David Roux est issu d'une famille de médecins. Son frère aîné est médecin pneumologue en soins intensifs. Pour écrire le scénario de L'Ordre des médecins, le réalisateur l'a suivi dans son travail pendant quelques jours : il mettait ainsi une blouse blanche qui lui permettait de se fondre dans le décor, et l’accompagnait partout. Il se rappelle :
"C’est fou, une journée dans un hôpital. Les médecins, tout comme les autres soignants, sont en permanence confrontés à des situations que nous jugerions aiguës, graves et insolubles. Mais eux, c’est leur quotidien. On comprend très vite pourquoi leur métier nécessite une certaine distance : elle est nécessaire pour rester lucide, pour prendre les bonnes décisions, pour exercer ce métier correctement. Mais je ne voulais pas faire un film réaliste pour autant : la justesse de la reconstitution était un impératif pour que, sur ce socle, une fiction plus intime puisse se déployer."
David Roux est né en 1977 à Paris. Journaliste de théâtre pendant quinze ans, il a également été assistant réalisateur et responsable littéraire dans une société de développement cinématographique (Initiative Film), avant d’aborder l’écriture et la réalisation de courts-métrages (Leur jeunesse en 2012, Répétitions en 2014). L’Ordre des médecins est son premier long‑métrage.
L'Ordre des médecins est directement inspiré de la période où la mère de David Roux était malade. Certains moments très précis que le metteur en scène a vécu ont ainsi été décisifs dans la genèse du projet. Celui par exemple où, alors que sa mère était hospitalisée dans un état critique, son frère avait dû annoncer un cancer à une patiente à peu près du même âge. Il confie :
"Alors qu’il faisait ça tous les jours, tout d’un coup, dans cette situation, avec notre mère si mal en point, ce n’était plus pareil. Il y avait là, dans ce choc entre le professionnel et l’intime, quelque chose d’abyssal. Je me suis dit que c’était peut-être la matière pour un film. Mais je n’ai commencé à écrire à proprement parler que deux ans plus tard. Et j’ai alors beaucoup louvoyé. Les thématiques étaient déjà là mais les personnages de Simon et de sa mère étaient très secondaires. C’était Agathe, la jeune interne qui était le personnage principal et c’est à travers son regard que l’on suivait de loin les affres de Simon avec sa mère."
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David Roux, qui signe sa première réalisation de long métrage, a écrit L'Ordre des médecins dans le cadre de l’Atelier Scénario de La fémis. Ce sont Nadine Lamari, son encadrante, et ses camarades de l'école qui l’ont poussé à admettre quel était vraiment le sujet du film. Dès lors qu’il était clair qu'il devait écrire sur la mort de sa mère, David Roux a pu accueillir toute cette matière très personnelle dans le film. Le réalisateur précise au sujet de cette expérience libératrice :
"Tenir à distance l’histoire intime me demandait beaucoup plus d’effort que de m’y plonger. Finalement, ma mère, mon frère et énormément de détails de ma famille et de mon entourage se sont progressivement invités dans le film. Mais d’une façon très naturelle, et presque assez joyeuse. Et évidemment, en termes dramaturgiques, tout l’aspect plus quotidien, plus chronique du projet a enfin été mis sous tension. J’ai l’impression aujourd’hui que plus qu’un film sur l’hôpital, L’Ordre des médecins est devenu un film sur la famille."
D’emblée, David Roux avait pour idée de faire un huis clos au sein de cet univers gigantesque, complexe et vorace qu'est l'hôpital. Le personnage de Simon y passe la majorité de son temps, ce qui laisse peu d’espace à sa vie privée. Le réalisateur explique : "Alors au moment où sa mère tombe malade, il voudrait que tout ce à quoi il a dédié sa vie depuis vingt ans puisse avoir un sens. Faire l’expérience de son impuissance à cet endroit précis où il a tout investi et trouvé sa place est très douloureux pour lui. Il est totalement perdu…"
L’Ordre des médecins est directement inspiré du frère de David Roux. D’ailleurs, s’il n’avait pas validé le scénario, le metteur en scène aurait abandonné le projet. Mais il y a tout de même plusieurs choses qu’il n’a pas vécues de la même façon que Simon, le personnage principal. "J’ai évidemment beaucoup projeté sur ce personnage mes propres sentiments, ma propre impuissance face à la maladie de ma mère. Les histoires vécues ne font pas forcément des films. Il ne suffit pas d’injecter des anecdotes très fidèles à la réalité, il faut ensuite que le récit impose sa loi. La fiction a rapidement repris le dessus : le personnage du père par exemple, qui est un peu perdu, un peu hagard, est très éloigné de la réalité. Mon père, qui est médecin lui aussi, savait tout, comprenait tout. Ça ne devait d’ailleurs pas être moins terrifiant…", raconte David Roux.