Valérie Massadian considère Milla comme le dernier volet d'un triptyque sur trois âges charnières. Son précédent et premier long métrage, Nana, suivait une enfant de 4 ans. "Milla, c’est le troisième volet, une fille-mère de 17 ans. Le prochain ira fouiller les tempêtes des 11-13 ans."
On peut entendre dans le film un poème de Marie Ravenel, intitulé La Tempête. La réalisatrice Valérie Massadian précise : "Elle était meunière et poétesse, née au 19ème siècle. Elle a moulu du grain toute sa vie, et écrit un épais recueil de poèmes. Une des nombreuses poétesses prolétaires méconnues, née à Fermanville, là où est tourné le premier plan du film."
Milla marque les premiers pas devant une caméra de Séverine Jonckeere. La réalisatrice l'a rencontrée à Cherbourg parmi d'autres jeunes mères : "Je lui ai dit les seules choses dont j’étais sûre. Que c’était une histoire d’amour et de solitudes en trois mouvements. (...) Séverine souriait en grimaçant, elle savait très bien de quoi je parlais.Tout ce que j‘ai pu raconter à ces jeunes mères venues avec leurs enfants, résonnait en elles. Chez Séverine encore plus que je ne le savais."
Si Milla met en scène deux jeunes gens précaires, la réalisatrice refuse d'inscrire son film dans un registre politique et social : "Je n’aime pas cette idée de «cinéma social»...Toute classification, quelle qu’elle soit m’angoisse un peu, autant pour mon travail que celui des autres. Mais surtout parce que ce qui est nommé cinéma social part souvent d’une position qui est celle de l’observateur. Observer, c’est déjà être à un autre endroit que ceux que l’on filme. Presque supérieur. Et moi, j’ai plutôt la démarche inverse. Je me perds dans mes acteurs pour trouver en eux ce que je cherche."