L’histoire est, apparemment, simple, à savoir l’enquête policière sur l’assassinat d’une chanteuse, retrouvée égorgée dans une chambre de l’hôtel Nile Hilton au Caire [d’où le titre anglophone plus juste que le titre français qui fait référence, plus pour des raisons commerciales qu’artistiques, au film de Curtis Hanson, « L.A. Confidential » (1997), lui-même tiré du roman éponyme (1990) de James Ellroy]. L’enquête est vite bâclée (
on conclut à un suicide !
) mais le policier Noureddine Mostafa (Fares FARES) la continue, malgré l’avis de son supérieur (qui est aussi son oncle) et est entrainé dans une spirale aux implications politico-économiques qui vont le dépasser. La force du film (tourné, non pas en Egypte mais au Maroc pour des raisons qu’on peut imaginer) réside dans le fait qu’il se déroule du 15 au 25 janvier 2011, c’est-à-dire juste avant le début du « printemps arabe égyptien » qui débute le 25 janvier par une manifestation qui a lieu le même jour que la journée de la Police (en souvenir de l’insurrection de cette dernière en 1952 et qui a abouti au départ des britanniques). Les manifestations qui ont suivi, ont conduit au départ du président Hosni Moubarak le 11 février 2011. Cette courte période (18 jours) fut néanmoins marquée par, au moins, 365 morts et 5 500 blessés. Le film met en évidence la corruption généralisée de la police, y compris Noureddine Mostafa (
qui pratique le racket auprès des commerçants et n’hésite pas à délester la chanteuse égorgée de ses billets, avant l’arrivée de la police scientifique
) et de la Justice aux ordres du pouvoir. Un film noir, poisseux, rappelant, un peu, l’ambiance de « La isla minima » (2014) d’Alberto Rodriguez et dont l’action se déroulait après la mort du général Franco en Andalousie. Tous les personnages sont vils, corrompus, âpres au gain, violents (torture de prisonniers, tirs sur les manifestants) et les seules femmes présentes (2 chanteuses tunisiennes) se prostituent. Malgré 2 récompenses (Grand Prix du jury, fiction étrangère, au festival de Sundance et Grand Prix au festival du film policier de Beaune en 2017), le film est un peu surestimé car non exempt de défauts, certes mineurs : photographie plus proche du reportage (images parfois tremblotantes) que du film noir américain, tel, « La soif du mal » (« Touch of evil ») (1958) d’Orson Welles, psychologie pas assez approfondie du policier (
veuf, suite à la mort de sa femme dans un accident de voiture et qui n’hésite pas à coucher avec une chanteuse malgré le risque de chantage et ayant un sursaut de probité en menant l’enquête jusqu’au bout, au détriment de sa carrière et même de sa vie
). Seul le personnage de la femme de ménage soudanienne qui a vu l’assassin de la chanteuse mérite l’empathie de la part de spectateur. .