Tueurs s'inspire d'un fait réel qui n'a jamais été élucidé en Belgique, l'affaire des tueurs du Brabant. Ces criminels ont terrorisé le pays durant les années 1980, exécutant froidement leurs victimes lors de violents et sanglants braquages. François Troukens a voulu mélanger cet horrible fait divers avec d'autres intrigues politiques impliquant l'état et les services secrets, s'inspirant par exemple de l'attentat de la gare de Bologne survenu en 1980. Ce crime toujours nimbé de mystères est emblématique de la "stratégie de la tension", théorie selon laquelle les USA, via la CIA, oeuvraient en secret pour déstabiliser l'Europe.
Le film s'appelait au départ "Tueurs : la stratégie de la tension" en rapport avec l'attentat de la gare de Bologne de 1980, avant d'être finalement rebaptisé sobrement "Tueurs".
A noter la présence du comédie belge Kevin Janssens, moins connu que ses compatriotes Olivier Gourmet et Bouli Lanners, et qui avait livré une prestation particulièrement marquante dans le violent thriller Les Ardennes sorti en 2015. Le comédien y incarnait un ex-détenu fraîchement sorti de prison au comportement extrêmement dangereux.
Tueurs est le premier long-métrage mis en scène par François Troukens. Le cinéaste est un gangster repenti, bien connu du grand banditisme belge. Il s'est formé à la littérature et aux métiers du cinéma durant son séjour derrière les barreaux. C'est là que le futur réalisateur a puisé son inspiration pour ce polar, utilisant son expérience pour nourrir son scénario.
En premier lieu, François Troukens avait envie d’écrire une fiction encrée dans la réalité qui est la sienne, un film de gangsters avec des personnages qui ont l’honnêteté de leur engagement. "Des hommes fascinants, révoltés par leur propre condition, qui ont l’audace folle de vouloir la dépasser, au mépris des risques. Un milieu restreint où le panache et le courage forgent la reconnaissance Ces personnages ont une part de romantisme", explique-t-il.
Même si François Trouken voit le grand banditisme comme un milieu restreint où le panache et le courage forgent la reconnaissance, il n'a pas voulu en faire l’apologie. Le metteur en scène précise : "Ces personnages ont une part de romantisme. Ils poursuivent un rêve, une sorte de Graal ; le coup fabuleux qui leur permettra de disparaître sur une île, avec femme et enfants, pour le restant de leurs jours. C’est souvent la prison qui les attend, entraînant avec eux leur entourage dans un avenir sombre et sinistre. En regardant à travers les barreaux de ma cellule, je me suis décidé à raconter ce qui m’avait emmené dans ce triste décor. J’allais m’inspirer librement de mon itinéraire et le porter à la lumière d’une fiction."
Dans le but d'être crédible dans la peau de ce braqueur chevronné qu'est Frank Valken, Olivier Gourmet s'est astreint à une préparation physique intense lui ayant fait perde 20 kilos. Au programme : sport, maniement d'armes, mise en situation, etc. Le tout chaque jour pendant deux mois et sous la supervision d'un "ancien voyou" que connait bien François Troukens.
Lorsqu'il était incarcéré, François Trouken a croisé la route d’une série de personnes ayant été mêlées de près ou de loin aux affaires dont le film s'inspire (l'assassinat de l’homme politique congolais Patrice Lumumba par les services secrets belges ; les tueurs du Brabant qui firent 28 morts et des dizaines de blessés graves ; les Cellules Communistes Combattantes et leurs attentats). Le réalisateur développe :
"Hormis des truands, en prison, j’ai rencontré d’anciens flics, un magistrat et même un Ministre. Des personnages dont il suffisait de m’inspirer pour qu’ils prennent vie dans cette fiction contemporaine. À travers ce genre résolument populaire, la thématique en filigrane, c’est la surmédiatisation de certains prévenus que je dénonce. Les parquets les instrumentalisent et les façonnent. Ils deviennent des ennemis publics n°1. Des personnages qu’on agite comme des marionnettes. Jeux de dupe. Manipulation. Lutte de pouvoir. Manoeuvres politiciennes. L’histoire de Frank Valken est une pure fiction. Trente ans plus tard, les tueurs reviennent effacer leurs traces à la suite de nouvelles révélations. Afin de brouiller les pistes, une cellule secrète manipulera les indices afin qu’ils désignent les braqueurs comme les parfaits coupables. La presse n’a plus qu’à boire le jus acide qu’on leur aura servi…"