Tout a commencé en 2015 lorsque Joya Thome a rencontré la jeune actrice Lisa Moell, alors qu'elle travaillait en tant que directrice de casting sur un autre film. La réalisatrice se rappelle : "Lisa n’avait jamais été devant une caméra mais elle m’a impressionnée quand elle s’est mise à marcher dans la pièce. Impressionnée, non seulement par l’authenticité et la crédibilité de son jeu, mais aussi par son charisme si particulier. Je voulais vraiment tourner avec elle et j’avais déjà les grandes lignes du film en tête. Six mois plus tard, Philipp Wunderlich et moi-même, commencions à écrire pour elle le scénario de « Reine d’un été ». Comme nous passions beaucoup de temps à Niendorf, où mon père vit maintenant, il était assez clair que cet endroit devait être le théâtre principal du film. Ce qui a également compté, c’est que Mex Schlüpfer (Mark dans le film), acteur de théâtre à la Volksbühne de Berlin, était ami avec Lisa. À partir de ces trois éléments, nous avons construit le scénario."
Etant donné que Joya Thome voulait absolument saisir cette préadolescence dans laquelle était Lisa Moell, la cinéaste savait qu'elle allait devoir filmer rapidement, même sans avoir de budget. Au début, elle et son équipe souhaitaient tourner avec seulement cinq personnes et 5 000 euros mais ils se sont finalement retrouvés à quinze sur le plateau, avec un budget de 20 000 euros. Thome se rappelle :
"L’équipe technique et quelques comédiens ont alors été hébergés dans la maison de campagne de mon père à Niendorf (Brandenburg, Allemagne) et grâce au soutien indéfectible des habitants de ce village, le film a pu voir le jour. Les enfants, tous originaires des localités alentours, se sont également montrés très professionnels. Bien qu’il s’agisse d’une première expérience cinématographique pour eux, ils ont rapidement oublié la caméra et ont commencé à jouer, comme si personne ne les regardait."
Joya Thome a tourné à Niendorf (près d'Hambourg), dans la ferme de son père où elle a grandi : "Le fait d’avoir passé, enfant, beaucoup de temps à Niendorf, m’a rendu le lieu très familier et de nombreuses anecdotes du film sont basées sur mes propres souvenirs", confie-t-elle.
Dans Reine d'un été se trouvent des adultes atypiques, comme des musiciens, des marginaux, etc. Joya Thome note : "Par exemple Léa entretient une étroite amitié avec Mark Wagenburg, qui vit en marginal dans sa ferme car elle a la capacité d’aborder les gens sans préjugés. Elle va également croiser la route du pompier homosexuel dont elle va garder le secret car elle est intègre et loyale. Quant aux autres adultes, Philippe et moi en avons volontairement forcé le trait, comme par exemple la maire, qui est toujours habillée en rose."
Joya Thome était encore enfant lorsqu'elle est apparue pour la première fois dans les films de son père Rudolf Thome. Elle explique ce que ces expériences lui ont apporté pour son propre travail de réalisatrice : "D’un côté, ces expériences m’ont fortement marquée sur le plan personnel, car ces situations étaient très différentes de ce que pouvaient vivre mes camarades de classe. J’étais placée dans le monde des adultes et traitée de manière très différente qu’à l’école. Cela m’a toujours beaucoup plu. En fait, jouer la comédie ne m’a jamais vraiment attirée, mais j’aimais vraiment la vie sur les tournages, faire partie de l’équipe. D’un autre côté, ces expériences m’ont façonnée en me faisant prendre conscience, comme mon père me l’a appris, qu’il faut mettre les choses en action et ne jamais oublier d’écouter son instinct. Je n’ai jamais considéré par exemple que le budget de production puisse être insuffisant car si je l’avais fait, le film n’existerait pas. Et bien sûr, quand j’ai dirigé les enfants pour le film, j’ai essayé de me souvenir de mes propres expériences en tant qu’enfant acteur, en me rappelant de ce que je voulais et de ce qui m’aidait à l’époque. Par exemple, j’ai beaucoup encouragé Léa et les autres enfants à improviser lorsqu’une réplique ne leur paraissait pas juste."