Vous ne pouvez pas avoir raté la sortie de ce film, précédée d'un solide matraquage publicitaire. Moi, ce n'est pas pour cette raison que je me suis précipitée à la première séance du mercredi. C'est parce qu'au générique, il y a : Ricardo Darin, et quand je vois le nom de l'homme aux yeux revolver sur un générique.... je fonce.
Las sans doute de devoir filmer des femmes discutant dans leur cuisine avec leur mari un foulard solidement fixé sur la tête, ou même dérivant très mortes dans les flots de la mer avec le foulard tout aussi résistant, Asghar Farhadi est devenu un cinéaste international. Cette fois ci, c'est en Espagne qu'il est allé chercher des actrices aussi belles que les iraniennes (mais sans foulard...) quoique ce soit une pitié de voir constamment Penélope Cruz avec le nez rouge et les yeux bouffis... L'étonnant, c'est qu'en Espagne il a réalisé un film tout à fait..... mauriacien! Eh oui, les secrets de famille, les jalousies d'argent, les vignes..... et Dieu! Tout Mauriac est là! Sauf que Mauriac c'est bref et sec, et que Farhadi tire à la ligne. On y reviendra.
Les premières séquences établissent un climat oppressant. Des oiseaux affolés, pris au piège, se cognent contre les murs d'un clocher. Puis, une main gantée découpe des coupures de presse anciennes, relatives à l'enlèvement et l'assassinat d'une petite fille...
Laura (Penélope) revient dans son Espagne natale avec ses deux enfants pour assister au mariage de sa soeur Ana (Inma Cuesta qui ressemble à Penélope.... comme une soeur!); elle a laissé en Argentine son mari Alejandro (Ricardo). Ce début est un bonheur, tant il traduit bien cette joie que l'on a lorsque l'on retrouve son village natal, ses parents, ses amis d'enfance; cette joie des mariages campagnards, des dîners sous les treilles, des délires.... alcoolisés d'après dîner. On s'y croit, sauf que là, déjà, Fahradi fait traîner. Bon, les fêtes et les noces des autres, ça devient vite barbant..... Peut être était nécessaire pour faire ressentir le basculement dans le drame?
Lorsque la fête bascule dans le drame, il y a Paco, le viticulteur, (Javier Bardem) qui prend les choses en main. C'est un ancien amoureux de Laura, et même un peu plus. Tout le monde le sait! Au point de mettre en péril le couple qu'il formait avec Bea (Barbara Lennie). Il y a aussi le beau-frère, Fernando (Eduard Fernàndez -tous les acteurs sont excellents) qui tire le diable par la queue avec un petit hôtel avec son épouse Mariana (Elvira Minguez). Et petit à petit, les blessures d'argent mal cicatrisées refont surface, via le grand père (Ramon Barea), un vieux grincheux à demi impotent qui perd la tête et pense que toutes ces terres qu'il a du vendre -en particulier à Paco, lui appartiennent toujours puisqu'il les a vendues à trop bas prix..... Et tous les petits secrets de famille refont surface aussi. Tout cela crée une atmosphère poisseuse, par moment vraiment angoissante, et à d'autres moments, cela se traîne....
C'est pas mal -mais c'est banal. C'est du bon cinéma international, sauf qu'un américain sans doute ne flirterait certainement pas d'aussi près avec le mélo.....