Sur les onze films qu'il a réalisés, Je vais mieux est la troisième comédie de Jean-Pierre Améris après Les Emotifs anonymes et Une famille à louer. Si ces deux derniers étaient issus de scénarios originaux, nourris d’une grande part d’autobiographie, ce nouveau film est adapté du roman du même nom écrit par David Foenkinos. Le metteur en scène précise : "En lisant le roman de David Foenkinos, je me suis vraiment identifié au personnage, au point de me demander s’il ne parlait pas de moi ! David a été épatant, sans doute car il est lui-même réalisateur : il m’a laissé m’approprier son histoire. Nous avons beaucoup échangé au début, je lui ai expliqué ce que je désirais changer, puis j’ai pu travailler seul sur l’adaptation."
Jean-Pierre Améris voit le personnage principal de son film comme comme un héros de Kafka, de Dino Buzatti ou d’Italo Svevo, dans "La Conscience de Zeno", par exemple, ou comme un personnage de Sempé. Une autre référence pour le cinéaste a été ce professeur que joue Michael Stuhlbarg qui est en proie à des ennuis pluriels et se tourne vers un rabbin pour comprendre le sens de ses tourments, dans A Serious Man des frères Coen. Il note : "Qu’est-ce que Dieu lui veut ?! J’aime beaucoup cet humour-là. Je suis aussi sensible au personnage récurrent de Philip Roth qui, lui aussi, a mal au dos dans un de ses romans. À partir de cette douleur-là, on peut parler de l’être humain et de ce qui l’oppresse."
Les décors de Je vais mieux sont très contrastés : plus hétéroclites que dans Les Emotifs anonymes, moins enfantins que dans Une famille à louer. "Là, il était important pour moi qu’on ne voie pas de rue avec des voitures. Le monde dépeint ressemble au nôtre, mais il est décalé. Le hall d’entrée du cabinet d’architecte, par exemple, a quelque chose de futuriste", précise Jean-Pierre Améris.
Jean-Pierre Améris explique d'où lui est venue l'idée de ces tableaux outranciers représentant des bouches béantes qui traversent les décors du film : "La douleur étant le motif du film, je voulais la retrouver matérialisée dans ces tableaux inspirés du Cri de Munch. J’avais aussi en tête un souvenir d’adolescent : l’affiche de The Wall d’Alan Parker avec cette grande bouche béante. Je souhaitais que ces peintures, peintes par la femme d’Edouard, ne soient que des cris. Cela participe à cette idée du film qu’on peut rire de sa douleur."
Jean-Pierre Améris s'est inspiré des couleurs et notamment du vert de Mystery Train de Jim Jarmusch pour les séquences du petit hôtel où se réfugie Laurent.
Jean-Pierre Améris retrouve dans Je vais mieux plusieurs comédiens avec lesquels il a déjà travaillé. Parmi eux, François Berléand, qu'il avait dirigé quatre fois. Le metteur en scène retrouva aussi Alice Pol après Les Emotifs anonymes. Il a par ailleurs découvert Ary Abittan dans l'un de ses spectacles à la télévision, Judith El Zein dans Le Prénom ou encore Lise Lamétrie dans Van Gogh (et qui avait joué dans Les Emotifs anonymes).
Pour jouer ce personnage qui a mal au dos en permanence, Eric Elmosnino a essayé de réactiver le souvenir d’une douleur similaire qu'il éprouvée il y a quelques années quand il jouait au théâtre. Le comédien précise : "C’était insupportable et ça m’avait fait peur, car j’avais l’impression de ne plus pouvoir rien faire. J’ai fini par réussir à aller sur scène, mais j’en garde un souvenir douloureux."
Eric Elmosnino retrouve lui aussi plusieurs comédiens avec lesquels il a déjà tourné, comme François Berléand, avec qui il a fait beaucoup de théâtre et joué dans L'Ecole buissonnière. Il raconte : "Ary Abittan, on se connaissait aussi, car on avait tourné ensemble Hotel Normandy. Et j’ai fait la connaissance d’Alice Pol et de Judith El Zein, avec qui je n’avais pas encore travaillé. Ce sont deux actrices formidables. Judith - qui a failli me rendre borgne en me jetant une pochette de disque à la figure dans la séquence de la dispute ! - et moi appartenons tous deux à la même famille de théâtre et on était vraiment heureux de faire ce film ensemble."
Le mal de dos du personnage d'Eric Elmosnino a induit un travail sur la posture et la démarche du comédien qui évoluent tout au long du film. L'interprète de Laurent se rappelle : "Ce mal de dos induit un travail sur la posture et la démarche qui évoluent tout au long du film… Jean-Pierre Améris m’a aidé, dès le premier jour, à trouver cette position un peu penchée du personnage. Je l’ai ensuite déclinée selon l’avancée de l’histoire. Une fois le costume enfilé et le cartable saisi, la silhouette était posée. C’était pareil pour jouer Gainsbourg, une fois les prothèses installées et la posture trouvée. Mais là, il y avait la difficulté du plan de travail : je passais mon temps à demander à Jean-Pierre où mon personnage en était avec sa douleur selon les scènes du film, car nous tournions, bien entendu, dans le désordre. À la fin de la journée, je finissais un peu bancal, tant cette histoire de mal de dos avait influé ! Ça travaillait tout seul."