Gatsby le Magnifique d’abord, et maintenant Le Dernier Nabab. Les œuvres de F. Scott Fitzgerald n’en finissent plus de réinvestir nos salles de cinéma. L’occasion pour Septième Sens de remonter le temps jusqu’en 1976, là où Robert de Niro joue l’une des plus grandes figures d’Hollywood de son époque pour le cinéaste Elia Kazan (Sur les quais, À l’est d’Eden), qui signe ici son ultime film.
Cela est sûrement dû aux années passées, mais Le Dernier Nabab se construit sur un rythme lent et des séquences parfois poussives. Avec une musique très présente à l’image, on gardera en tête ce monde fou d’Hollywood, attractif et dynamique, bourré d’anecdotes en tout genre (repensons à celle de Curtis), et mettant en avant l’importance du rêve américain, bien enraciné dans la culture de l’époque.
On sent l’amour de ce producteur pour le cinéma, n’ayant pas peur de financer des films pour lesquels il sait qu’il va perdre de l’argent. Grâce à ce goût pour le septième art, Kazan fait une belle mise en abîme de l’amour impossible avec la brillante séquence de Curtis et Moreau. Mais malgré son dévouement pour le septième art il pense que seul le producteur doit contrôler le film et avoir le dernier mot. Cette philosophie de l’industrie cinématographique représente bien évidemment celle d’Hollywood, qui se différencie nettement de la nôtre (où le réalisateur a plus de pouvoir).
Nous avons un bon Robert De Niro déjà sûr de lui (Le Dernier Nabab sort un an après Taxi Driver), doté d’un charisme indéniable et d’un charme intéressant. Avec ces caractéristiques, il montre qu’il peut jouer l’ambiguïté (la douceur ainsi que la violence) sans aucun problème. Quant à Boulting (l’un des seuls rôles de sa carrière), elle a le visage d’une poupée de cire à la beauté immaculée. Semblant innocente et encore vierge de tous maux, la jeune femme va pourtant causer la perte de Max.
Par ailleurs, on peut faire ici un parallèle avec le travail de Fitzgerald. On se souvient que le grand Gatsby perd la vie à cause de la femme qu’il aime. Le Nabab a cela de commun avec ce dernier. S’il ne meurt pas comme le milliardaire, il disparaît toutefois du monde professionnel dans lequel il se sentait si bien. Son passé est également mystérieux et l’on ne sait comment il a pu grimper à son jeune âge des échelons aussi périlleux. Finalement, nous ne pouvons le cerner entièrement mais nous savons certainement une chose : l’amour peut faire tomber des géants.