« Bonhomme », après l’avoir digéré et compris comme tel, est à mon avis un très bon film qui risque d’en bouleverser ou secouer plus d’un par le sujet traité...
Autant y être préparé à l’avance pour celles et ceux, déjà confrontés aux accidents de la vie, où les lendemains ne sont brutalement plus ce que l’on croyait !
Il est difficile, de sortir indemne de cette histoire, avant tout bien sûr pour nos deux héros à l’écran, atrocement atteints dans leur âme et dans leur chair par cet événement soudain qui fera tout basculer, mais aussi par le spectateur plus tout jeune, parent ou même déjà grand-parent qui sera amené à réfléchir à la fragilité de la vie quant à ses propres descendants...
C’est ainsi que ce film difficile où la nécessité de survivre, de revivre et même se renaître est intensément et formidablement montrée, devient franchement intéressant !
Si l’axe développé à travers la sexualité débridée de Piotr, peut sembler réducteur, voire même déstabilisant, c’est pourtant un excellent moyen de mesurer l’impact de cette trou béant, par tout ce pan de vie que l’on a ôté à cet homme réduit à quasiment des seuls besoins physiques, alors que tout le côté émotionnel n’a plus sa place !
C’est bien là, dans ce registre extrêmement difficile qu’excelle Nicolas Duvauchelle, complètement habité par son rôle au point de devenir effrayant, par ce comportement si imprévisible, dérangeant et cependant compréhensible.
Une performance incroyable que vient d’ailleurs conforter Ana Girardot, qui par là même en tant que compagne amoureuse, aidante et soignante, surprend et convainc brillamment !
Ce couple va vivre ce changement de cap radical, pour ne pas dire cette descente aux enfers, avec un rendu d’un réalisme très impressionnant au cœur de cette cité où se mêlent les habitants, quelques parkings et commerces ainsi que des franchises de grande distribution aux sordides objectifs !
Évidemment, ici point d’intrigue ou de rebondissements sensationnels, mais des choix de vie, des combines, du bricolage pour colmater le tout, afin d’essayer avec amour de continuer coûte que coûte ce bout de chemin avec un Piotr devenu complètement différent.
Quelques choix à ce sujet au niveau du scénario sont peut-être discutables, mais il faut reconnaître que par le jeu de ces deux acteurs, tour à tour creusés, vidés, la peau de plus en plus blanche et les yeux fatigués, Marion Vernoux a su réaliser un film extrêmement puissant, juste et essentiel !
Un seul bémol quant à la scène finale et ce qu’elle laisse supposer, un peu trop belle dans ce contexte très précaire.
Maintenant le thème de cette réalisation peut évidemment faire peur, déstabiliser, angoisser et faire craindre le pire, car ce genre de drame n’arrive malheureusement pas qu’aux autres...