Les bons sentiments ne font pas toujours les bons films.... comme le démontre cet improbable mélo misérabiliste, long comme un jour sans pita.....
Je ne suis pas très fana des films de Nadine Labaki, dont le filmage tape à l'oeil peut nuire aux causes qu'elle prétend défendre, celle des femmes en particulier.
Capharnaüm, c'est la conjonction de deux misérables destins. Celui de Zain (Zain Alrafeea.... trop mignon), en rupture de famille. Ses parents: deux marginaux, qui lapinent année après année. Sans déclarer tous ces enfants qui naissent (pourquoi? ils ne peuvent donc avoir aucune aide. Pourtant ils sont libanais. Une des incohérences du film!). Lorsque Sahar, sa soeur chérie, presque sa jumelle, a ses premières règles à onze ans, Zain voit le danger (drôlement déluré le marmot!). Mais ça ne rate pas: Sahar est vendu en mariage à un gros balourd du coin. Alors Zain rejette sa famille et fuit....
L'autre, c'est l'émigrée éthiopienne, sans papiers, Rahil (Yordanos Shifera), qui vit dans un abominable bidonville où elle cache son bébé, Yonas (Boluwatife Treasure Bankole) -le plus réjouissant du film, c'est la façon dont on a su filmer comme un véritable acteur cet adorable bébé! Zain va devenir son baby sitter -jusqu'à ce que Rahil disparaisse. Alors là, bon petit coeur, il va tenter de nourrir, de protéger ce faux -petit frère tombé du ciel...
Avec une vieille ordonnance, on trafique du tramadol. Qui peut croire qu'un peu de poudre de cet opiacé dilué dans l'eau soit recherché comme stupéfiant? Absurde! Et puis, il y a le salaud de service, le commerçant Aspro qui vend des faux papiers, des faux voyages pour la Suède... et kidnappe les naïfs. Bref, tout cela est d'un lourd!
Tout cela, c'est dommage. Le sujet valait mieux. Pauvre Liban qui crève de tous ses immigrés qu'il a, lui, accepté alors que des pays bien plus riches fermaient leurs portes. Ce n'est pas la peine d'en rajouter. Et puis, il y a un formidable sujet, à peine effleuré, car le petit Zain arrêté porte plainte contre ses parents, pour lui avoir donné la vie -quelle vie.... Et il dit une chose d'une extrême violence et, pour le coup, pas politiquement correcte du tout: on devrait empêcher d'avoir des enfants aux parents qui ne sont pas capables de les élever..... Terrible.... et tellement vrai. Merci à Nadine Labaki d'avoir osé dire cela. Mais comment aller plus loin?