Les idées à l'origine de La educación del rey ont plusieurs sources. Santiago Esteves était d'abord fasciné par les codes de l’enseignement (Hagakure, Dhammapada, codes de la chevalerie médiévale) constitués d’une série de leçons visant à former les chefs et les guerriers. Le metteur en scène raconte :
"L’idée de l’éducation d’un futur « roi » était également présente depuis le début du projet. On la retrouve aujourd’hui dans le titre : Rey n’est pas seulement l’abréviation de Reynaldo, cela signifie aussi roi en espagnol. J’aime penser que la relation entre Carlos et Rey est la première d’une série de rencontres à l’origine de la transformation de Reynaldo en un nouveau type de leader. Et j’ai enfin été très inspiré par la réalité contemporaine en Argentine, où il existe de plus en plus de sociétés de sécurité privées, qui multiplient les « forces de l’ordre » dans les rues. C’est de cette rencontre singulière entre un monde ancien et cette réalité contemporaine qu’ont surgi les premières ébauches du récit."
Santiago Esteves a voulu concevoir La educación del rey comme un reflet de la réalité contemporaine en Argentine, où une frange importante de la jeunesse appartient à la troisième génération de pauvreté structurelle : leurs parents et leurs grands-parents sont pauvres, ou l’ont été au cours de leur vie, et eux-mêmes vivent comme des marginaux. Le cinéaste explique :
"Les mass media ont façonné et popularisé l’image de l’enfant délinquant, ou pibe chorro, les enfants et adolescents des classes défavorisées ont été stigmatisés par cette appellation. Ils n’ont aucune protection à attendre de la police : l’histoire du vol auquel participe Reynaldo dans le film est née de plusieurs faits divers similaires dans lesquels c’est la police qui utilise ces jeunes marginaux pour commettre des délits."
Si Germán De Silva est un acteur confirmé, le jeune Matías Encinas fait via La educación del rey ses premiers pas au cinéma. Santiago Esteves se rappelle comment il a rencontré le jeune acteur : "Je devais le rencontrer à Mendoza, où ma première assistante, Carina Piazza, l’avait vu dans un atelier de théâtre et m’avait parlé de lui. Au début, j’étais septique : il était plus âgé que le personnage que j’avais imaginé. Mais quand nous avons fait les essais, j’ai vu qu’il apprenait vite, il avait un tel désir de jouer que cela m’a convaincu. Matías a une intelligence et une intuition qui lui ont permis de s’adapter et d’apprendre de tous les acteurs plus expérimentés avec lesquels il a dû jouer. J’ai beaucoup aimé le voir gagner en confiance à chaque pas."
Santiago Esteves a voulu tourner à Mendoza qui est une ville de son enfance et adolescence. Située à côté de la Cordillère des Andes, elle possède un paysage montagneux et désertique à la fois, ce qui accentue le caractère ancien ou mythique du récit. Il précise : "Mendoza est un endroit où le cinéma argentin est souvent allé chercher des images touristiques (la haute montagne, les vignobles), mais jamais les images de banlieues, qui sont pourtant extrêmement intéressantes car elles sont traversées par la nature. Si nous réfléchissons à des mythes dans le cinéma, c’est impossible de ne pas faire référence au western ; c’est pourquoi les paysages de notre propre « far west » ont fait partie de l’identité visuelle du film et, j’espère, l’ont rendu plus fort."
Pour la bande originale de La educación del rey, Santiago Esteves voulait trouver des textures qui donnent une touche universelle aux rythmes, en utilisant la guitare électrique comme principal instrument. Il confie : "Mario Galván a commencé à expérimenter avec ces rythmes et ces textures, puis il s’est beaucoup impliqué durant le montage du film, essayant sans cesse de nouvelles musiques et les adaptant aux scènes du film."
Santiago Esteves est né à Mendoza en Argentine en 1983. Diplômé de psychologie, il a également étudié la réalisation à l’Université de Cinéma de Buenos Aires tout en travaillant en tant que monteur pour des réalisateurs comme Pablo Trapero, Mariano Llinás et Milagros Mumenthaler. Il écrit et réalise plusieurs courts métrages, dont Cinco Tardes Sin Clara (2009), Los Crimenes (Meilleur court métrage latino-américain et Prix de la critique à Huesca en 2011) et Un Sueno Rerurrente (Bafici 2013). En 2015, il réalise la mini-série La educación del rey qu’il modifie par la suite pour en faire un long métrage.