Wow !
Après la réussite de Mister Babadook, Jennifer Kent prouve qu'elle est une des réalisatrices actuelles les plus audacieuses et intelligentes en terme d'écriture, ainsi qu'une vraie auteure à suivre pour les prochaines années.
Un second film qui cependant est pour public averti, qui remue, et qu'on oublie pas après le visionnage.
On y suit Clare, une jeune et belle irlandaise travaillant en tant que domestique au sein d'un avant-poste britannique de la Tasmanie coloniale en 1825. Un drame horrible va survenir, et Clare se lance dans une quête de vengeance, à la poursuite de l'homme responsable. Lors de son périple dans un pays qui n'est pas le sien et en proie à des atrocités sans nom sur les locaux, elle fera route avec Billy, un Aborigène vendu comme esclave.
The Nightingale est un film choc, un uppercut sans concession et osé qui n'épargne pas le spectateur. La première demi-heure pose admirablement le contexte et les enjeux, et offre par ailleurs une séquence extrêmement dérangeante qui sera motrice pour le reste des évènements. Néanmoins, durant les 2h10 de film, jamais cette violence n'est gratuite. Jennifer Kent dépeint une réalité historique et une cruauté ayant réellement existé lors de la Guerre Noire (conflit ayant duré une dizaine d'années entre lescolons anglais et les aborigènes australiens).
Une leçon d'histoire qui ne caresse définitivement pas dans le sens du poil, d'une époque où la justice n'existait pas, où le racisme était légion, et où toute civilisation restait relevait plus d'un Far West sans foi ni loi. L'excellente mise en scène de Jennifer Kent (avec un format de 1:37) nous fait vivre l'action au plus près : point de glamourisation, c'est âpre et viscéral. La production design et la reconstitution d'époque participent très bien à l'immersion, tout comme le score très discret de Jed Kurzel.
Mais si il y a clairement un élément qui ressort,c'est son casting, en particulier Aisling Franciosi (qui avait fait une brève apparition en Lyanna Stark dans Game of Thrones).
Son personnage ne devient pas un archange vengeur en 2claquements de doigts, non, l'écriture est exemplaire, s'intéressant avant tout aux répercussions psychologiques et son évolution mentale, provoquant une empathie immédiate. La violence du métrage et du monde dans lequel elle évolue booste également Clare et contribue à son évolution.
Proposant un jeu plein de maturité, recquérant une réelle sensibilité et une force de caractère, on tient ni plus ni moins qu'une révélation et la performance fféminine de l'année.
A côté Baykali Gaynambarr (Billy) livre une interprétation impressionnante dans un tout premier rôle au cinéma, et Sam Claflin propose la peinture d'un être absolument détestable et machiavélique, également sa meilleure performance pour un rôle à contre-emploi (notamment dans des scènes que n'importe quel acteur aurait du mal à jouer).
The Nightingale est donc la confirmation d'une grande réalisatrice en devenir, pronant également un empowerment absolument pas putassier ou niais. Un film dur, éprouvant, capable d'offrir des moments de rares moments de beauté saisissants (la fin ne va pas sur les sentiers battus ou sur ce qu'on est en droit d'imaginer d'un revenge movie), et qui ne laisse définitivement pas indemne.
C'est excellent !