Quand on se lance dans le visionnage de ce genre de films, on sait d’emblée que ce ne sera pas une sinécure pour les méninges. Et « The Report » confirme effectivement nos craintes mais il ne faut pas oublier que le cinéma a également pour rôle, outre celui de divertir, celui d’informer et de se positionner politiquement quant à notre Histoire. C’est ce que fait ce film d’investigation très fouillé qui entend dénoncer les techniques de torture utilisées par la CIA sur des prisonniers soupçonnés de terrorisme après le 11 septembre 2001. Très documenté, le long-métrage nous plonge au sein d’une Commission lancée par le Sénat américain pour faire la lumière sur les agissements de la célèbre agence de rensiegnements américaine. Et c’est édifiant, tout en montrant à quel point complots, mensonges et arrangements entre politiques sont la panacée lorsqu’il s’agit de sujets brûlants.
« The Report » montre également avec finesse comment la géopolitique mondiale, les intérêts économiques et le petit théâtre de la politique influent sur de nombreuses enquêtes et la parution de certaines affaires au grand public. Si l’on n’est pas au fait du fonctionnement de l’appareil législatif, politique et institutionnel américain, il faut avouer qu’il faut s’accrocher pour tout saisir. Entre les appellations des différentes commissions, le rôle des différentes chambres, les champs de compétences et d’opérations des différents services (CIA, FBI, sous-traitants à la sécurité, ...) ainsi que la pléthore de personnalités connues ou non citées, on peut vite être perdu si on manque une ligne de dialogue. Pourtant, on sent que le scénariste et réalisateur Scott Z. Burns a voulu simplifier et vulgariser ce sac de nœuds au maximum pour le commun des mortels, c’est dire! Mais il n’y parvient pas toujours et on le comprend. Il faut donc accepter de ne pas tout saisir dans le détail de cette œuvre dense et bourrée d’informations. Des informations passionnantes pour qui s’intéresse à la politique internationale.
En revanche, il est clair que Burns n’a pas encore le talent et la maîtrise d’un grand cinéaste sur le plan formel. « The Report » est en effet très austère. On pourra avancer que cela se prête parfaitement au sujet mais son film manque de modernité visuelle, enchaînant les plans illustratifs peu originaux et un narratif banal. Un narratif qui alterne présent et flashbacks sur les agissements de la CIA et ses fameuses techniques d’interrogatoire renforcées, techniques qui nous apparaissent d’une inhumanité insoupçonnée. Le film peut se voir comme le pendant démocrate et administratif du plus républicain et musclé « Zero Dark Thirty ». Ce dernier traitait du même sujet et de la capture de Ben Laden en montrant, au contraire, que ces pratiques avaient pu permettre de déjouer des attentats. De voir la réalité dix ans après rend le film de Kathryn Bigelow quelque peu propagandiste et surcoté. Certes touffus et nébuleux, « The Report » gagne lui en intensité (et en intérêt) plus il avance dans le temps. A ce titre, la deuxième partie est passionnante et bien plus captivante que le début. Une œuvre peu aimable et pas facile donc mais qui s’avère nécessaire et intéressante si on se donne la peine de s’y investir.
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