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    La mauvaise réputation
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    Carlos Stins
    Carlos Stins

    75 abonnés 657 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 14 juin 2018
    Un sujet fort et important pour un long-métrage coup de poing bien qu'un peu trop classique. « La mauvaise éducation » est le genre de film dont on ne ressort pas indemne, le genre d’œuvre qui prend le spectateur aux tripes, ne le laisse pas respirer en le confrontant directement à la violence du monde. Il faut avoir le cœur bien accroché pour suivre ce film car il n’épargne rien au spectateur et s’avère très réussi en tant que plaidoyer en faveur de la condition de la femme et dénonciateur des horreurs qu’elle subit. Passé cela, je regrette quelque peu que le film soit aussi linéaire et illustratif, la réalisatrice étant obnubilée par la représentation de la réalité si bien qu’elle ne cherche pas à prendre de hauteur sur son sujet ni à développer une réflexion autour. Le long-métrage sonne comme déjà vu, limité par un parti-pris qui facilite l’immersion du spectateur mais ne laisse pas de place à la nuance. En l’état, « La mauvaise éducation » est un film puissant et courageux porté par des acteurs au top et une réalisatrice ambitieuse qui a le mérite de tenter de faire bouger les choses.
    Archibald T.
    Archibald T.

    19 abonnés 209 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 9 août 2018
    Témoignage autobiographique d'une adolescente en pleine découverte de l'amour brisée par l'entourage religieux de ses parents.
    Le film reste sobre sans porter de jugement hâtif.
    A voir.
    Jorik V
    Jorik V

    1 267 abonnés 1 952 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 13 juin 2018
    Iram Haq livre un film au message fort, dénonçant le poids des traditions ayant toujours cours dans les cercles familiaux d’immigrés en Europe. Des milieux où le sens de l’honneur et le regard des autres prédominent sur tout le reste et où quiconque ne suivrait pas la conduite édictée par les ancêtres se voit banni ou châtié. Le film prend d’autant plus de sens que c’est une part de l’histoire de la réalisatrice elle-même qui est reproduite dans « La mauvaise réputation ». Un côté autobiographique qui donne encore plus de sens à ce drame social puissant qui vous touche au cœur et vous prend aux tripes. L’histoire de Nisha le personnage principal du film est fortement imprégnée du ressenti d’Iram Haq et de son vécu de l’époque. Cependant, le film souffre d’un défaut qui n’en est pas vraiment un, plutôt une comparaison qui joue en sa défaveur.

    En effet, « La mauvaise réputation » a le tort de sortir juste un peu plus d’un an après un long-métrage similaire qui a eu la force d’un uppercut en plein visage. Ce film belge s’intitulait « Noces » et il était en tous points supérieur à celui-ci, au point de faire partie des meilleurs films de 2017. Il traitait du même sujet avec un arc narratif extrêmement ressemblant (hormis le passage du retour au pays) et prenait place dans la même communauté pakistanaise. Mais avec une concision, une puissance dramatique et une acuité sociale encore plus forte. Dans tous les cas, les deux films peuvent s’avérer complémentaires et prouvent que cette réalité, où traditions et religion prédominent sur le comportement des immigrés, est valable tout aussi bien en Norvège qu’en Belgique, soit partout en Europe où l’immigration est importante. Ici, on saisit bien les coutumes de cette communauté mais, contrairement à « Noces », on se concentre majoritairement sur le point de vue de Nisha. On prend donc totalement parti pour elle, au point de n’avoir aucune empathie pour sa famille. Un point de vue plus empathique envers les parents aurait eu un effet moins manichéen.

    C’est un manque de subtilité que l’on pourra reprocher à « La mauvaise réputation ». Ce que l’on retrouve également dans certaines séquences un peu poussives où on a l’impression que tous les malheurs du monde tombe sur elle, avec en ligne de mire la scène avec les policiers pakistanais. Avec une charge parfois moins lourde, le résultat (et notre ressenti) eut été le même mais avec un peu plus de finesse. Hormis quelques invraisemblances fonctionnelles, le long-métrage se fond dans un réalisme social et psychologique réussi et l’engrenage dans lequel plonge l’héroïne traverse l’écran au point de nous nouer la gorge. Il y a même un peu de thriller dans le film tant le suspense est à son comble dans certaines séquences comme lorsque Nisha est emmenée en ferry. En somme, « La mauvaise réputation » est un cri d’alarme pointant du doigt certaines pratiques encore en cours, la place de la femme dans certaines religions et les excès que le poids des traditions implique. Une œuvre nécessaire, instructive mais qui sait aussi être tour à tour émouvante puis prenante mais qui souffre de la comparaison avec l’inaltérable « Noces ».

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    OzDeniro
    OzDeniro

    2 abonnés 31 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 12 juin 2018
    tres bon film sur le moyen age et ses mentalités...
    une histoire comme il en arrive sans doute beaucoup dans ce genre de culture, combien de fois on voit des jeunes filles tuées pour atteinte à l'honneur.. pas le cas dans ce film mais ce qui arrive a nisha n'est pas moins horrible
    Joce2012
    Joce2012

    203 abonnés 575 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 12 juin 2018
    Très bon film, très bien joué qui tient en haleine du début à la fin.... Les coutumes et le regard des autres peuvent à tout jamais changer une vie ....qu'elle chance nous avons d'être dans un pays de liberté !
    Olivier A.
    Olivier A.

    3 abonnés 6 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 12 juin 2018
    Extra ordinaire. De belles images, un beau casting. Prenant et dérangent car cela se passe aussi chez nous, si on y regarde un peu.Un film que j'aurai pu manqué et qu'il faut voir absolument.
    poet75
    poet75

    270 abonnés 703 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 11 juin 2018
    Qu’il y ait, sur nos écrans, des films de pur divertissement, censés nous faire oublier, le temps qu’ils durent, les âpres réalités de notre monde, pourquoi pas ? Il m’arrive d’aller voir des films de ce genre et, parfois, d’y trouver du plaisir. Heureusement, cependant, que l’offre cinématographique propose également d’autres films que ceux-là ! On ne saurait se contenter d’un cinéma d’évasion. Il me paraît nécessaire de se confronter aussi et surtout aux films qui rendent compte, d’une manière ou d’une autre, du réel, y compris lorsque le réel est dérangeant ou oppressant. Ainsi du sort que l’on réserve à certaines jeunes filles soupçonnées d’être « fautives » au point d’entacher, soi-disant, l’honneur de leur famille.
    C’est le cas dans « La Mauvaise Réputation », un film dans lequel la réalisatrice Iram Haq raconte sa propre histoire. Prénommée Nisha dans le film, la jeune fille d’origine pakistanaise vit avec ses parents, son frère et sa petite sœur en Norvège et, bien sûr, au contact de ses camarades d’école, s’expose à des influences différentes de, voire contraires à, celles que lui ont inculquées ses parents. Ses premiers troubles d’adolescente, elle les expérimente au contact des jeunes Norvégiens qu’elle fréquente au collège. Mais le soir où son père la surprend dans sa chambre en compagnie d’un garçon qu’elle y a fait entrer clandestinement, tout s’effondre. Dans la famille pakistanaise qui est la sienne, on ne plaisante pas avec ce genre d’incartades. La peur du déshonneur, la crainte du regard des autres familles de même origine, le risque d’être mis au ban de leur communauté d’appartenance et de voir les clients de son magasin diminuer de façon drastique, c’est trop de pression et trop de honte pour le père de Nisha qui, même s’il affirme qu’elle compte pour lui plus que tout au monde, décide de la mettre au pas de manière intraitable.
    Pour ce faire, rien de tel, selon sa logique, que de forcer sa fille à quitter la Norvège afin de la confier à sa famille restée au Pakistan. Là-bas, au pays, loin des tentations inhérentes à l’Occident, le père de Nisha estime qu’elle sera sous bonne garde et qu’on saura l’éduquer selon les coutumes du pays. On imagine ce qu’éprouve l’adolescente, contrainte de faire ce voyage, puis se retrouvant sous surveillance de sa famille du Pakistan. Mais c’est se tromper lourdement que de croire que, parce qu’elle est dans son pays d’origine, la jeune fille ne saurait plus être cause d’aucun scandale. Il suffit d’un beau jeune homme et d’une petite frasque de rien du tout pour que tout recommence, d’autant plus que des policiers véreux ne demandent pas mieux que d’en profiter brutalement et vénalement. Nisha n’est pas au bout de ses peines ni son père au bout de sa honte. Comment un père peut-il aimer sa fille (car il ne fait pas de doute qu’il aime) tout en lui faisant subir autant d’avanies ?
    De ce point de vue, certaines scènes de ce film sont particulièrement bouleversantes, voire extrêmement choquantes. Mais on sent bien que la réalisatrice est restée au plus près de ce qu’elle a elle-même vécu, de ce qu’elle a dû supporter. Son film, cependant, ne bascule ni dans l’accusation ni, encore moins, dans la condamnation. Il est plutôt du registre du questionnement. Pourquoi ? Le père de Nisha n’est pas un monstre, dans ses yeux se devinent la peine et le doute. Pourquoi ? Mais pourquoi donc se comporte-t-il aussi durement avec sa propre fille ? Une question qui ne cesse de hanter Iram Haq, sans nul doute.
    velocio
    velocio

    1 299 abonnés 3 132 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 10 juin 2018
    Pas facile d'être de sexe féminin dans un pays comme le Pakistan. Pas facile, non plus, d'être une fille dans une famille pakistanaise expatriée en Europe, par exemple en Norvège, avec des mères qui, bien souvent, sont pires que les pères pour pourrir la vie de leurs filles. C'est ce que Nisha, une jeune fille de 16 ans, va apprendre à ses dépens, elle, la bonne élève, elle qui sait donner le change à ses parents, lorsque Mirza, son père, va la surprendre dans sa chambre en compagnie (très chaste !) d'un garçon de son âge. Ni une, ni deux, direction le Pakistan, chez la sœur de Mirza, chargée d'"apprendre à vivre" à Nisha. Dès lors, la pauvre jeune fille ne va pas cesser de tomber de Charybde en Scylla ! (A propos de Charybde et Scylla et donc du détroit de Messine, on se contentera de préciser que la situation des filles, il y a moins d'un siècle, n'était guère meilleure en Sicile et dans d'autres régions d'Europe, voire de France, que celle qu'on trouve actuellement au Pakistan ou dans d'autres pays du monde !). Tiré de l'expérience personnelle de la réalisatrice, envoyée au Pakistan à l'âge de 14 ans, le film met l'accent sur l'importance du "qu'en dira-t-on" basé sur les rumeurs pouvant courir sur tel ou tel membre d'une famille et qui rejaillissent sur celle-ci.
    On pourra s'étonner de voir des scènes se déroulant au Pakistan, montrant des mœurs d'un autre âge et une police particulièrement corrompue : mais non, ne soyons pas surpris, ces scènes "pakistanaises" ont été tourné chez l'ennemi intime du Pakistan, l'Inde et les actrices et acteurs qui jouent les rôles "désagréables" (père, mère, tante de Nisha) sont toutes et tous ... indiens.
    On terminera par LE défaut du film : toutes les scènes fortes du film sont accompagnées par une musique qui n'est pas qu'inutile : elle est particulièrement nuisible !
    Scénario Catastrophe
    Scénario Catastrophe

    30 abonnés 156 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 10 juin 2018
    Ce film sur l'identité culturelle et le conflit générationnel entre des parents migrants et l'enfant née en Europe est très intéressant, voir même important, parce qu'il représente une réalité pour de nombreuses jeunes filles, victimes de mariage forcé. Le film en lui-même est assez horrible,on en ressort assez dépité. La jeune fille, Nisha, subi les conséquences dramatiques de tout ce qu'elle entreprend et dès qu'on sent une lueur d'espoir, de bien être, celle-ci est écrasée par un châtiment...c'est ce qui rend le film particulièrement difficile. La fin représente spoiler: l'espoir d'une libération en demie-teinte. Avec la caméra qui reste du côté de la maison et Nisha qui s'en va en courant, on peut présager qu'elle disparaitra à jamais pour ne plus revoir cette famille oppressante.
    Ce que je trouve réussi dans ce film, c'est la posture du père, spoiler: qui est un être horrible mais chez qui on peut trouver une once de culpabilité à la fin
    . Il semble beaucoup aimer sa fille et à la fois ignorer ce qu'elle est. L'avis de Nisha est d'ailleurs sans importance, elle est toujours "derrière" et peu de place est réservée à sa parole.
    Marcel D
    Marcel D

    104 abonnés 212 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 9 juin 2018
    Un film qui peut interroger sur le poids de l'éducation, le poids de la société, l'existence du libre arbitre sur le port du voile. Un film que j'ai apprécié mais plus pour la narration que pour sa grammaire cinématographique qui reste très légère. J'ai bien accroché à la première heure, puis j'ai eu un vrai moment de flottement car rien n'évolue vraiment, mais j'ai aimé la fin. Les dialogues ne sont pas très riches, mais les acteurs jouent bien, même s'ils sont toujours dans le même registre.
    traversay1
    traversay1

    3 554 abonnés 4 847 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 8 juin 2018
    Une adolescence norvégienne, normale, ou presque. Si ce n'est que Nisha appartient à une communauté pakistanaise où certaines choses ne se font pas. Un petit faux pas et les conséquences seront terribles. Basé sur sa propre expérience, La mauvaise réputation, le deuxième film d'Iram Shaq, décrit un parcours dramatique entre la Norvège et le Pakistan, sans forcer le trait outre mesure, mais résolument au côté de cette jeune fille kidnappée par sa propre famille. C'est ce qu'on pourra reprocher le plus à La mauvaise réputation, le sentiment que certaines nuances auraient pu rendre le film moins démonstratif, direct et tragique. En particulier avec la figure du père, aimant mais très dur et surtout extrêmement attaché à la tradition et à l'image de sa famille dans sa communauté expatriée et aussi au pays. Ce personnage est fascinant, par le combat qu'il mène entre ce qu'il est censé faire et en ce qu'il croit et ce qu'il ressent au fond de lui. Car tout ses actes ne sont que "pour son bien"à elle, son unique fille. Mais le film ne fait qu'effleurer ses tourments, ce qui est compréhensible étant donné que le récit est bâti uniquement autour de Nusha. Nonobstant ce regret de construction, d'autant plus grand avec la scène finale, très belle, uniquement composée de regards, La mauvaise réputation est un film fort, excellemment écrit et interprété, dont on mettra pas en doute une seule seconde la sincérité.
    desiles ben
    desiles ben

    30 abonnés 204 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 7 juin 2018
    Très beau film,plein de sensibilité. Sur un sujet plus totalement nouveau - une jeune musulmane écartelée entre la culture norvégienne et la culture pakistanaise -, l'auteur du film parvient à émouvoir et surtout à surprendre grâce à son sens de l'intrigue et des rebondissements. S'ajoute à cela un indéniable sens esthétique dont témoigne la manière dont sont filmées les maisons et les rues du Pakistan ainsi que la scène finale tout en mélancolie neigeuse. La solitude de l'héroïne est poignante, certaines scènes sont dignes d'une tragédie grecque...
    Ninideslaux
    Ninideslaux

    78 abonnés 244 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 21 juin 2018
    Il n'est pas insignifiant que ce film nous vienne de Norvège.... La Norvège, représentante de ces pays nordiques pour lesquels le respect des particularités communautaires est sacré!

          Le public de ma salle de banlieue était admiratif, enthousiaste, j'ai dû même dire à une de mes voisines de rangée que oui, c'était magnifique (alors que, comme on le verra, je mets un petit bémol

          La belle (autrefois actrice) réalisatrice Iram Haq a certainement mis beaucoup de sa vie dans l'histoire de Nisha (Maria Mozhdah, une beauté à la Golshifteh Faharani, toute en cils et sourcils...). Nisha est une vraie fille de Norvège, où son père, Mirza (le premier qui dit l"avez vous vu" a droit à une baffe, Adil Hussain) a émigré depuis longtemps pour que les enfants puissent avoir une bonne vie, faire de belles études; il tient une épicerie, mais à son maintien, on peut penser qu'au Pakistan il avait une profession plus relevée. La famille est moderne, l'appartement est à l'occidentale, les femmes ne se voilent pas, et ils n'apparaissent pas particulièrement religieux. Nisha vit donc comme les copines, avec sans doute des règles un peu plus strictes et, légère et agile, elle est passée maître dans l'art de quitter et regagner sa chambre au deuxième étage pour aller faire la fête avec sa bande. Un jour, notre acrobate émérite (et bien irresponsable!) invite un petit rouquin bien norvégien à l'accompagner.... et Mirza les surprend et manque, de peu, d'offrir au rouquin une sortie définitive. Nisha est confiée au services sociaux.... tout le quartier est au courant.... et la famille est déshonorée (bien qu'il ne ce soit rien passé d'irrémédiable!). Père, mais aussi mère, frère aîné, tous portent le poids de la honte! On se détourne d'eux dans la rue, on ne les invite plus.

          Le quartier (enfin, les hommes du quartier) palabre. Que faire? Renvoyer la criminelle dans la famille pakistanaise, pour lui apprendre à vivre. Nisha est littéralement kidnappée et envoyée chez sa tante, dans un bled médiéval à 300 kilomètres d'Islamabad, où toute la famille partage la même chambre.... Quel changement de vie....

          Si je mets un petit bémol dans mon jugement sur le film, par ailleurs passionnant, c'est que dans le chemin de croix de la pauvre Nisha, rien ne lui sera (et ne nous sera) épargné. A force de vouloir être didactique, démonstrative, de nous montrer l'oppression des filles dans cette société fermée (et plus encore au Pakistan où la police s'arroge le rôle de censeur des moeurs et de maître chanteur à l'occasion), Iram Haq en fait presque trop! 

          Où elle est très forte, en revanche, c'est en nous montrant avec délicatesse combien, dans cette famille, on s'aime, et combien en particulier l'amour père et fille est fort. Nisha ne veut pas blesser son père, voire le quitter si l'occasion lui en est donnée, parce qu'elle l'aime. Et sans doute était elle la préférée de Mirza qui lui espérait un bel avenir, même s'il préfère la voir morte que déshonorée.... La scène finale, en particulier, est une petite merveille d'émotion.

          A voir absolument, car cela donne à réfléchir sur la puissance de la pensée communautaire dans des groupes que semblent, en surface, "occidentalisés", mais qui sont perpétuellement assujettis au regard des autres. Mirza, le père tyran, n'est il pas aussi et avant tout une victime -ce que l'acteur Adil Hussain traduit admirablement?
    Yves G.
    Yves G.

    1 454 abonnés 3 480 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 6 juin 2018
    Nisha a seize ans. D'origine pakistanaise, elle vit en Norvège avec son père qui s'est sacrifié pour donner à ses enfants l'espoir d'une vie meilleure, sa mère, son frère aîné qui rêve de faire des études de médecine et sa sœur cadette qui n'est pas encore sortie de l'enfance. Nisha a les loisirs ordinaires des adolescentes norvégiennes de son âge : elle joue au basket, envoie des SMS, flirte avec des garçons... Mais ses parents, soucieux de "ce que les gens disent" (pour traduire mot à mot le titre norvégien), surveillent étroitement l'éducation de leur fille. Tout bascule quand le père de Nisha la surprend dans sa chambre en compagnie d'un garçon.

    Iram Haq sait de quoi elle parle. On imagine volontiers la part d'autobiographie que contient le deuxième film de cette actrice norvégienne d'origine pakistanaise, née à Oslo en 1976, passée depuis quelques années derrière la caméra. Le risque était grand qu'elle y égrène gentiment ses souvenirs, l'histoire d'une jeune fille à cheval entre deux cultures, dont les amourettes adolescentes doivent passer à la censure d'un contrôle parental tatillon.

    Il n'en est rien. La mauvaise réputation choisit le drame façon "Jamais sans ma fille". Au bout de trente minutes, par un saut dans l'espace aussi abrupt qu'inattendu, il nous transporte au Pakistan - l'affiche du film le laissait déjà à moitié présager. Car, pour le bien de sa fille, pour la sauver de la mauvaise réputation que son imp.r.udence lui vaut désormais dans la communauté pakistanaise de Norvège, son père décide de la renvoyer chez sa tante.

    Le film change du tout au tout. La chronique gentillette d'une jolie jeune fille en mal d'intégration en Norvège devient le drame d'une femme kidnappée au Pakistan qui cherche à s'évader. On partage son désarroi ; on espère avec elle un sauvetage ; on est terrassé par son infortune. Bientôt le film prend un second tournant. Nouveau bond dans l'espace dont on ne dira rien sans en dévoiler l'intrigue. Avant de se conclure, on en voit venir un troisième qui n'aura pas lieu car le scénario prend un nouveau chemin, parant l'un des personnages d'une humanité qu'on ne lui espérait plus.

    Ce qui séduit dans La mauvaise réputation c'est sa capacité à bifurquer, à nous entraîner là où on ne s'y attendait pas, à nous surprendre sans cesser de nous émouvoir. Déjà, l'an passé, le réalisateur belge Stephan Streker réalisait "Noces" sur le mariage forcé d'une jeune Belgo-pakistanaise, un des films de mon Top Ten 2017. Le filon est décidément fertile.
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