(Note : les "spoilers" de cette insignifiante critique n'en sont pas en réalité) En allant voir ce film, je m'attendais à tout... sauf à ça ! Un film sur la liberté et sur les multiples façon d'aimer, un film littéralement poly amoureux,
Indice : cherchez "Polyamour" sur wikipedia, article très intéressant...
un film qui donne envie d'aimer sans forcément toujours poser des étiquettes sur ce que l'on est, ce que l'on vit et ce que l'on ressent, un film qui parle des relations de pouvoir au sein de chaque cellule amoureuse et qui cherche des solutions pour contourner, déplacer l'instinct grégaire, régressif de possession envers l'autre. Dire : "je / tu m'appartiens", ne serait-ce pas une façon comme une autre de contrôler, de dominer voire d'objectiver l'autre ? Peut -on réellement parler d'Amour lorsque s'installe des relations de pouvoir, de possession, d'inégalité ? Alors, pourquoi ne pas détourner tout cela en un jeu ? Un jeu de grandes personnes avec ses règles et ses contraintes, qui permet d'éprouver ses limites et de tester sa condition, et puis en fait d'y échapper par l'imaginaire, la fantaisie et le jeu de rôle...
Et voici maintenant une respiration, une pause blanche, une accalmie absolument nécessaire à la lisibilité du texte... Respirez ! ;-)
Cette "histoire vraie", inspirée par la vie du Dr Marston, le créateur de la BD "Wonder Woman", est incarné par trois acteurs absolument épatants qu'il faut nécessairement citer : tout d'abord - Rebecca Hall -, qui campe une Elizabeth Marston brillante mais profondément tourmentée, dominatrice, parfois colérique, qui n'assume pas vraiment sa différence ni son étrangeté et aspire à une certaine normalité qui lui échappe en permanence. Vient ensuite la fascinante - Bella Heathcote -, qui incarne une étonnante et bouleversante Olive Byrne à la fois soumise et désespérée mais dont les immenses yeux ne cessent jamais d''aimer et de regarder plus loin, de projeter son idéalisme et son innocence sur les deux autres protagonistes dans l'espoir d'être enfin pleinement acceptée et protégée, et enfin last but not least Luke Evans, qui joue le rôle d'un esprit iconoclaste et anti-conformiste toujours en recherche de lui-même, avide de convaincre et de propager ses idées différentes sur la société en général et sur les rapports de pouvoir en particulier, avide de progrès humain et ouvert à toutes les expériences.
Source pour ce qui va suivre : chercher manuellement "William Moulton Marston" (sans les guillemets) sur wikipedia pour en savoir plus, vu que les urls, comme bien d'autres choses, sont interdites ici...
En fait, en en lisant un peu plus à propos de ce chercheur en psychologie, on regrette qu'il n'aie pas pu pousser encore plus loin ses recherches sur les rapports de domination et de soumission, par exemple je suis persuadé qu'au delà de l'idée de soumettre ou d'être soumis(e) se cache en fait une grande soif d'affirmation et d'expression de soi. Être enfin reconnu(e), vu(e) telle que l'on est, dans toute sa différence, exprimer sa nature intime, profonde, son imaginaire, sa vision du monde et être enfin pleinement écouté(e), reçu(e) et accepté(e) exactement tel(le) que l'on est, dans toutes ses dimensions et contradictions, n'est-ce pas au fond, en vérité, ce que nous recherchons ?
Madame, vous vous sentez à l'étroit ? Permettez-moi de vous offrir un peu d'espace... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... Sentez ce vent de fraicheur ! :-D
Mais suivant les personnes cela peut être très difficile, parce qu'accepter et regarder l'autre tel(le) qu'elle ou il est implique de renoncer à tout à-priori, à tout système de jugement et d'évaluation, à toutes ces étiquettes que nous aimons tant coller sur le dos des autres pour se rassurer et se simplifier la vie, pour s'empêcher de trop réfléchir et de se poser trop de questions, en fait par peur d'avoir des réponses trop dérangeantes à ces mêmes questions.... L'acceptation mutuelle pleine et entière de l'"autre", cet étrange et lointain reflet de soi vu sous un autre jour, voilà le passionnant prochain chapitre de l'histoire de la conscience humaine.
(...Sachant qu'accepter mutuellement l'altérité de l'autre ne veut PAS dire : accepter tout et n'importe quoi venant de n'importe qui, cela n'a même absolument, définitivement rien à voir...)
Un film à voir de toute façon, même si vous n'avez rien compris à cette inutile (sorry...) et longue (désolé !) critique, pour ouvrir son esprit et découvrir une nouvelle façon de voir la vie.