Au début de " Everybody Knows", il y a une longue partie exposition qui plante l'environnement et les personnages. L'un d'entre eux est subtilement mis en relief et des détails cruciaux sont distillés. Cette partie est longue mais captivante, je me suis immergé facilement dans l'ambiance chaleureuse proposée au début de l'histoire. Une ambiance qui change nécessairement une fois l'intrigue lancée. Puisque ce film est un drame social et psychologique.
La présence de Pénélope Cruz (Laura) est indéniablement un des atouts du film. Aussi, l'ensemble du casting joue bien.
Concernant l'écriture des protagonistes, ce film conviendra à ceux qui préfèrent les histoires qui évitent le manichéisme. Les agissements, comportements et réflexions des personnages sont correctement justifiés et amenés. De plus, l'ambiguïté est maintenue le plus longtemps possible.
Dans ce long métrage, il est notamment question de la comédie humaine.
Derrière la façade des fêtes de mariages heureuses où tout le monde s'efforce de s'entendre, on découvre les habituelles rancœurs, rancunes, jalousies.
Le sujet n'est pas neuf mais dans le cas présent le traitement et le déroulement m'ont intéressé. On découvre progressivement les tenants et aboutissants.
Toute l'intrigue a pour point de départ un secret préservé oralement mais massivement percé à jour à cause des seules apparences.
Donc, c'est un film sur l'impact destructeur d'un secret de polichinelle que tout le monde connaît sauf les intéressés (ou l'un des intéressés dans ce cas). D'où le titre, qui nous signifie l'origine du drame.
L'histoire matérialise les dégâts des secrets dont la préservation était illusoire dès le départ.
D'une part, Laura est le protagoniste le plus impacté émotionnellement par les évènements.
D'autre part, la situation est particulièrement perturbante pour Paco (campé par un très bon Javier Bardem). Son rapport avec les gens sera nécessairement altéré.
Paco avait un "point faible" sans le savoir, dans un lieu où il a fait des jaloux. Il perd beaucoup au final, même sa compagne s'évapore avec sa situation professionnelle.
L'argent dépensé par Paco sera peut-être remboursé ultérieurement par Alejandro, mais d'un certain point de vue le mal est fait, car la vie de Paco est dévasté.
De son côté, Laura est tout de même fortement marquée par l'expérience.
Après la restitution de l'enfant, elle reste très affecté, tandis que sa fille, visiblement très éprouvée, conservera des traces du traumatisme. On ne peut pas exactement parler de happy end malgré le résultat, au regard du ton adopté. C'est une fin en demi-teinte.
A mon sens, le dénouement laisse une ouverture sur un développement plus complet de l'histoire : Mariana, qui soupçonne Rocío parle à Fernando dans un plan progressivement saturé par la lumière.
Le film se clôt sans montrer une résolution totale des problèmes, pour se focaliser sur les conséquences psychologiques et relationnelles.
Avec le souci du détail, on nous montre, par exemple, Irène qui demande à son père (d'adoption) pourquoi c'est Paco qui est venu la chercher.
Le scénariste a pris soin de nous montrer les implications émotionnelles, et la direction d'acteur est à la hauteur de l'enjeu. Au demeurant, le sujet principal de cette œuvre n'est définitivement pas l'aspect "enquête policière"
et l'enlèvement remplit la fonction d'élément déclencheur.
Donc, l'essentiel est conclu dans cette opus qui relève d'une écriture et d'une exécution très juste ; Asghar Farhadi nous présente une réalisation subtile dans son approches et ses effets.