Premières Solitudes est né de la rencontre entre Claire Simon et dix élèves de la classe de Première, spécialité Cinéma, du lycée Romain Rolland d’Ivry-sur-Seine dans le cadre d’un partenariat entre la ville, le cinéma le Luxy et le lycée. Alors qu'ils devaient travailler ensemble sur la réalisation d'un court-métrage, la réalisatrice les a tout d'abord interrogés un à un face caméra sur la solitude : "J’ai choisi la solitude comme question parce que ça me semblait l’expérience la plus intéressante à partager au-delà des générations. [...] Quand je disais « solitude », j’avais en tête les terribles passions de l’amitié. Or dès que j’ai commencé à tourner, la première élève a tout de suite parlé de ses parents : 'Dès que je rentre je vais dans ma chambre, je joue du piano. C’est mon père qui me l’a offert mais il ne peut pas m’écouter car il doit rester sur le palier. Mon père ne peut pas rentrer chez moi …'".
La réalisatrice a choisi de ne pas garder les entretiens face caméra qu'elle avait filmés au début du projet mais de créer le dialogue entre les lycéens afin qu'ils se sentent plus libres et qu'ils aient le contrôle de leurs récits : "J’avais remarqué qu’ils étaient passionnés par le fait de parler de leur vie et d’écouter celles de leurs copains dans les entretiens préalables, parce qu’au fond ils ne se connaissaient pas bien, ne se voyant qu’une fois par semaine dans le cours d’option Cinéma… Un des plaisirs du lycée est de se retrouver pour discuter, ce qui est aussi important que les cours finalement…"
Claire Simon s'est aperçue au fur et à mesure des entretiens que la figure du père était centrale pour ces lycéens : "Les mères souffrent, sont abandonnées, ou méchantes, et les filles endossent leur souffrance, mais le père reste incompréhensible, comme une statue fissurée qu’il faut redresser sans cesse, ou abattre définitivement".