J'avais entendu parler de ce film suite au scandale suscité outre-Atlantique sur les réseaux sociaux. La réalisatrice avait alors répondu que c'était une dénonciation de l'hypersexualisation. Intéressée par la question, j'ai visionné ce film avec beaucoup d'attentes. Làs...
Il est donc question d'Amy (Aminata), 11 ans, dont la famille sénégalaise vient de s'installer en région parisienne. Son quotidien est rythmé de ses cours de sixième, la surveillance de ses petits frères, et les rendez-vous dans le cercle religieux de sa mère, où l'on apprend qu'une bonne femme est une bonne épouse qui respecte son mari. Le grand absent de cette histoire: le père. Et pour cause, il est reparti au Sénégal
afin d'épouser une seconde femme, qu'il compte bien importer et imposer à sa famille première
.
Etouffée par ces moeurs conservatrices, Aminata s'entiche d'Angelica, pré-adolescente du même âge, mais qui à ses yeux incarne la liberté puisqu'elle danse, sort, et s'habille d'une façon qui me fait mal au doigts en l'écrivant : aguicheuse...
Je passerai outre les écueils dus à un premier long métrage : un rythme inégal, une trame narrative mal ficelé - certains événements,
comme le fait de pousser une de ses camarades de classe dans le canal de l'Ourcq
, qui n'ont aucune conséquence sur le destin de l'héroïne/l'intrigue principale.
Néanmoins, il y en a un qui est de taille : celui de la vraisemblance qui est crucial dans les oeuvres naturalistes comme celle-ci. Aminata vole un smartphone et l'utilise à l'envi, sans que celui-ci n'ait des problèmes de batterie ni que son propriétaire ne décide de bloquer la sim. C'est anodin me rétorquerez-vous? Il est vrai. Mais tout comme ce sont les petites renoncements qui font le lit des plus grandes lâchetés, ce sont les petits détails qui dénotent le manque d'implication de la scénariste/réalisatrice dans le développement de son histoire.
Et venons-en au deuxième manque de vraisemblance du film puisqu'il est en outre son sujet principal : l'hypersexualisation des adolescentes.
J'ai précédemment utilisé le terme "aguicheur" pour décrire le style vestimentaire d'Angelica. Bien que ma gorge se serre en l'écrivant, il me semble ici approprié. Et ce style vestimentaire, tout comme celui des copines danseuses d'Angelica, me semble maladroit d'autant plus que la direction du collège ne semble pas s'en émouvoir. Si les protagonistes avaient eu 14 ou 15 ans et se trouvaient en fin de collège, cela m'aurait moins dérangée, puisqu'on aurait eu affaire à des adolescentes cherchant à tester leurs limites. Mais là ce n'est pas le cas.... D'autant plus que l'on ne sait pas comment et par qui les vêtements sont achetés - par les parents, nous supposons - mais à aucun moment le rôle, passif ou actif, des parents dans l'hypersexualisation n'est abordé. Il est ébauché quand Angelica explique qu'elle ne voit pas ses parents qui travaillent trop au restaurant. Or travailler beaucoup n'est pas forcément synonyme de laxisme éducatif.
S'ajoute à cela le concours de danse : aucune autorisation parentale n'est requise?
Personne n'est choqué dans l'organisation du concours de voir des gamines twerker et se mettre des doigts dans la bouche
? Personne ne se lève parmi l'assistance pour dire stop? Tout le monde ferme les yeux??? Est-ce qu'ainsi, la réalisatrice souhaite dénoncer la complaisance d'une société fasse à des gamines perdues qui singent des attitudes lascives par pur mimétisme cela parce qu'elles n'ont pas de sens critique ( ce qui est plausible à cet âge),
le paroxysme de cette complaisance étant l'attitude excitée d'un vigile de laser game face au déhanché d'Aminata.
J'aimerais répondre par la positive. Sauf que la façon dont est menée la réalisation (gros plans sur les fesses, aucune distanciation dans la mise en scène, et je me répète oubli du thème du regard de l'adulte, qu'il soit parent ou prof, sur les vêtements portés par ce groupe de gamines) ne provoque en moi qu'un profond malaise et me fait dire que la réalisatrice est complètement passée à côté de son message...
C'est triste, car il y a bien évidemment des choses à dire sur ce sujet, sans être, d'une certaine façon, aussi caricatural...