Après Irréprochable porté par une Marina Foïs inquiétante, Sébastien Marnier revient au thriller avec L'Heure de la sortie, son second long métrage qui est une adaptation d'un roman de Christophe Dufossé, sorti en 2002. Le réalisateur explique : "J’ai longtemps espéré que ce soit mon premier film, mais il était certainement trop ambitieux pour un coup d’essai. Alors je l’ai mis de côté, sans jamais en faire le deuil. Même lorsque je travaillais sur Irréprochable, j’en parlais à ma productrice, Caroline Bonmarchand, qui était aussi très intéressée par le projet et m’a poussé à le reprendre. Dix ans après la première version du scénario, je me suis mis en tête de le réécrire intégralement, sans passer par une nouvelle lecture du roman."
Pour constituer ce groupe d'adolescents, Sébastien Marnier a auditionné presque 150 jeunes. Le metteur en scène se rappelle : "Il y a d’abord les deux leaders de la bande, Luàna Bajrami (Apolline) et Victor Bonnel (Dimitri), dont un simple regard sur les photos m’a permis de comprendre que ce serait eux. En fait, je cherchais des acteurs à l’orée de la puberté, des êtres qui étaient encore pleinement des enfants mais qui dégageaient déjà une maturité étrange, presque inquiétante pour leur âge. On a tourné le film il y a plusieurs mois, et c’est assez saisissant de voir ces adolescents aujourd’hui : ils ont mué, quelque chose a changé en eux, ils se sont transformés. Et je suis content que le film soit parvenu à les cueillir au seuil de cette mutation, dans cette période d’indistinction, d’entre-deux totalement fascinant."
Sébastien Marnier a souhaité faire de ce groupe d'adolescents des surdoués pour mieux les démarquer des autres enfants de l’école. Il était par ailleurs nécessaire d’en faire des adversaires intellectuellement coriaces face à leur professeur : qu’ils soient en mesure de le déstabiliser sur son terrain même, celui du savoir et de la pensée. "Ces enfants devaient avoir quelque chose d’exceptionnel, dégager d’emblée une puissance et une sophistication inquiétantes, à l’instar des enfants du Village des damnés ou de ceux du Ruban blanc de Michael Haneke. J’avais également en tête les 7 romans graphiques de Charles Burns et la manière dont il y représentait la monstruosité adolescente", précise le cinéaste.
Jouant chacun un professeur dans L'Heure de la sortie, Grégory Montel et Gringe ont également partagé l'affiche du récent Les Chatouilles aux côtés de Andréa Bescond.
Sébastien Marnier a voulu situer l’histoire de L'Heure de la sortie en pleine canicule pour prendre le contrepied de l’imagerie glauque habituelle du film de genre : la nuit, le brouillard et les teintes froides. Il raconte : "Je voulais qu’on s’installe dans le film comme dans une étuve, que la sensation de cloisonnement, de chaleur, d’étouffement empoisonne progressivement l’esprit du spectateur. Cela tombait d’ailleurs bien, puisque la météo nous a réellement offert des journées de tournage caniculaires. Surtout dans la salle de classe, où il devait faire plus de 40 degrés. L’objectif était que l’on ressente l’affaissement physique et la lourdeur occasionnés par cette chaleur chronique qui agit comme une camisole, au point de rendre fous ceux qui la subissent."
Contrairement au roman, qui est davantage focalisé sur la figure de Pierre et attaché à la radiographie d’un monde enseignant en plein désarroi, Sébastien Marnier a placé, dans son film, les enfants au premier plan de l’histoire. Il a cherché à faire en sorte que le face-à-face entre Pierre et eux fasse constamment battre le coeur de la mise en scène. "Ainsi, à partir du moment où il décide de les suivre et d’enquêter sur eux, les intrigues et les personnages annexes se diluent, toute cette épaisseur feuilletonnesque est discrètement estompée au montage. Mais en vérité, cela accompagne l’évolution de Pierre, dont l’horizon se réduit peu à peu pour ne plus se focaliser que sur les enfants", confie le réalisateur.