Occidental est le premier long métrage de fiction de Neïl Beloufa, artiste et réalisateur français et algérien dont certains travaux ont été présentés au MoMA et au Palais de Tokyo. L'intégralité du décor du film a été construite dans son atelier à Villejuif. À la fin du tournage et le temps du montage d'Occidental, décor, studio et atelier furent transformés en un centre d’art contemporain nommé "Occidental Temporary" : "Selon le principe d’économie circulaire au coeur de mon travail de plasticien, le décor est redevenu une installation. La première exposition que j’y ai organisée figurait uniquement des oeuvres des personnes qui ont été associées au film, dont un de mes acteurs, Paul Hamy. Ensuite, j’ai pu inviter différents commissaires d’exposition à développer des projets qui n’avaient pas nécessairement de lien avec le décor de l’hôtel."
L'idée d'Occidental a germé dans l'esprit de Neïl Beloufa lorsqu'il avait 22 ans : "La tenancière d’un hôtel m’avait raconté une anecdote sur deux voleurs d’hôtel et que les policiers ne croyaient pas à son histoire." Pour lui, il n'y a pas de différence entre réaliser un film de cinéma et un film d'art contemporain, si ce n'est qu'Occidental "n’a aucune valeur si on ne le regarde pas en entier ou s’il est masqué par un dispositif. Il ne peut être montré que dans une salle de cinéma."
Occidental semble se dérouler de nos jours, pourtant les costumes ainsi que le décor de l'hôtel renvoient aux années 70. S'il réfute l'idée d'avoir cherché une esthétique rétro, le réalisateur s'est amusé avec ce qu'il appelle "les formats issus de « l’âge d’or » des vacances globalisées (...) avec ses noms comme le Best Western, le Continental, l’Hôtel d’Europe. Cette culture issue du tourisme international, non pas celle des palaces mais celle qui est désormais accessible aux classes populaires, correspond à mon sens à la grande victoire globalisée du libéralisme. (...) Entre les années 1960 et 1990, qui correspond à la période de constructions de ces hôtels, on peut considérer qu’il y a une forme de transmission d’idéologies, ou pour le dire autrement une colonisation par le tourisme."
Parmi les films qui l'ont influencé pour Occidental, Neïl Beloufa cite Comme un torrent de Vincente Minelli, Haute pègre d’Ernst Lubitsch ou encore Johnny Guitare de Nicholas Ray : "Ce sont trois films où je trouve qu’il y a des propositions de société et des relations très complexes que nous n’avons plus l’habitude de voir au cinéma. Formellement, ce sont également des films baroques qui passent soit par l’humour, le kitsch ou le décor pour introduire des idées subversives." Il apprécie également Muriel d’Alain Resnais pour sa capacité à déconstruire et à manquer son objet de scénario.