Avant que nous disparaissions est à l’origine l’une des pièces les plus connues de la Compagnie de Théâtre Ikiume. Elle a été jouée pour la première fois au Japon en 2005, puis en 2007 et 2011. Après sa première production au théâtre, la pièce a été adaptée en 2007 par son auteur, Tomohiro Maekawa, sous forme de série dans le Da Vinci magazine et le roman sera publié par Kadokawa Novel en juillet 2017.
"Je souhaitais respecter autant que possible la localisation de l’intrigue, dans un quartier proche d’une base militaire américaine. J’ai déjà adapté plusieurs romans, mais c’est ma première adaptation d’une pièce de théâtre. Ce qui m’a attiré, c’est le fait que cette pièce soit une parodie des films de science fiction des années 50, avec le côté invasion extraterrestre. Cela m’a beaucoup plu car la science fiction est un genre auquel je voulais me frotter depuis des années", confie le réalisateur Kiyoshi Kurosawa.
Kiyoshi Kurosawa analyse la portée politique de son film et sa résonance sur le monde actuel :
"Pendant les années 1950 où les films de ce genre connaissaient un grand succès, nous étions en pleine Guerre Froide, une période où la vie quotidienne de tous était empreinte d’une anxiété permanente. Un simple malentendu pouvait immédiatement mener à une guerre mondiale. De plus, beaucoup de médias utilisaient ce danger tout comme le secteur du divertissement qui s’en moquait en la mettant en scène et en calmant ne serait-ce qu’un peu, les inquiétudes que les gens pouvaient ressentir Ceci étant dit, je ne peux pas mesurer précisément le danger dans lequel le monde se retrouve actuellement. Toutefois, ces dernières années, il m’est parfois arrivé de sentir un certain malaise dans ma vie quotidienne. Ce malaise provient du fait que le monde traverse actuellement une période particulièrement risquée, menaçante. C’est ce qui se dégage de mon film, c’est certain."
Kiyoshi Kurosawa revient sur ses influences cinématographiques : "La SF est un genre que j’affectionne particulièrement en tant que spectateur dans tous les cas donc j’en ai vu un certain nombre. Si je devais donner le nom d’un film qui m’a influencé, ça serait L’invasion des profanateurs de sépultures. Il y a eu 2 versions de ce film, une dans les années 50 réalisée par Don Siegel et une dans les années 70 réalisée par Philip Kaufman et j’ai aimé les 2. Sinon, par propre intérêt cinéphile, il y a une autre influence, John Carpenter, qui a réalisé un certain nombre de films de ce genre-là. Ça m’a notamment servi concernant la relation entre le journaliste Sakurai et le jeune extra-terrestre Amano, qui sont d’abord en conflit et qui finissent par se découvrir des intérêts communs et se rapprocher. La teneur de leur relation a quelque chose d’un petit peu « Carpenteresque », si je puis m’exprimer ainsi."
La musique du film, composée par Yusuke Hayashi, a quelque chose de très classique et donne une vraie ambiance au film. "Ce que j’ai demandé à Yusuke, c’est une sorte de musique dont on se souvient pour toujours après l’avoir écoutée et la bande son de ce film est le produit d’un travail rigoureux et acharné. Je lui ai aussi donné quelques références comme les oeuvres d’Ennio Morricone des années 1970", déclare Kiyoshi Kurosawa.
Dans Avant que nous disparaissions, il y a l’idée que les aliens volent des concepts humains comme l’amour en leur touchant le front. "L’idée existait déjà dans la pièce originale, c’est d’ailleurs un des aspects qui me semblait très séduisant au moment où j’ai découvert l’œuvre. Dans le cadre d’une scène de théâtre, beaucoup de choses peuvent paraître crédibles mais qui ne peuvent pas être retranscrites à l’identique à l’écran. Il a donc fallu trouver un nouveau moyen de l’exprimer, de le visualiser. L’une des parades a été de trouver un ton à la fois détaché et humoristique. Ce geste de toucher le front avec un doigt est un geste très enfantin, on pourrait croire à un jeu d’enfants, et cela crée un contraste avec le côté tragique du vol de concept car on retire à quelqu’un quelque chose de très important au final", explique Kiyoshi Kurosawa.
Kiyoshi Kurosawa évoque son travail sur les effets spéciaux du film : "C’est un aspect que j’affectionne, sans aller bien sûr vers le film hollywoodien car je n’ai pas d’énormes budgets. C’est en tout cas un exercice auquel j’aimerais bien me frotter encore un peu plus. Ici, avec le peu de budget qu’on avait, j’ai eu envie d’intégrer ces scènes, qui n’étaient ni dans la pièce originale ni une réclamation de la part du producteur. C’est mon envie personnelle qui transparaît à l’écran à travers ces séquences. Par exemple, la scène avec l’avion et l’attaque vue du ciel était une sorte d’hommage à La Guerre des Mondes de H.G Wells. J’ai toujours eu cette envie-là, de réaliser une scène d’attaque qui viendrait d’en haut vers le bas."