"Je me suis toujours demandé à quel point une caméra pouvait pousser les gens à faire des choses qu’ils n’oseraient pas faire en temps normal. André aurait-il agi de la même manière sans cette équipe de télévision ?
André est un citoyen lambda. Il aurait très bien pu être boucher ou libraire, mais la figure du prêtre, qui est censé incarner la raison et le calme, me semblait plus intéressante pour soutenir mon propos.
C’est une mise en scène du conflit entre l’individu qui cherche à reprendre son destin en main et le poids d’une société régie par l’argent et la réussite."
André est une ancienne idée qu'a eue Jonathan Gallaud il y a plusieurs années. Le cinéaste a par ailleurs toujours été intéressé par les personnages qui dérapent quand on ne s’y attend pas et c'est pour cette raison qu'il a choisi de centrer son film sur ce curé pas comme les autres. Il confie : "J’avais aussi envie de mettre en avant la solitude de ces mecs qui sont censés nous montrer le droit chemin, mais qui malgré tout restent des hommes comme les autres avec les pulsions et les envies qui vont avec. C’est comme ça qu’est né ce personnage de curé de campagne, un peu punk dans l’âme, d’où son admiration pour Guy Gilbert et son idée de programme d’évangélisation des prostituées."
A l'origine, Jonathan Gallaud voulait faire un faux « Striptease » et faire croire au public que les rushes avaient fuité après un refus de diffusion par la chaîne. Mais il s'est rapidement rendu compte que cela ne marchait pas et a donc décidé, au bout du 3ème jour de tournage, de partir plutôt sur le genre du documenteur. Le réalisateur poursuit :
"Ce qui est marrant et troublant à la fois, c’est que les gens ont tout de même un doute en voyant le film. Pas mal de spectateurs m’ont demandé, lors de la première projection du film au festival international du film grolandais de Toulouse, si c’était un vrai documentaire. Et soyons honnêtes c’était également pour moi une façon de s’affranchir des problèmes de maquillage, de lumières ...que nous n’avions pas les moyens de financer !"
Jonathan Gallaud a intégralement produit le film avec l’aide de son frère et de sa femme. En gros, André a coûté environ 8 500 euros pour une quinzaine de jours de tournage. "En fait, ce n’est pas si compliqué : il faut économiser pour payer les impondérables (transport, accessoires, costumes, régie, etc.), trouver une équipe de professionnels prêts à bosser gratuitement, convaincre des potes de vous prêter une caméra et demander de l’aide à droite à gauche", explique le metteur en scène.
Les inspirations du film ont été, pour Jonathan Gallaud, C’est arrivé près de chez vous de Rémy Belvaux, Vampires de Vincent Lanno et bien sûr l'émission « Striptease ». Il y a également la bande-dessinée « Soda » et l’abbé joué par Dominique Bettenfeld dans Dobermann de Jan Kounnen, "qui ressemble à ce que pourrait devenir André", selon Gallaud.
La fin du film entrouvre la porte à une suite. Jonathan Gallaud et le scénariste Arnaud Goupil ont cherché à faire une fin « ouverte », "un peu comme dans la saison 4 de Breaking Bad qui laissait le choix au téléspectateur de s’arrêter ou de continuer pour une saison de plus", d'après les propres mots du réalisateur. Il poursuit : "Ici c’est un peu la même chose, sauf que dans nos têtes, il est clair que l’histoire continue. D’où le carton « A suivre » à la fin du générique. J’aimerais bien qu’André, le personnage principal, parte vraiment en vrille dans la suite. La petite graine est posée dans sa tête, elle n’attend plus qu’à éclore. On peut dire que tout ce qui se passe dans ce premier film est la genèse de quelque chose qui sera très différent."