Mme Mills, une voisine si parfaite est la troisième réalisation de long métrage de Sophie Marceau après La Disparue de Deauville (2007) et Parlez-moi d'amour (2002). La réalisatrice explique pourquoi elle a attendu plus de dix ans avant de se lancer à nouveau dans la mise en scène : "Je suis du genre à m’octroyer de longues périodes de vide, mettre mon imaginaire à contribution en quelque sorte, pour me sortir du « rien faire » qui me rend dingue. Je brasse tout le temps des tas de projets, mais pour que je les mette sur pied il me faut un déclic."
Le pitch de Mme Mills, une voisine si parfaite rappelle un peu celui de Madame Doubtfire (1994) dans lequel le personnage de Robin Williams se déguisait en respectable gouvernante irlandaise dans le but de pouvoir voir ses trois enfants desquels il avait été privé suite à son divorce.
C'est lors d'une soirée que Sophie Marceau a eu le déclic quant à l'idée du point de départ de Mme Mills, une voisine si parfaite. La cinéaste y avait entendu un acteur dire qu’il aimerait jouer un rôle de femme... "Comme je raffole de tout ce qui touche au déguisement, à la métamorphose et au changement d’identité, ça a tout de suite fait tilt. Dans la seconde même, j’ai eu envie d’écrire un film romanesque qui vous embarque, comme ça, à toute allure, comme un toboggan. Une comédie, bien sûr, parce que c’est idéal pour les histoires rocambolesques, que ça permet d’échapper aux pesanteurs de notre époque, et puis aussi parce que j’adore ça", se rappelle la cinéaste.
Le premier film de Sophie Marceau, Parlez-moi d’amour, était une chronique dramatique autobiographique, et le second, La Disparue de Deauville, un polar hitchcockien. La réalisatrice explique pourquoi elle a voulu se frotter à la comédie avec Mme Mills, une voisine si parfaite : "J’ai bientôt quarante années de carrière derrière moi. J’ai « vécu » beaucoup de choses, parfois assez sérieuses, à travers mes rôles. Aujourd’hui, peut-être parce que j’ai l’impression d’être devenue plus légitime dans ce métier, je suis moins « tendue ». Et après des années de vie un peu éprouvante j’ai eu besoin de me sentir plus légère aussi, plus libre, de m’amuser. D’où cette envie de me lancer dans une comédie."
Lorsque le film était au stade de projet, il s'appelait "Mrs Mills" avant de devenir Mme Mills, une voisine si parfaite.
Lors de la conception de Mme Mills, une voisine si parfaite, Sophie Marceau s'est inspirée des films de plusieurs maîtres de la comédie comme Billy Wilder, Frank Capra, Sydney Pollack, Mel Brooks. Certains l’aiment chaud de Wilder est l’un des films que la cinéaste préfère : "Les déguisements et la voix de Jack Lemon me font mourir de rire. J’adore aussi les comédies endiablées des années 60, 70 et 80, surtout celles de Philippe de Broca et de Jean-Paul Rappeneau. Tootsie fait également partie de mes films « fétiche ». J’aime le cinéma qui me fait rire et m’émerveille en même temps. Et je ne résiste pas aux films qui mettent le spectateur dans la confidence."
En écrivant le film, Sophie Marceau ne pensait pas à quelqu'un en particulier pour incarner les personnages. Elle devait même à l'origine simplement écrire et développer le scénario en tant que productrice. Au fil de l'écriture, elle a cependant compris qu'il s'agissait de son sujet et que la réalisation coulait de source. Marceau confie :
"Après seulement avoir fini d’écrire le scénario quand il s’est agi de trouver une actrice pour être Hélène, je me suis dit qu’il serait sans doute beaucoup plus simple et plus rapide pour moi que je la joue. Je l’avais inventée. Je la connaissais par coeur. L’incarner était en quelque sorte dans la continuité de mon travail d’écriture. Ça n’allait pas alléger ma tâche, parce que jouer est un gros boulot, mais ça allait me permettre de me consacrer plus aux autres comédiens, de les embarquer concrètement dans l’humeur des scènes."
Sophie Marceau voulant donner une dimension internationale à son histoire, une partie de Mme Mills, une voisine si parfaite se passe à Shanghai. Elle justifie ce choix : "Mme Mills n’est pas un escroc à la petite semaine ! D’où cette idée qu’elle essaie de rouler un collectionneur étranger. Pourquoi un chinois ? Je vais depuis longtemps très souvent en Chine, notamment à Shangaï où j’adore me perdre. C’est à la fois une capitale ultramoderne du business et en même temps une ville très mystérieuse où circule une énergie folle."
Pierre Richard nous en dit plus sur la manière avec laquelle il est parvenu à entrer dans la peau d'une femme (ou plutôt d'un homme se faisant passer pour une femme) : "On travaille d’abord son aspect extérieur. Je ne l’avais pas mesuré, mais c’est un boulot fou. Il faut mettre au point le bon maquillage, ni trop, ni trop peu. Il faut trouver les prothèses adéquates qui vont féminiser votre morphologie d’homme. Grand, petit, mince ou gros… On ne peut pas s’affubler des mêmes fausses « doudounes » et faux ventres. Il y a aussi, les robes. Lesquelles choisir ? Quels styles ? Quelles couleurs ? Quelles coupes ? J‘ai fait beaucoup d’essayages devant Sophie, ce qui nous a valu quelques bonnes crises de fous rire. Et puis, il y a le choix des perruques. Une vraie plaie! Il faut les coller, elles tiennent chaud. Tous ces éléments étant minutieusement mis au point, je n’avais pas prévu que me transformer en Mme Mills allait, quand même, chaque jour, me prendre deux heures. Moi qui suis un impatient, me maquille d’habitude en dix minutes et m’habille en quatre ! Bizarrement, je m’y suis fait très bien. Me sortir du lit à cinq heures et demi du matin ne m’a pas trop coûté. Je suis un lève-tôt et, à dire vrai, cette transformation quotidienne m’amusait."