« Un homme pressé » avait sur le fond un grand potentiel avec ce thème qu’est la maladie, ici l’AVC qui fauche un homme d’un coup et sans prévenir !
Hélas, après un début assez prometteur et bien fichu quant à la peinture du personnage central, Hervé Mimran a préféré privilégier une forme et un traitement très brut de décoffrage, sans subtilité ou délicatesse, où ce grand patron automobile va devenir suite à cette terrible épreuve, un véritable et amusant « Prince de Motordu », tout droit sorti de l’univers de Pef...
Car ici, tout est en effet orienté sur la prestation de Fabrice Luchini qui en déformant chaque mot suite à des troubles cognitifs, va devenir le seul ressort comique et essentiel de cette réalisation, alors que la relation qu’il va mener avec son orthophoniste (Leila Bekhti) aura évidemment les retombées bénéfiques et salvatrices que l’on attend et espère tous évidemment, surtout venant d’un tel personnage aussi suffisant, méprisant et même odieux avec son entourage !
Cette histoire courue d’avance est donc traitée à coups de serpe, et tout est fortement enjolivé en voulant être même drôle, car certains moments font il est vrai parfois sourire aux entournures !
Et au fond pourquoi pas, sauf que l’humour ici n’apporte même pas l’émotion ou le frisson que ce récit aurait pu apporter, simplement et tendrement, sans s'encombrer de tout ce lot d’artifice inutile et vain !
Une façon de vouloir aborder le drame humain très réductrice, en le minimisant, en enjolivant fortement les conséquences avec tout ce que l’argent peut de plus arranger forcement dans ces cas-là !
Et que d’incohérences sur ce patron censé être amnésique, ainsi que celles accumulées tout au long de cette rééducation, d’autant plus que cet homme aux dents longues nous est montré parfois avec toutes les capacités de pouvoir rebondir...
Sans parler de cette fin absolument impensable dans son cas en tant que projet de rédemption, quand on pense que cet homme se perd déjà dans son propre quartier.
Si bien que Fabrice Luchini finit par ne pas être crédible dans son fonctionnement, à cause de ce cabotinage hésitant qui le décrit à la fois comme celui toujours coriace, tenace et accrocheur, et d’un coup perdu, largué et abandonné pour simplement quelques mots de travers !
Cette réalisation de Hervé Mimran, a vouloir trop en faire, devient finalement de plaisante au début, à de plus en plus agaçante par la suite, et celui qui est passé par les affres de la maladie n’aura sans doute pas la même vision des choses...
Finalement, il n’en reste qu’une comédie inégale et très légère qui ne risque pas de nous bouleverser plus que cela quand on pense à la gravité même du sujet !