Volubilis raconte une histoire impossible dans une société marocaine inégalitaire. Le film est né de plusieurs émotions et constats, parmi lesquels, la difficulté de vivre simplement dans le monde d'aujourd'hui. Faouzi Bensaïdi raconte : "Ce qui doit être un droit simple s'est alourdi de trois lettres qui ne le quittent plus "SURvivre", c'est le quotidien d'une grande frange de la société que ce soit au Maroc ou ailleurs. Les centres commerciaux qui pullulent partout au Maroc, temples de la consommation et de cette finance aveugle et avide qui a occupé nos vies et nos rêves. Aujourd'hui travailler n'est pas garant d'une vie digne."
Faouzi Bensaïdi a toujours écrit des mélodrames, mais en les adaptant à aujourd’hui. Le réalisateur explique : "La mise en scène se doit de prendre en charge la tonalité du film, sa couleur. En l’occurrence pour moi, gommer les pièges de la bien-pensance et du mièvre en optant pour une approche parfois plus sèche, "brechtienne". Cela n’annule pas le mélodrame, ça renforce même sa dimension lyrique et l’ancre dans la réalité. Ce film est celui où j'ai permis à ma caméra d'être la plus perméable à l'émotion, c'est mon film où il y a le plus de gros plan et les comédiens sont au coeur du dispositif."
C’est la première que Faouzi Bensaïdi tourne à Meknès, sa ville natale. Une chose complexe pour le cinéaste. Il confie : "Le film a été nourri à la fois de choses comme ça et d'autres que parfois je contrôle et parfois qui me dépassent. Tourner un film totalement à Meknès, c’est quelque chose que j’ai fait pour la première fois. J’ai filmé à Meknès une partie de La Falaise, mais dans Volubilis, c’est un retour total. Chaque film est l’occasion de visiter une ville, un peu. J’aime beaucoup quand les villes et les espaces en général existent, respirent, apportent des choses nouvelles à l’histoire et aux personnages. On ne filme pas toutes les villes de la même manière, comme on ne filme pas tous les comédiens de la même manière. Il y a un regard à porter sur chaque ville, comme il y a un regard à porter sur chaque comédien."
Après Cannes et Berlin, c’est la deuxième fois que Faouzi Bensaïdi montre un film à Venise. Il note : "C'est la quatrième fois que je reviens à Venise, j'étais avec un court-métrage Trajets, j'étais scénariste pour le film Loin d’André Téchiné, mais je suis particulièrement content de revenir à Venice Days qui avaient accueilli déjà mon deuxième film, What a Wonderful World film pour lequel j'ai une affection particulière car fou, libre, fragile et insolent fait à l'intérieur du système, ce que je pense serait impossible aujourd’hui. Venice Days lui avait ouvert grand les bras pour sa première et la suite était superbe, j'espère autant et mieux pour Volubilis."
Dans Volubilis, nous retrouvons certains acteurs qui ont déjà joué dans des films de Faouzi Bensaïdi et d'autres qui tournent pour la première fois sous la direction du metteur en scène. Ainsi, Nezha Rahil et Mohcine Malzi sont des habitués de Bensaïdi tandis que Nadia Kounda, Mouna Fettou et Abdelhadi Taleb sont des nouveaux arrivants. Il indique :
"J'étais très sûr du rôle du vigile, pour la fille c'était plus compliqué, j'ai cherché longtemps mais le jour où Nadia a fait son premier essai, l'évidence s'est imposée. Je suis présent à toutes les étapes du casting, pour moi c'est un moment de recherche de travail, de tâtonnement très intéressant, je ne peux pas imaginer rater ce moment, et quelque part c'est un respect pour les comédiens que le réalisateur soit là. Comme pour les repérages, comment juger un lieu sur des photos, un lieu c'est une âme, un vécu et une manière de le regarder et de le filmer qui le fait exister. Il faut y être physiquement."