d’Ioncinéma, m’envoie un message en me suggérant de voir Jusqu’à la garde. Je rencontre ensuite Thomas - j’avais au préalable envoyé le scénario à sa maman - et lorsque je lui demande comment il se sent par rapport à son personnage, il me répond simplement : “Je vais écouter”. Il avait compris qu’il devait se mettre en disponibilité et à l’écoute."
Fantine Harduin (Gloria) est née à Mouscron, en Belgique, le 23 janvier 2005. Très tôt initiée aux joies de la scène, elle foule les planches dès son plus jeune âge. À six ans, elle assure la présentation auprès de son père des plus grands artistes qui se présentent sur la scène du Centre Culturel de sa Ville. Elle se révélera au grand public sous la houlette de Michael Haneke dans Happy End. Deux projets de longs-métrages avec deux premiers rôles à la clef – Lili et le fantôme de Bruno Mercier et C’est de famille d’Élodie Lélu (avec Bouli Lanners) - sont d’ores et déjà fixés pour Fantine pour l’hiver et le printemps 2019/2020.
Thomas Gioria (Paul) a 9 ans lorsqu’il monte à la suite de ses deux frères sur les planches du petit théâtre de son village situé à une soixantaine de kilomètres de Paris. Il exprime d’emblée son désir de jouer devant une caméra et est repéré dès les premiers castings soigneusement choisis. Pour son premier long-métrage tourné l’été de ses 13 ans, il incarne Julien dans Jusqu’à la Garde, sous la direction de Xavier Legrand - Lion d’Argent et Lion du Futur à Venise et sorti en France en 2018 (5 César - 10 nominations). Le film et sa prestation lui valent d’être nominé pour le César du Meilleur Espoir Masculin et et de remporter le Prix d’interprétation masculine au Festival de Macao.
Selon le réalisateur Fabrice du Welz, Adoration est un conte cruel qui raconte l’histoire d’un gamin un peu simple, un idiot, au sens dostoïevskien. "Il est naïf et vit en harmonie avec les éléments, seul à l’écart du monde. Sa maman travaille dans une clinique privée où l’on soigne des gens mentalement malades. Ce gamin cherche de l’affection même s’il vit avec sa maman, qui est quelqu’un de particulier. Un jour, débarque une adolescente. Visiblement troublée et troublante, dont il va tomber fou amoureux. Il va tomber amoureux d’elle jusqu’à s’oublier lui-même. C’est un amour total, un amour absolu."
Adoration clôture ce que Fabrice du Welz appelle sa trilogie des Ardennes, centrée sur le thème de l’amour fou, de l’amour monstre et qui dissèque différentes formes de pathologie. Calvaire, Alléluia et Adoration sont aussi trois titres aux références christiques. Une réminiscence de son éducation chez les Jésuites ? "Oui, sans doute. Je n’ai pas de réponse à cela. J’aime cette espèce d’unité entre les trois films. L’hiver avec Calvaire, une sorte d’automne avec Alléluia et aujourd’hui, l’été avec Adoration. Il manque peut-être le printemps. Je vois bien que ce qui m’anime dans mon cinéma, c’est l’état amoureux, la toxicité de l’amour, la dépendance, la folie, la jalousie, la manipulation, la sexualité même si on est dans l’éveil avec Adoration."
Avec Adoration, Fabrice du Welz voulait renouer avec un certain réalisme poétique français des années cinquante. Celui de Cocteau, Melville, Georges Franju, Carné ou Duvivier. "C’est pour cette raison qu’Adoration s’ouvre sur une citation de Boileau-Narcejac. Une citation qui provient du court-métrage de Franju, La première nuit. Je voulais ancrer le film dans un réalisme poétique avec une vraie filiation."
Fabrice du Welz travaille à nouveau avec le compositeur Vincent Cahay pour Adoration. Les deux hommes se connaissent depuis l’adolescence. "Je suis le parrain de son fils, c’est la famille. C’est un musicien brillant. Il a quelque chose à part. Depuis Calvaire, il n’arrête pas de me surprendre. Idem sur Alléluia où il arrive toujours avec une foule de thèmes. Quand je suis parti aux Etats-Unis pour Message From The King, je voulais utiliser la musique de Vincent mais les Américains n’ont pas été commodes et je n’ai pas réussi à l’imposer complètement. Du coup, il a retravaillé le thème de Message From The King sur Adoration. Quand j’arrive au montage, j’ai énormément de choix. En fait, Vincent est à l’image de mon équipe. Un vrai collaborateur."
Adoration n'a pas été tourné en numérique mais en pellicule 35mm. "Je ne dis pas que je ne tournerais jamais en numérique si un jour le sujet le justifie mais aujourd’hui, je suis trop amoureux de l’alchimie du cinéma. L’argentique me surprend. Le numérique est moins mystérieux, moins poétique, plus confortable. Et je ne suis pas nostalgique mais tourner en argentique donne plus de panache. Je suis tellement attaché à l’aspect physique du cinéma, j’ai besoin de le traverser avec mon corps", explique Fabrice du Welz.