Il y a 2 ans, un film argentin avait apporté une preuve supplémentaire de la vitalité du cinéma de son pays d’origine. Son titre : "Citoyen d’honneur". Ses réalisateurs : Gastón Duprat et Mariano Cohn. Son scénariste : Andrés Duprat. Un trio que l’on retrouve dans "Un coup de maître", sauf que, si Andrés Duprat est toujours scénariste, son frère Gastón est cette fois ci le seul réalisateur, Mariano Cohn étant à la production. Un coup de maître a été présenté hors compétition à la dernière Mostra de Venise.
Pas facile lorsqu’on est propriétaire d’une galerie d’art d’avoir à gérer la carrière d’un peintre foutraque, extravagant, provocateur et imprévisible, un ensemble qui se résume en un mot : … ingérable. Qui plus est, cet artiste n’est plus à la mode, sa cote a sérieusement baissé, il est couvert de dettes et le propriétaire de la maison qu’il habite avec ses chats et ses chiens menace très sérieusement de le mettre à la porte s’il ne s’acquitte pas des loyers qu’il a en retard. En plus, il se trouve que cet homme, malgré tous ses travers et les soucis qu’ils vous causent, est votre ami depuis des dizaines d’années et qu’il vous est toujours resté fidèle en refusant les propositions financièrement alléchantes qu’on lui faisait lorsque, dans les années 80, il était au firmament de sa carrière artistique.
Toutefois, cet artiste sur le déclin, Renzo Nervi, a encore des admirateurs, tel Alex, un jeune espagnol qui insiste pour devenir son élève. Un élève qui, pour Renzo, ne pourra jamais devenir un artiste car trop rigoureux, trop rationnel, et, surtout trop humble. Etre ambitieux et égoïste, voilà les qualités qui font un bon artiste. Vraiment spécial, ce Renzo, « qui compte les années à partir de la date de la naissance de Rembrandt, qui était un génie, et non du Christ, qui était un cinglé ». Spécial et quelque peu alcoolique, au point de se faire renverser par un camion en sortant d’un restaurant où il a réussi à ne pas payer l’addition. Et si l’amnésie qui touche alors Renzo permettait à Arturo, le propriétaire de la galerie d’art, de trouver une solution à ses problèmes, à leurs problèmes ?!
Avec "Un coup de maître", le cinéma argentin a encore frappé fort ! Une fois de plus avec une comédie jouissive, pleine de cynisme et de générosité, avec, en bonus, une incursion prolongée et sans doute très juste dans le milieu de l’art contemporain argentin ainsi que, à la fin, un petit voyage dans les fabuleux paysages du nord-ouest de l’Argentine, dans la province de Jujuy. Un film qui a vraiment tout pour plaire !