Surprenant que ce film qui nous fait immédiatement penser aux débuts de Zhang Yi Mou (épouses et concubines....) soit français! Tourné en Chine, évidemment, avec tous les égards dus à une superproduction historique.
Charles de Meaux est évidemment un homme cultivé. Et passionné d'Asie, et d'histoire! Voilà qui nous le rend sympathique....
Au début, il y a ce petit tableau de l'impératrice Ulanara, dont on ne sait pas grand chose, sinon qu'elle fut l'épouse de l'empereur Qian Long, (après avoir été sa seconde épouse), après la mort de la première impératrice. On sait qu'elle tomba ensuite en disgrâce.
Ce portrait a été peint par le jésuite français Jean-Denis Attiret. Attiret était peintre avant d'entrer dans les ordres. C'est donc tout naturellement qu'il fut volontaire lorsque les jésuites présents à la Cour de Pékin cherchèrent à recruter un artiste, pour accompagner un autre fameux peintre jésuite, le père Castiglione. Le travail d'Attiret plut particulièrement à Qian Long, avec qui se noua une véritable amitié (malgré la terrible étiquette de la cour de Pékin!); Qian Long aurait aimé qu'il devienne mandarin, et lorsque Attiret mourut, il lui fit de magnifiques funérailles....
Voilà les faits à partir desquels Charles de Meaux a brodé!
Ulanara nous est présenté comme malheureuse, jalouse car l'empereur (Huang Jue) la délaisse au profit de concubines.... Fan Bingbing, l'idole du public chinois, est trop belle. Belle, non, elle est sublime. Ses robes, ses bijoux (on veut ses boucles d'oreille!), ses coiffes sont sublimes et en font une véritable déesse.... Comment imaginer que le coeur pur du frère Attiret ne soit pas troublé? Melvil Poupaud est très très bien.
Attiret s'interroge aussi sur la véritable mission des jésuites en Chine. Castiglione (Thibault de Montalembert) pense que c'est en travaillant pour l'empereur, en réalisant des oeuvres d'arts, des palais, des jardins "à l'occidentale", en prenant donc place parmi les intimes de la cour qu'ils arriveront, in fine, à la convertir au christianisme -car c'est quand même ça, leur mission première! Evidemment, nous savons bien que ce projet était absurde....
Bref, c'est beau comme un film chinois. Intérieurs, paysages, tout est beau. C'est imbibé de culture chinoise, cela nous montre les traditions, l'étiquette, c'est donc didactique; c'est intelligent. Le cinéma français, quand il le veut bien, peut donc faire ça aussi, pas seulement des comédies débiles ou des thrillers bien calés.
C'est à voir, à admirer, à savourer.