La Mauvaise Réputation ( Hva vil folk si ) nous dicte d'entré de jeu la note pour ne plus jamais la perdre. De cette toute première scène, l'on retiens deux regards, l'un intérieur, celui d'un homme mature, dans le contrôle et un autre plus jeune, d'une adolescente qui cours dans la rue qui retrouve le milieu du premier, qui dicte, exige, car on le devine avec aisance, il et elle partage une seule et même vie de famille. Les circonstances de ce contrôle sont explicites, sans paroles, dans le mouvement au rupteur de sa réalisation, dans une définitive prise de position d'une réalisatrice qui choisit la brutalité, le combat, avec une pointe de nuance toutefois, à minima, mais parfaitement juste !
La musique, stressante au possible, confère à ses 95 minutes des allures de Thriller, s'en illustre ses canevas, qui une fois de plus nous ordonne la marche à suivre par la mesure de l'identification à cette jeune fille qui découvre la hauteur de la colère de ses ainés ...
Pourtant, dans l'idée la convenance n'est pas le seuil absolu dans la trajectoire de ce quatuor, qui veulent au contraire au vu du parcours commun semblé à la fois s'en faire modèle mais aussi s'en extraire par le biais d'une ascension, révélatrice sur plusieurs séquences d'une manigance au règle de la chaise musicale qui détricote les aspirations émancipatoires partagés mais qui plutôt que de souder, divise.
Iram Haq, dans la conduite de sa mise en scène fluctue vers une rythmique incisive, qui ne manque pas le train, saute de wagon en wagon dans un geste de narration par l'abrupt. La bascule qui décante vers la violence de ce père de famille, au sein du foyer, sur le petit copain de sa fille, puis sur cette dernière passe de la blague enfantine au carnage du couperet ou la furie est une prise sur le courant immédiat de cet évènement. Culpabilité, menaces et autres cris sont contenu par une tentative, en premier lieu de contrat, d'un deal, vite entériné par une vérité d'adolescente qui se cherche, qui de par une confiance aveugle se livre en pâture à une autre forme de captivité ...
Le conseil des hommes du quartier, à ce patriarche en détresse émotionnelle qui frise la rage face à sa petite est une autre prise de vue sur l'impact qu'a le " qu'en-dira-t-on " qui s'infiltre dans le titre. Le " cercle vicieux " endigué par la répression est un manifeste de cette autorité qui panique et se livre au pire sous couvert de la morale, du principe, d'une légitimité et cadenasse la situation dans un enchevêtrement surréaliste et disproportionné. La scène de la voiture, ou prise au piège par sa mère, elle se niche dans les bras de son père et de son frère dans la combine qui la laisse dans l'interrogation la plus basique, tandis qu'eux, dans une incompréhensible teneur expectative se plonge dans un décors qu'ils admirent, commentent, dans l'indifférence de la peur du vilain petit canard de la bande fait froid dans le dos ...
Tout le film fait d'ailleurs cohabité divers sentiment contradictoire, ou pas ... Fierté et honte sont des exemples à part entière ! La promesse faite, une nouvelle fois, dans l'habitacle de l'automobile qui la conduit vers Islamabad, ou ce père condamne à la folie et la solitude son second enfant avant d'autres paroles encore plus vindicatif est un pic en la matière. La main qui se serre sur cette dernière, dans cet aéroport est une autre entrave sur le corps au sens large de la métaphore constante de ce long-métrage. Etre femme, au sein d'une famille immigré, est un double choc générationnelle et culturelle qui coïncide avec une quête d'identité dont la suite n'a qu'encore plus d'accent.
Le dépaysement dans ce pays qu'elle ne connais pas va de là venir encore mettre du grain à moudre dans cette machine qui s'emballera encore et encore ! Les habitudes qu'elle découvre, l'angoisse de son isolement interne et la proximité nouvelle de cette famille qu'elle apprend à connaitre, non sans jugement, raconte cette dérive de connexion entre deux mondes si proches et si lointain. La séparation avec celui qui la malmène est un paroxysme entre une analyse à froid et un sang chaud qui palpitent. Le regard, qui se croise, de ce père à a fille, et de sa fille à son père donne une scène ou l'impossibilité à communiqué, à se comprendre, les éloignent mais les rapprochent aussi dans cette fuite qui s'inverse ... La perception se brouille de par ses sentiments qui se heurtent à la réflexion et à la sensation. Bruit et silence se toisent, s'affrontent dans une enceinte qui ne laisse personne prendre le pas l'un sur l'autre au final. Un match qui sera rejoué, plus tard ...
La fatigue du voyage, le choc de qu'elle vit, la conduit loin d'un sommeil que l'on imagine. Elle tente, d'entrée de jeu un vers un retour à ses origines, annihilées par une peur encore plus menaçante à cette heure de la nuit, dans une ville qu'elle ignore encore, avant le pire à venir ...
Le travail et la réprimande font le sape sur sa condition initiale. Dans le temps, elle cherche à s'intégrer. Sur les toits, elle découvre le cerf-volant, dort avec un sourire, découvre l'amour. Elle se distingue dans la rigueur de la prière, de sa tache quotidienne dans la demeure qui l'accueil, selon les demandes de ces gens l'ayans poussé à bruler ses papiers, menacés à l'instar de ses parents qu'ils remplacent à la perfection. Elle se plie à l'ordre, pourtant c'est ce dernier qui la brime à nouveau !
Avant çà, il y'a des sourires. Cette promenade en scooter avec cousin et cousine ravive un bien-être l'ayans fuit depuis un moment déjà. L'amour qu'elle partage avec son cousin, du réconfort et de la passion qui nait de leur relation tire vers un avenir plus doux, de prime abord, qui n'en ne sera rien en fin de compte. Par la force, par le chantage, cette police ruine tout espoir, toute parenthèse de joie ...
Le retour du rejet en communion de tout son entourage, de son amoureux par la même occas', l'a ramène vers une route ou la colère et la démence s'abat à nouveau sur son innocence bafouées par d'autres ! L'humiliation par le crachat, par la falaise comme exutoire de la rage, de la terreur qui s'impose ensuite conduit vers une pente ou la soumission est obligatoire. Le code de sa conduite dictée, des règles strict qui s'y accole n'a de cesse d'accroitre la décomposition de ce visage, de sa jeunesse qui s'étiole de par le drame qu'elle subit.
Brutal, à charge, ce film raconte dans les yeux de cette jeune femme une connivence d'acte qu'elle se mange de plein fouet, sans retenue, par la force des choses. Iram Haq, qui selon quelques trucs ici et là que j'ai pu lire s'inspire de sa propre expérience et tente par le brulot d'en finir avec cet interdit ... J'en prend ce dernier regard de Nisha à sa petite sœur, de la consolation au préalable, et de son abandon qui semble dire à la fois tant de chose dans l'autre regard croisé ensuite ! Celui qu'elle quitte, sans mots, par l'entremise de sa cascade qui l'amène à fuir dans la neige, le froid, dans la nuit, celui qui au fond la comprend peut-être le mieux dans cette famille ... Ils partagent une peine, il en va de soi, dans cet ultime instant, aussi incroyable et horrible en même temps !
La mauvaise réputation virevolte, se bagarre avec son sujet, entraine son spectateur dans cette course furieuse et va dans le vif, avec sa peur et son relief, là est à la fois sa plus grande qualité, et son plus grand défaut. On en retiens cependant ses forces, sa remarquable prouesse à continuer, a communiquer, à bousculer les choses ...