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    Everybody knows
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    336 critiques spectateurs

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    Françoise G.
    Françoise G.

    1 critique Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 9 mai 2018
    Quoi qu'en pensent certains, on a grand plaisir à suivre les péripéties des protagonistes du film, les acteurs sont excellents -surtout Bardem- et Farhadi a maîtrisé malgré la barrière de la langue ! Mais qui sait par qui est interprétée la chanson du générique de fin ?
    Merci.
    Jorik V
    Jorik V

    1 279 abonnés 1 952 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 9 mai 2018
    L’iranien Asghar Farhadi est devenu un auteur qui compte dans le paysage cinématographique international. A son actif, de très grands films ayant fait le tour du monde et reçu des pluies de récompenses. Le cinéaste semble vouloir faire comme son confrère Woody Allen et faire la tournée des pays européens. En effet après avoir tourné en France avec des stars françaises pour l’excellent « Le Passé », le voilà qui s’en va filmer en Espagne avec Penélope Cruz et Javier Bardem « Everybody knows », film qui fait l’ouverture du Festival de Cannes en compétition. Durant la première demi-heure, on a du mal à retrouver la patte du cinéma intense, psychologique et profond de Farhadi. On assiste à des retrouvailles familiales à l’occasion d’un mariage et tout cela ressemble plus à une telenovela hispanique (de luxe certes) qu’aux beaux drames auxquels il nous avait habitués. Sympathique et coloré mais pas vraiment ce à quoi on s’attendait.

    Puis, le film prend un tournant tout à fait différent avec un kidnapping qui va faire ressortir des secrets de famille enfouis et cristalliser les rancœurs de tous les personnages. C’est là que le film prend véritablement son envol bien que son premier tiers ne soit pas déplaisant. On navigue en plein dans le thriller familial, genre dans lequel on n’attendait pas vraiment le cinéaste mais dont il s’acquitte avec réussite. On n’a pas le temps de s’ennuyer et on est pris par cette intrigue sinueuse en se demandant quel est le fin de mot de cette histoire. La bande d’acteurs est excellente et l’ambiance rurale espagnole est très bien rendue, s’affranchissant de nombreux clichés dans lesquels le film aurait pu sombrer. Mais, surtout, « Everybody knows » réserve de nombreux rebondissements, certains attendus et d’autres beaucoup moins, qui dynamisent le film.

    En effet, la tension monte crescendo jusqu’à un retournement de situation étonnant et crédible mais, en revanche, le film se conclut de manière très brève laissant beaucoup de zones de flou dans l’intrigue. Ces parts d’ombres sont quelque peu frustrantes, le long-métrage ne donnant pas toutes les réponses qu’on aurait aimé avoir. De plus, Farhadi sacrifie la psychologie et l’émotion sur l’autel du suspense. Dans ces précédents films, on était pris par les tourments des personnages, l’écriture permettait une description fine et rare des circonvolutions psychologiques des protagonistes. Ici, le rythme et l’intrigue en forme de thriller prennent le pas sur le reste. Mais « Everybody knows » reste tout de même du cinéma haut de gamme fait avec soin. Ce sera néanmoins peut-être un long-métrage mineur dans la carrière de son auteur de par ses qualités intrinsèques moins reconnaissables de prime abord.

    Plus de critiques cinéma sur ma page Facebook Ciné Ma Passion.
    Arsene31
    Arsene31

    2 abonnés 45 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 9 mai 2018
    les plus:
    - très bons acteurs en général, surtout Bardem. Bizarrement Darin, génial habituellement m'a semblé en retrait, comme peu concerné par son rôle,
    - réalisation, prise de vue, montage et ambiance espagnole

    Les moins:
    - un scénario qui est intéressant sur les 2 premiers tiers, et malheureusement ça s'étiole et ce dernier tiers qui aurait pu s'enflammer, partir dans de vrais rebondissements ( spoiler: là, aucun: ils paient les preneurs d'otage et c'est fini
    ).
    Bref, au final, un film pathos, vu 1000 fois, sans envergure, ce qui très dommage, il y avait tant à faire.
    Cinéphiles 44
    Cinéphiles 44

    1 386 abonnés 4 208 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 9 mai 2018
    Pénélope Cruz plus radieuse que jamais joue Laura qui revient dans un village espagnol avec ses enfants pour le mariage de sa sœur. Les retrouvailles, la fête, le bonheur en famille, tout est merveilleux. Mais aux vues des films « Une Séparation », « Le Passé » et « Le Client », les trois derniers longs-métrages d’Asghar Farhadi, nous nous doutons que quelque chose va se passer. Toute cette joie va basculer d’une minute à l’autre lorsque Laura ne retrouve plus sa fille et reçoit un texto l’informant qu’elle a été kidnappée et qu’il ne faut pas prévenir la police. Toute la famille se mobilise, dont Paco son ex qui sera un moteur dans les recherches et ici joué par Javier Bardem, le mari de Pénélope dans la vraie vie. « Everybody knows » est un thriller palpitant qui dévoile en finesse la véritable identité des protagonistes. Néanmoins, la prestance des deux têtes d’affiche a tendance à écraser la subtilité des autres caractères. Le réalisateur iranien réussi son film espagnol et offre un souffle nouveau à la cérémonie d’ouverture de Cannes en imposant un style autre que divertissant.
    D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44 et notre site cinephiles44.com
    anonyme
    Un visiteur
    3,0
    Publiée le 9 mai 2018
    Beaucoup moins fort émotionnellement que ces autres de ses films, Everybody knows ne bouscule pas le genre du thriller. Mêlant l’intime et le social avec soin, l’intérêt du film réside par contre dans les tensions justement transmises par la mise en scène et la direction d’acteurs d’Asghar Farhadi. Comme toujours, le réalisateur iranien sait révéler les failles intimes de ses protagonistes.

    Se concentrant sur les personnages et leurs émotions, l’intrigue semble un peu monotone et la fin un peu plate. Mais, Everybody knows saisit ce qui ne se dit pas, ce qui se cache. L’enlèvement n’est que prétexte à l’analyse des liens familiaux, des tensions latentes et des secrets enfouis… ce en quoi Asghar Farhadi réussit son film, et tant pis pour le suspense !

    de chroniques sur mon blog : plumeetpellicule.wordPress.com
    nicolas t.
    nicolas t.

    58 abonnés 239 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 9 mai 2018
    Quel purge, ce nanard espagnol, réalisé par un iranien. Que des clichés et un scénario grotesque sur les secrets de famille, qui s'accumulent comme dans une télénovella. Tout se prend très au sérieux, aucune humour (Almodovar en aurait fait une comédie baroque) avec des répliques et des twists ridicules " c'est ta fille!", "c'est ma terre"... Farhadi s'était déjà bien planté avec son film en français Le passé, il recommence en pire en espagnol. Espérons qu'il retourne vite tourner en Iran des beaux films comme La séparation.
    Loïck G.
    Loïck G.

    340 abonnés 1 674 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 9 mai 2018
    Au cours d’un mariage qui permet de revoir la famille exilée en Argentine, un drame va se produire. On ne se l’explique pas vraiment, même si la famille est tacitement d’accord pour ne pas ébruiter l’affaire. A partir de cette omerta, les supputations vont gangréner la belle harmonie d’un clan dont les histoires du passé n’ont pas été entièrement réglées. On pouvait me semble-t-il attendre beaucoup d’un tel récit que le cinéma a par ailleurs dévoyé à plusieurs reprises. Mais malgré la vision patriarcale des événements, ils ronronnent très rapidement autour de situations convenues et maladroites dans le jeu des acteurs.
    Pour en savoir plus : lheuredelasortie.com
    konika0
    konika0

    29 abonnés 778 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 9 mai 2018
    Encore un titre idiot (les mecs ont quand même réussi à choisir une traduction en anglais pour le titre français du film). Le film d’ouverture à Cannes est forcément un événement, a fortiori quand il est en compétition. Todos lo Saben commence par le retour dans un bourg espagnol de Laura et de ses enfants à l’occasion d’un mariage dans la famille. Joie, allégresse, retrouvailles, non-dits. La présentation du décor et des personnages est faite en subtilité. Au gré de dialogues en apparence anodins, on fait la connaissance des protagonistes d’un futur drame. C’est un peu longuet mais c’est probablement la meilleure partie du film. La scène du mariage, la plus réussie du film, transpire la joie. C’est après que ça se gâte. Commence un thriller mollasson, un jeu de pistes brouillon mêlant drame familial et polar estival. Car il faut bien l’avouer, on peine à s’intéresser à un scénario qui ne semble pas savoir où il va ni quel angle choisir. Tout ça aurait pu être un formidable drame sur la valeur de la terre, le retour du fils (ou la fille) prodigue. On aurait pu exploiter ce décor de village reclus comme un huis-clos oppressant dans lequel la population bienveillante en profite pour régler de vieilles histoires. Une vraie comédie dramatique aurait également été possible sur fond de retrouvailles entre deux anciens amants. Ou tout simplement, un bon vieux Cluedo ensoleillé. Mais non. A ne pas choisir, Farhadi semble filmer pour ne rien dire. On assiste alors à de vagues interrogatoires pas toujours très logiques. On fait naître en nous de vagues soupçons sans véritables enjeux. Mais ça ne prend pas et ça semble bien long. La fin qui n’a été ni pensée ni construite tombe à plat. Quant à la réalisation, hormis quelques plans en steady cam plutôt jolis, c’est passe partout et sans relief. Clairement pas à la hauteur du décor. On appréciera cependant l’interprétation en finesse de Javier Bardem et de Ramon Barea. Cruz fait ce qu’elle peut avec un rôle de « mère douleur » excessif par nature. Bref, ça fait peu. Le film n’est pas mauvais pour autant, il est juste probablement raté.
    vmdl
    vmdl

    3 abonnés 26 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 9 mai 2018
    Asghar Farhadi est décidément très doué
    Sa direction d'acteur est excellente, ils sont tous très justes et subtils
    La lumière du film est magnifique
    Le scénario est très bien écrit, on reste en haleine tout au long du film
    Beaucoup de plaisir
    Bravo !
    sylounette
    sylounette

    46 abonnés 193 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 9 mai 2018
    Le film est beaucoup trop long... donc trop lent...
    une fin particulièrement décevante puisque rien n'est vraiment dévoilé... le retour de la fille est bizarrement traité : elle est dans un état pitoyable mais personne ne semble vraiment s'en soucier, aucune question sur son rapt et un départ immédiat pour l'argentine !!!
    Je me suis ennuyée, j'ai même somnolée comme mes voisines..
    philhag
    philhag

    28 abonnés 370 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 9 mai 2018
    Le résumé est simple : lors d'un mariage, une adolescente est enlevée. Toute la famille se met à sa recherche sans prévenir la gendarmerie. Petit à petit, chaque membre de la famille est un accusé potentiel.
    C'est Dix Petits Nègres avec la caméra inspirée de Hitchcock. Des acteurs formidables. Un suspens réel ....
    MAIS. Je me suis ennuyé sur un film (en espagnol) bavard. Sur des personnages mal identifiés dans cette grande famille car mal présentés puis trop semblables physiquement et au jeu trop proches sauf les rôles principaux. Et puis le scénario est couru d'avance, un scénario de série et d'ailleurs l'image finale annonce la saison 2.
    Valérie J.
    Valérie J.

    2 abonnés 5 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 9 mai 2018
    comme dans ces précédents film, Asghar Farhadi nous entraîne au delà des apparences et nous permet de voir de près l'impact de d'un passé qui ne passe pas, d'un secret que "todos saben", de haines anciennes qui scellent la destinée des uns et des autres mais aussi la levée de ce secret et ses effets à la fois salutaires et dévastateurs. l
    Formidable
    anonyme
    Un visiteur
    2,5
    Publiée le 13 mai 2018
    Vu en avant-première en raison d’une bande-annonce et d’un casting alléchants, ainsi que de quelques critiques dithyrambiques... Et le résultat est plutôt décevant. Certes, les acteurs sont quasiment tous excellents (surtout J. Bardem), la vie et les rancœurs d’un petit village au cœur d’un vignoble espagnol sont bien dépeints et le spectateur est tenu en haleine (Irene, kidnappée lors du mariage va-t-elle être retrouvée saine et sauve?) mais il manque un « petit quelque chose » pour en faire un grand film : certaines situations sont improbables (difficile de penser que les parents ne contactent jamais la police, la rançon est trop vite rassemblée...) et surtout, le secret principal du film que « tout le monde sait » - pourquoi ce titre en anglais? - est un ressort trop classique et éculé. Restent un beau jeu d’acteurs, du suspense et le portrait d’une famille qui semblait unie uniquement en surface..
    anonyme
    Un visiteur
    2,5
    Publiée le 13 mai 2018
    Décevant. La tentative boiteuse d’un chef iranien pour concocter une paëlla made-in-Spain. Asghar Farhadi nous sert un plat très inégal, assez factice, dont la fadeur serait extrême s’il n’était garni d’une brochette d’acteurs talentueux. Peu inspiré, peu travaillé, mêlant de façon maladroite la mécanique du whodunit et les ressorts du mélodrame, « Everybody knows » a des allures de téléfilm bâtard tourné à la va-vite. On subodore que le mélange des genres était censé se faire fluide et dynamique grâce à l’entrée oblique et graduelle dans la socio-psychologie des personnages et de leur environnement (familial, villageois). Cette formule aurait pu d’ailleurs fonctionner : un enlèvement avec demande de rançon, les proches suspectés au premier chef, l’urgence pécuniaire qui pousse à dire ou faire hâtivement des choses lourdes de sens, à trahir des promesses, à lever des tabous, à réveiller de vieilles blessures, à raviver de sourdes animosités, à faire du rapt une trappe d’où l’entourage de la victime ne peut plus s’extirper sans s’automutiler dans ce qu’il a de plus intime. Cependant, il y a hélas de la lourdeur dans la manière dont Farhadi essaie de nous mener de l’événement à l’arrière-plan, de la surface aux profondeurs, de l’aspect souriant des apparences à la conflictualité du tableau moral sous-jacent, avec par exemple une mise en question trop explicite, parfois trop dialoguée, des fondements de la propriété (Antonio vs. les villageois ; Antonio vs. Paco) et de la « vraie » paternité (Paco vs. Alejandro). Malgré tout, le personnage de Paco permet à Farhadi de jouer sur l’analogie intéressante entre deux rôles séminaux (géniteur / cultivateur). Paco est celui qui enfante, mais ses droits lui sont déniés ou contestés, et en définitive il ne les fait valoir que sur le mode du sacrifice, en renonçant à son domaine pour sauver l’enfant auquel on l’a jadis, à son insu, fait renoncer. Au bout du compte, il est victime d’une double spoliation. En effet, d’une part, en lui cédant ses terres à faible prix, Laura avait sans doute inconsciemment cherché à compenser sa spoliation en tant que père non informé de sa paternité ; d’autre part, en vendant seize ans plus tard ces mêmes terres (désormais mises en valeur) pour payer la rançon, Paco sauve son enfant mais ne recouvre pas ses droits de père. Il a alors perdu tout à la fois sa fille et son équivalent symbolique (i.e. les vignes). Et lorsque Alejandro dit à Paco qu’il lui rendra l’argent de la rançon, on devine la véritable signification de cette vaine promesse : « je ne te rendrai jamais ta fille ». Les deux plus belles scènes du film, fugaces mais lumineuses, sont celles où l’on voit en Paco se dessiner la figure pure de l’amour oblatif : d’une part, la scène des retrouvailles avec Irene, et d’autre part, le moment où Paco, allongé sur son lit avec les yeux dans le vide, sourit béatement alors qu’il vient de perdre tout ce qu’il avait…
    blacktide
    blacktide

    60 abonnés 795 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 13 mai 2018
    Place publique et maux croisés...

    Aller au cinéma, c’est aussi accepter une perte. Celle qui à chaque lever de rideau, et à chaque éclat de lumières sur le retour, se cueille pour que nous ne soyons jamais vraiment les mêmes. Se lever du siège, c’est encore abandonner une partie de soi dans la salle de cinéma. Puis aller de l’avant, tracer sa route, faire que cette perte ait un sens. Perdre, c’est briser le mur des apparences. Se dévoiler, écorcher notre écorce, pour y démasquer cette Piel que Habito, ce dénuement tout en fulgurances. Perdre son épiderme pour n’y laisser qu’un être face à soi-même, face à ses sentiments, face à l’écran de sa vie. Car nous allons au cinéma pour voir ce que notre vie n’est pas. Ou plutôt ce que notre vie pourrait être. S’abandonner l’espace de quelques instants à cette vie inconnue, de fantasmes et d’imprévus, puis l’oublier, la mettre de côté et passer à autre chose, cette vie couverte d’avant et d’après. « Comme les chansons qui meurent, aussitôt qu’on les oublie. »

    Everybody Knows fait probablement partie de ces films qui sont parfois voués à l’oubli. Un oubli pour se souvenir. Jusqu’à réapparaître un jour, et nous rappeler à nous-mêmes, à ce temps passé et les séquelles qu’on en garde. Oui, le temps détruit tout. Mais, cette perte n’est-elle pas une nécessité ? Puisque dans chaque histoire, dans chaque relation, subsiste un éclat. Celui d’un premier amour, d’initiales gravées dans une pierre, et la poussière de son logis. Un clocher, et le vertige du temps. Puisque Everybody Knows s’ouvre sur cette mécanique du cœur : la vie, cette horloge abîmée par les années, qui pourtant continue de sonner. Tout est là, dans le silence, dans les engrenages rouillés de l’horloge, et dans les battements d’ailes d’un temps en effet papillon.

    Et alors que les aiguilles Farhadiennes se calibrent à la seconde près, le temps fonctionne comme un artifice, une tombe que l’on remplirait de terre pour y dissimuler des secrets, des mensonges, des inavoués. Everybody Knows en serait presque un vin à maturation : écraser le raisin et le laisser mûrir, un peu comme une vérité que l’on garderait en soi avant de déguster, de dévoiler, et avant que la rancœur ne contamine la grappe. Et pourtant, todos lo saben. Car le propos de Farhadi n’est pas tant de cultiver le mystère, mais plutôt de l’exposer aux yeux de tous. Lui, et sa « conscience aiguë du passage du temps ». Tout est dans ce compte à rebours ou à venir, dans cette attente du passé, ce postulat simple et évident que nos actes et nos choix agissent sur le temps, comme le passé contamine le présent. Quand frapperas-tu ? Une énigme sans mystère en définitive, puisque nous en sommes constamment la victime, à chaque instant de notre existence.

    Au-delà de ce travail d’horloger, et de ces vendanges temporelles, l’œuvre de Farhadi est avant tout une œuvre de « complication », de mise en situation et de basculement, notion qui une fois de plus renvoie inévitablement à la temporalité. Car, de cette souriante exposition sous le signe des amours de jeunesse, la tragédie est bien là, muette, dans ce mouvement, dans cette ébullition incessante qui ne demande qu’à être stoppée. Les verres se rapprochent, les corps aussi, des regards et des rires s’échangent, des baisers et des liens aussi. Tout nous rapproche pour mieux nous éloigner, du mariage à la disparition immédiate de l’innocence, de l’amour, et d’un bonheur qui n’était qu’une illusion.

    Fête de trop ? Seulement le verre. Car dans cette maison des illusions, se chassent secrets, et blessures humaines. D’une disparition, seule subsiste une dénaturation par l’imprévu : celle de l’Homme qui se dévoile, se dénude pour mieux survivre à la déflagration. Quitte à désunir des êtres, et rompre le lien familial. Des personnages qui se querellent en faisant resurgir les conflits passés : oui, tout n’est qu’une question de conflit de génération et de gestion du passé. Des personnages piégés dans leur écriture, qui parviennent à s’en libérer par l’épreuve de la torture émotionnelle. Parce que le drame est partout. Même dans l’enchaînement d'événements aussi convenus qu’ils paraissent caricaturaux.

    N’empêche que le grotesque de certaines révélations, et les facilités du secret et de la prévision, peuvent parfois faire passer ce drame familial pour un vulgaire épisode des Feux de l’amour, le casting et la réalisation en plus. Et là où les mots du maître de cérémonie côtoyaient les étoiles à l’improviste, ceux de Farhadi choisissent l’artificialité et les facilités du préparé. Et pourtant, même si certains moments se révèlent excessifs et démonstratifs, d’autres touchent au sublime. Des instants parmi tant d’autres, des regards énamourés ou envenimés, et des disputes émotives qui ne fonctionnent que dans cette perte. Pour une révélation qui n’en est pas une, et un prétexte pour des batailles sans fortune.

    Tout revient finalement à nettoyer son passé en place publique. Mais les tâches restent. Ou plutôt, elles ont toujours existé. Ce qui nous lie, ce sont ces souvenirs, ce passé de perte et d’amour, de perte dans l’amour et d’amour dans la perte. Car, vieillir, au fond, c’est perdre ce risque, cette intensité, pour n’y voir qu’un refoulement, et une vérité introvertie. Comme une femme au bord de la crise de nerfs, cette mater dolorosa, incarnée avec pathos et larmes d’appui, par la sublime Penelope Cruz, faisant face à son mari dans la vie et spoiler: amant perdu sur l’écran
    , Javier Bardem, tout aussi impressionnant, si ce n’est plus. Farhadi n’est pas cet hidalgo, Lost In la Mancha. Il capte au contraire, avec intensité (et dans le mélange des genres), ces êtres perdus dans les non-dits, et d’une œuvre solaire, la transforme en un film ténébreux, intimiste et profondément humain ; l’humain avec ses failles, ses blessures, ses imperfections mais aussi sa grâce dans la fragilité.

    Laborieux, aucunement. Le digérer. Absolument. Une enquête. A moitié. Etiré. Peut-être. Mais qu’importe. L’évidence est là. Un peu comme dans la vie au final. Une tragédie de chaque instant, qui même lorsqu’elle tourne à vide, se pare d’étreintes brisées par le temps. Ou peut-être me fallait-il les paroles envolées d’un Edouard Baer pour magnifier cette perte, cette lenteur, de vide et de grotesque, qui pourtant me touche autant que je l’oublie. Des Fautes d’amours en êtres nus, Everybody Knows est un métronome, faisant de son basculement, du manque de subtilité en émotionnelle intensité, le parfait équilibre pour la résurgence, au risque de tout perdre. Car toute relation se bâtît sur une prise de risque. Triste constat, qu’au fond, tout sourire cache des pleurs. Un peu comme les moulins de mon cœur. Ou comme le chantait une douce Jeannette, là où sous les promesses d’amour, « s’endormiront toutes les choses qui resteront à dire ».

    Me olvidarás, me olvidarás
    Se dormirán todas las cosas
    Que quedaron por decir se dormirán
    Junto a las manillas de un reloj esperarán
    Todas las horas que quedaron por vivir, esperarán.
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