En regardant ‘Pachamama’, même quand on est adulte, on apprend des tas de choses sur les cultures traditionnelles d’Amérique du sud, que le film dote d’un rapport sain à la terre-nourricière, bien dans l’air du temps. Le récit fait du pouvoir la source de tout mal, en renvoyant à dos les conquistadors et le Grand Inca, et prône l’émancipation et la réflexion. Visuellement, on est face à de la 3D qui offre un rendu 2D, ce qui confère aux petits personnages un curieux design de poterie pré-colombienne : un souci de relier la forme au fond qu’on retrouve également dans la représentation abstraite de certains éléments du décor, comme les nuages ou l’eau, qui évoque les motifs figuratifs utilisés dans l’art de certaines de ces civilisations disparues, ainsi que dans une bande sonore qui se fond parfaitement dans l’esprit local. Ce soin accordé aux détails cosmétiques, cet appel à l’intelligence des petits spectateurs, ce recours raisonné à la magie et à l’histoire sont des signes qui ne trompent pas : ‘Pachamama’ est la vision et le travail de longue-haleine - près de quinze ans! - d’un homme seul soutenu par une petite équipe, ce qui fait de Juan Antin un proche collègue de Tomm Moore (‘Brendan & le secret de Kells’, ‘Le chant de la mer’) et Michel Ocelot (La série des ‘Kirikou’). En tant qu’adulte, évidemment, cette gentille balade à travers la Cordillère des Andes pour retrouver le fétiche du village suscite moins de passion...mais enfin, à défaut de la trouver d’une intense originalité, on est capable de reconnaître un travail bien fait quand on en voit un.