Quatrième long-métrage du comédien-réalisateur Jean-Paul Rouve, ancien Robin des bois, "Lola et ses frères" raconte l'histoire d'un trio fraternel fort mais néanmoins sujet aux frictions. Chômage, solitude, deuil, heureux événement ; ce sont des fragments du quotidien qui sont rapportés, avec légèreté, peut-être un peu trop d'ailleurs...
Benoit est opticien et se marie pour la troisième fois et pense que c'est la bonne cette fois. Pierre, son petit frère, démolit des immeubles et se fait virer suite à une faute professionnelle mais n'ose pas l'annoncer à ses proches. Lola, la benjamine, est avocate et décide enfin de penser à elle en commençant une nouvelle histoire d'amour, quitte à laisser son rôle de maman de substitution de côté...
"Lola et ses frères" n'est pas si mauvais. Il est même soigneusement réalisé et très bien porté par ses acteurs. Le scénario est rempli de détails, de quelques beaux dialogues et de situations cocasses qui font sourire à plusieurs reprises, c'est vrai. Rien de bien nouveau là-dedans mais les personnages sont vrais, simples, sans artifices ni illusions, bruts. On les découvre à travers des portraits individuels qui finissent par s'entrecroiser à l'instar d'un film choral. Chacun a sa routine, son rythme de vie, son chez-soi, ses problèmes et c'est généralement en famille que les choses prennent de l'ampleur. Les retrouvailles traditionnelles devant la tombe de leurs parents, lieu de bilan et de règlement de compte, sont sûrement les plus beaux passages du film. José Garcia en homme taiseux, Ramzy Bedia en grand romantique et Ludivine Sagnier à la recherche de son désir offrent des beaux contre-emplois qui ont servi mon intérêt.
Mais, en réalité, le ton est si léger et monocorde qu'il en devient anecdotique. C'est là où les petites blagues et les petits tracas ne suffisent pas pour nous captiver. Il n'y a pas d'histoire, juste une situation de base avec des personnages aux caractères opposés. C'est peut-être cruel mais j'en suis arrivé à me dire que je m'en foutais de leurs déboires amoureux. Qu'est-ce qui m'a fait dire ça ? (C'est quand même un peu extrême, j'avoue). En fait, vu qu'il n'y a que le ton de la légèreté contemplative qui est utilisé, ça donne un côté old-school et désuet, voire insignifiant parfois. Il ne se raconte rien et pour être honnête, j'ai rarement vu un scénario aussi ennuyant et vide. Je suis assez étonné de ressentir ça car j'adore les scénarios de David Foenkinos qui avait signé le magnifique "Jalouse" avec Karin Viard, bien plus saisissant par son réalisme. C'est dommage car malgré la complicité entre les acteurs et l'investissement émotionnel final, "Lola et ses frères" sonne creux et n'est pas parvenu à me toucher. C'est comme si Jean-Paul Rouve ne voulait pas raconter une histoire mais laisser faire les choses par elles-même... Malgré les nombreuses ellipses qui s'arrêtent sur les étapes de vie les plus "palpitantes", il y a un manque total de rythme, de panache, d'inattendu. De plus, ça faisait assez longtemps que je n'avais pas entendu une playlist musicale aussi ringarde et déprimante. Elle arrive toujours au mauvais moment, cassant toute la tendresse émotionnelle des scènes en cours. Non, pour moi, Goldman et Balavoine ne sont pas bien passés. Aucune urgences, pas d'enjeux, peu de nuances, comme si les personnages vivaient dans une bulle déconnectée de la vie actuelle. Personnellement, cette manière de raconter ne m'a pas convaincu tout comme ces problèmes intimes traitées avec trop de pudeur. Pour moi, c'est un quotidien survolé, démontré, joué et pour le coup, long et soporifique.