En pleine tempête est un assez bon film, qui toutefois est un peu long et dispose d’une dramatisation pas toujours très crédible.
Les acteurs sont globalement bons, et à vrai dire on pouvait s’y attendre compte tenu d’un casting soigné jusque dans les seconds rôles, puisqu’on retrouve en effet pour le casting féminin, plutôt en retrait tout de même, Diane Lane, Karen Allen, Mastrantonio, toutes des actrices efficaces et convaincantes. Coté masculin Clooney s’empare de la vedette. Il se montre étonnant en capitaine de navire de pêche, et il affirme un charisme certain, face à un équipage de marins bien campé, et dans lequel on trouve un Wahlberg pas encore auréolé d’une bien grande réputation. Globalement En pleine tempête amorti donc plutôt bien son investissement.
L’histoire est plaisante. D’une part relatant des faits réels (romancés bien sur) et nous immergeant dans le monde peu exploité de la pêche en haute mer. Toutefois le film n’est pas totalement convaincant. D’une part il tend à être plutôt lancinant, surtout dans sa seconde partie. On a un peu l’impression de s’enliser par moment. En fait le souci c’est que, comme je le prévoyais, le film ne peut durer qu’en nous montrant un combat qui s’éternise un peu entre les marins et la tempête, et malgré la volonté de nous donner quelques rebondissements, cela ne cache pas un coté prétexte peu convaincant. Cela jusqu’au final solide, mais malheureusement la gradation en amont n’est pas très bonne. De surcroit le film est long à démarrer, la tempête n’arrivant que tardivement, la partie exposition n’étant pas très passionnante, et toute la partie avec les sauveteurs présente beaucoup d’incohérences. Survivre dans l’eau sans gilet de sauvetage à la tempête du siècle avec des vagues de 15 mètres j’ai quelques doutes sur la crédibilité ; être nigaud au point de croire à un ravitaillement aérien dans ces conditions pour des bonhommes chevronnés, tout cela parait avec bien d’autres éléments assez peu crédibles, et dessert un film qui cherche justement une approche plus réaliste.
Visuellement on notera un coté classieux certain, du fait d’un budget des plus honorables. La tempête manque de puissance tout de même. C’est censé être la tempête du siècle pas un ouragan à deux balles ! Quelques scènes spectaculaires certes, mais curieusement les scènes les plus impressionnantes se passent peu avant la tempête, avec une sacrée bestiole notamment et une séquence « un homme à la mer » des plus réjouissantes. Après il y a plein de vagues, mais forcément comme elles n’engloutissent ni les hommes ni les bateaux elles sont moyennement impressionnantes dans leur ensemble. Malgré tout les effets spéciaux sont réussis, surtout pour un film qui commence à prendre du plomb, et coté décors et photographie il n’y a pas grand-chose à redire. Petersen livre une mise en scène convaincante, mais il a une fâcheuse tendance à se répéter, et à pousser à outrance la dramatisation des scènes, de sorte qu’elles finissent par être lassantes. Le morceau de bravoure de Clooney, le passage filet style Fort Boyard de l’ancien temps, tous ces passages souffrent de cette accentuation forcenée qui ne leur confère pas vraiment la dimension épique attendue. Quant à la bande son elle est correcte, même assez bonne, mais ce n’est pas un vrai argument ici.
Au final En pleine tempête est un métrage tout à fait regardable, mais qui a les défauts que l’on pouvait attendre de lui. La tempête n’occupe que la moitié du film, on se coltine deux parties dont une, celle des sauveteurs, est juste passable, et Petersen à tendance à vouloir en rajouter une louche. Je lui donne 3, car c’était tout de même une des grosses productions de son époque, et que je suis toujours plus sévère quand l’équipe du film avait tout à sa disposition pour livrer un travail excellent. En étant gentil il est surement possible de monter jusqu’à 3.5.