Né en Iran, Milad Alami a grandi en Suède et vit désormais au Danemark. Il est diplômé de la National Film School danoise. Ses courts métrages ont été sélectionnés dans différents festivals et notamment à Cannes - Quinzaine des réalisateurs, New York, Clermont Ferrand et Karlovy Vary. The Charmer est son premier long métrage.
The Charmer débute avec un personnage, un observateur étranger, sur lequel le public a déjà une opinion et des préjugés, mais qu’on ne connaîtra jamais vraiment. "À travers Esmail, nous examinons les thèmes de l’identité, des différences de classes sociales, des origines ethniques et du sentiment d’impuissance. Pour séduire des femmes, il est obligé de changer d’identité et perd petit à petit la conscience de qui il est. Même si cette « chasse » aux femmes peut sembler être un calcul cynique, on ne peut pas réduire Esmail à un infâme séducteur. Et même si on ne connaît pas ses motivations secrètes dans cette situation désespérée, c’est, au fond, quelqu’un de bien. L’exploitation fonctionne dans les deux sens : toutes les femmes qu’il rencontre tirent également quelque chose de lui. Il fait l’expérience d’un exotisme évident, la sexualisation de l’étranger. Ce qui m’intéresse, c’est d’explorer cette solitude existentielle et la recherche d’appartenance. Je pense que ce sentiment de non-appartenance et de lutte pour trouver sa place dans le monde est universel", analyse Milad Alami.
L’idée n’était pas de faire un film politique mais de souligner les aspects humains et psychologiques liés au fait d’être un étranger en terre étrangère. "Le discours sous-jacent sur la position de classe et l’immigration rendent cette histoire très actuelle, et j’espère apporter une perspective humaine dans ce débat tendu. Il vaut mieux laisser les femmes et les hommes politiques débattre de ces questions liées au statut des réfugiés. J’imagine que le public, après avoir vu le film, voudra aborder ces questions politiques : est-ce qu’il agit bien ou mal ? Quel prix doit-il payer pour la vie qu’il a choisie ? Mais tout cela est de la rationalisation a posteriori", confie Milad Alami.
Pour le rôle d’Esmail, Milad Alami a choisi l’acteur irano-suédois Ardalan Esmaili. "Esmail est sensible mais il dégage également une certaine noirceur. Il y a quelque chose d’imprévisible en lui. Il est important que ce personnage possède cette dualité. Il vit dans une zone floue entre deux mondes, en quête d’une nouvelle identité et d’un nouveau foyer. Comme son identité est secrète, il est presque étranger à sa propre vie. Les grandes maisons vides et les appartements luxueux sont un symbole du labyrinthe mental dans lequel il est perdu. La maison de Leila et de Sara représente un univers perse caché au Danemark qui rappelle à Esmail le monde qu’il a quitté, et les souvenirs sont à la fois réconfortants et douloureux pour lui. Diriger Ardalan a été le plus difficile pour moi. Le film entier repose sur lui : il fallait développer son côté secret tout en s’assurant qu’il continuait de susciter l’intérêt des spectateurs. Ardalan a dépassé toutes mes espérances, il a un talent rare. Nous avons beaucoup travaillé sur le jeu d’acteur pour créer l’intensité et le climat paranoïaque que je voulais obtenir."