C’est, dit-on, et cela se sent à sa vision, le film le plus personnel de l’auteur. Personnel au sens où le personnage principal, prénommé Andrei, comme Tarkovski, est clairement son alter égo : un artiste Russe « exilé » en Italie, en proie à la souffrance et incapable de savourer les beautés (artistiques entre autres) qui l’entourent, et dont la famille est restée en Russie. C’est un film pessimiste et désespéré, difficile à pénétrer. Il oscille entre noir et blanc et couleur, comme il oscille entre souvenirs, rêves et réalité, comme aussi entre un intimisme trouble et impalpable et une réflexion (un peu caricaturale) sur la « normalité ». L’environnement aqueux et glauque, comme la bande son alternant bruits agressifs de travaux humains (hors champ) et bruits de gouttes d’eau stagnante contribuent à l’impression de désolation angoissée du film. Bien sûr, comme toujours avec le cinéaste, on ne peut qu’admirer la merveilleusement soignée composition des plans, et être ému par cet homme qui s’accroche, sans conviction, à l’illusion dérisoire d’une utilité, voire d’une foi. Mais le film souffre quand même de scènes trop étirées, et il lui manque le souffle des chefs-d’œuvre du maître.